Echangeurs et nids de poule

Voie dite Niamey Nyala ; alentours du Rond-point « 2ème Arrondissement » ; rue allant du CCOG à Fada Loubatou, en passant par Dan Gao ; double voie quittant Avenue Salaman pour la ceinture verte, via Jangorzo,  Collège Mariama, Hôpital régional de Niamey (Poudrière) et Garage 2 Chevaux; bretelle Rond-point Eglise-Balafon, etc.  On pourrait multiplier à l’infini les preuves à charge de l’incurie des services municipaux. Des trous béants jonchent ces voies, pouvant engloutir des véhicules entiers. Et que fait la Mairie ? Tous les jours, et même de nuit, elle y envoie des équipes de balayeurs. Au lieu de fermer les trous, on les nettoie !

Depuis quelque temps, les citadins se demandent ce que fait la Mairie, autrement dit à quoi elle sert et surtout où vont ses ressources. Tous savent que c’est l’Etat central qui réalise les travaux majeurs à Niamey : construction d’échangeurs et d’ouvrages d’assainissement, aménagement des grandes voies et des ronds-points. Tous sont à même de constater que le gouvernement, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de Renaissance, s’acquitte bien de son devoir à l’égard de la capitale. Mais qu’en est-il du devoir de la Mairie ? RAS, Circulez, y a rien à voir… En fait, la Mairie (entendez la centrale et les cinq arrondissements) semble s’être bien positionnée en bonne « balseuse» et jouit de ses rentes pendant que le gouvernement « casque ». Les opérations telles que le nettoyage de rues, les curages symboliques et surmédiatisés des caniveaux, l’affichage géant à l’occasion de visites officielles et les multiples points de presse du directeur technique ne sont que du saupoudrage destiné à nous faire croire que la Mairie travaille, alors qu’elle ne fait pas le minimum qui est l’entretien des ouvrages.

Niamey marche à deux vitesses : le Président tire par le haut, et la mairie par le bas.

Malgré les ambitions fortes des autorités au plus haut niveau, et les investissements lourds qu’elles ont engagés pour l’embellissement et la modernisation  de la capitale, celle-ci peine à être coquette, du fait de l’absence du minimum que doit assurer de son côté l’autorité municipale : l’ambition que portent les chantiers d’échangeurs contraste d‘avec la modestie des moyens que nécessitent la fermeture des nids de poule (ou plutôt d’autruche). En cette saison d’hivernage en particulier, la situation ressentie par la population des quartiers est encore plus grave : les rues défoncées, les concessions noyées, les caniveaux bouchés et les montagnes d’ordures non enlevées sont le lot de Niaméens en colère, qui pointent du doigt des services techniques dépassés et inopérants, des ressources mal orientées, une gestion inadaptée. Car, un fait est là : si en général les communes (notamment rurales) sont pauvres, ce n’est pas le cas des capitales d’Etat, le plus souvent plutôt riches et ce, partout dans le monde. Niamey n’est pas pauvre, et sa mairie a les moyens de faire un minimum pour ses habitants (et électeurs), pour peu qu’elle se ressaisisse et se mette en phase avec le programme de Renaissance. 

En attendant, on se console comme on peut, en se disant que les élections locales arrivent. Dans quelques mois, quel bilan présenteront au peuple niaméen les édiles actuels de la capitale, pour briguer à nouveau leurs postes ? Wait and see !

Maï Riga (Le Républicain du 30 juillet 2015)