A quelques mois des élections générales au Niger, l’opposition a décidé de faire monter les enchères. En campagne pré-électorale aux Etats-Unis, le leader de l’opposition s’est même voulu menaçant : « Les prochaines élections seront libres, transparentes, équitables et inclusives ou ne se feront pas » a indiqué M. Seini Oumarou sans toutefois préciser si les partis de l’ARDR vont les boycotter ou empêcher carrément leur tenue au cas où leurs principales revendications ne seront pas satisfaites. Au même moment la coalition de l’opposition vient de créer le Front Patriotique Républicain ( FRP), une structure qui vise à exiger du président de la république Mahamadou Issoufou la tenue d’élections transparentes.
Pourtant, le chef de l’état s’est fermement engagé le 2 Aout dernier à organiser des élections libres, transparentes et inclusives promettant de respecter et faire respecter la volonté populaire. « Je « considérerai des élections mal organisées comme un échec personnel et je ne serai jamais à la base d’un travestissement de l’expression de la volonté populaire » avait déclaré le président Issoufou dans son discours à la nation a l’occasion du 55eme anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Niger.
Outre le rejet du chronogramme électoral, le renvoi du Coordonnateur du Comité National Chargé du Fichier Electoral Biométrique (CFEB) et une liste électorale consensuelle, les partis de l’opposition récusent la Cour Constitutionnelle., une cour dont la Constitution de la 7eme République dit pourtant clairement en son article 122 que « les membres sont inamovibles durant leur mandat ». En clair, c’est tout le processus électoral qui est remis en cause à quelques mois des élections.
Volonté putschiste
L’idéal serait bien sûr de parvenir à un consensus sur toutes les questions relatives apaisées dans notre pays. Mais peut-on parvenir à un consensus sur tous les points avec des gens animés de mauvaise foi et dont l’objectif est de bloquer de manière délibérée la tenue des élections générales dans un climat apaisé ?
En réalité les formations politiques de l’ARDR et leurs principaux leaders ne sont pas prêts à aller aux élections pour différentes raisons. Le président du FA-Lumana M. Hama Amadou est en exil depuis presque un an. Annoncé à plusieurs reprises à Niamey, il n’est toujours pas rentré et reste incertain pour les présidentielles. Pour ses partisans le slogan est simple : pas d’élections au Niger sans la participation de Hama Amadou. Aussi, ils sont déterminés à entrainer l’ensemble de l’opposition dans un boycott à l’allure d’un suicide collectif.
Mahamane Ousmane a quant lui perdu le contrôle de la Convention Démocratique et Sociale (CDS-Rahama). A moins de se porter candidat indépendant ou de créer un nouveau parti, il n’est pas partant pour les prochaines présidentielles. M. Mahamane Ousmane Ousmane et ses partisans n’ont donc rien à gagner avec la tenue des élections générales.
Reste Seini Oumarou qui se bat encore pour le contrôle de la machine électorale de l’ancien parti au pouvoir sous M. Tanja Mamadou, le Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD-Nassara). Mais même s’il arrive à gagner le bras de fer qui l’oppose à ses anciens camarades du parti, il lui faudra trouver les ressources financières nécessaires pour faire face aux futurs scrutins. Là où le bât blesse car selon nos confrères de Nigerinter, le Président du MNSD-Nassara avait récemment avoué ne pas disposer de moyens financiers pour conduire son parti aux élections. «Selon lui les individus sont riches et le parti est pauvre. Et ces individus aujourd’hui ne sont plus ensemble pour financer les activités du parti » écrivait le journal dans un confidentiel paru en Mai dernier. « Seini est également conscient qu’il ne faut pas trop compter sur Hama Amadou pour financer sa campagne électorale encore moins sur Mahamane Ousmane. Il se raconte que Hama hésite toujours à faire de Seini président de la République car en le faisant, il mettra sa chance définitivement entre parenthèses » précisait Nigerinter.
La récente visite aux Etats-Unis du leader de l’opposition n’est donc qu’un trompe-œil qui cache mal les gros ennuis financiers du parti.
Les autres formations politiques de l’ARDR sont pour l’essentiel des partis satellites sans aucune représentativité et créer pour servir ce pourquoi ils ont été créés, c’est-à-dire jouer les troubles fête chaque fois que nécessaire.
Au total, la question de la Cour Constitutionnelle, celle du chronogramme des élections et celle du fichier ne sont que des faux prétextes destinés à détourner l’attention de l’opinion publique nationale et internationale des véritables raisons de la surenchère des partis membres de l’opposition.
Malgré toutes les garanties données à maintes reprises par le président Mahamadou Issoufou sur le caractère libre, équitable et transparent des élections à venir, l’opposition a décidé à faire dérailler le processus électoral en cours afin d’empêcher la tenue de ces élections dans les délais légaux et entrainer le pays dans un vide constitutionnelle qui ferait le lit d’un putsch militaire rêvé depuis longtemps par certains responsables de l’ARDR pour se remettre en selle.