Les mauvais augures (2)

Il y a quelques mois, nous vous entretenions de tous ces acteurs de la vie politique, de la société civile et des médias qui passent leur temps à prévoir pour le Niger un chaos généralisé, qu’eux seuls voyaient venir, sous le prétexte que le pays était mal géré ; ils voyaient surtout le président Issoufou « pas à sa place », la paix sociale envolée et la communauté internationale fâchée contre notre pays. Il en serait ainsi, parce qu’eux ne sont pas aux commandes de l’Etat, parce que la justice nigérienne, indépendante qu’on le veuille ou non, a demandé à entendre dans l’affaire de trafics de bébés nigérians un leader politique membre de l’opposition. Lui a préféré se soustraire à cette convenance, alors qu’il aurait dû, à cette occasion, donner l’exemple de la citoyenneté responsable.

Nous pensions que les oiseaux de mauvais augures avaient profité du mois de ramadan pour faire leur introspection et adoucir leurs cœurs conformément aux recommandations divines ; nous avions cru que devant les évidences, ils avaient rangé leurs sacs à maléfices ; nous les croyions découragés par la réalité, qui est celle-ci : les Nigériens ne meurent pas de faim et de soif, comme ils l’avaient souhaité, et pour que cela alimente leur plaidoyer pour le chaos ; Niamey Nyala, Gorou Banda, Kandadji, l’hôpital de référence, etc, sont bel et bien en construction ; les institutions chargées  de l’organisation, de la supervision et de la validation des prochaines élections sont en place et à pied d‘œuvre, avec toutes les garanties d’indépendance et de neutralité.

Conformément à leurs engagements, le Président de la République et le Gouvernement ont donc fait leur « job ». Mais l’opposition politique, dont on sait déjà qu’elle n’était pas constructive, s’acharne aujourd’hui à tout détruire, y compris la branche sur laquelle elle est assise, à savoir les textes fondamentaux et les institutions qui en découlent. Cela s’appelle du nihilisme, exacerbé en plus.

Même si ça ne l’est pas en réalité, on considère comme normal que le ton monte à l’approche des élections. Cette perspective met en lumière les incertitudes des adversaires du Président Issoufou qui, faisant leur propre bilan cumulé des années de pouvoir et d’opposition, se rendent aisément compte qu’ils n’ont rien à présenter à leurs militants, encore moins au peuple nigérien. Leur discours sur la gestion des affaires publiques ne convainc personne, puisque chacun sait le lourd fardeau de crimes économiques dont eux-mêmes sont porteurs. Du reste, c’est pour se protéger contre les poursuites judiciaires qu’ils se sont rués dans la création de partis politiques et d’organisations de la société civile et la promotion de leurs candidatures aux présidentielles et aux législatives. Qui est fou ?

Aujourd’hui que, au lieu de préparer leurs troupes à  aller aux élections, ils font feu de tout bois, récusant des institutions et des organes sans tache aucune, allant jusqu’à créer une sorte de front de restauration de la démocratie comme si celle-ci était menacée,  les membres de  l’ARDR et leur « société civile » se mettent dans une position ridicule aux yeux des Nigériens et de la communauté internationale. Et ce n’est pas la récente tournée entamée à l’extérieur par ses leaders, ou la visite quotidienne des medias français par Hama Amadou, qui effacera cette image. C’est faire amende honorable, respecter les institutions et adopter une position constructive qui sauveront l’opposition du gouffre dans lequel l’ont plongée ses turpitudes.

Maï Riga (Le Républicain du 20 août 2015)