Le sage Béchir Ben Yahmed écrivait cette semaine en guise de précaution à l’ endroit du président Muhammad Buhari : « … Gamal Abdel Nasser observait : « Être un leader, c’est facile. Il suffit de connaître les aspirations de la masse et de les crier plus fort que tout le monde. Être un bon leader est plus difficile: il faut convaincre la masse de vouloir ce qui est réellement le meilleur pour elle. Dans tous les cas, il faut connaître, être accepté, et suivi. »
C’est en effet cette pensée que les organisateurs de la marche citoyenne organisée ce Samedi à Niamey par 38 organisations de la société civile doivent méditer. La manifestation s’est déroulée de la Place Toumo a la Place de la Concertation. Les organisateurs de cette marche, ont-ils fait trop monter les enchères, surestimer leurs capacité de mobilisation?
Une chose est sûre, au regard du boucan fait pour faire sortir les citoyens, il faut admettre qu’il y a un problème : soit les gens n’ont pas suivi soit il y a une léthargie au sein de la base. Ces leaders doivent cogiter et s’expliquer les raisons de ce fiasco au niveau de la mobilisation. Nous disons cela pour au moins trois raisons :
1) la colère supposée des militants des OSC (organisations de la société civile) avec les arrestations « arbitraires » de Moussa Tchangari et Nouhou Arzika.
2) la mobilisation faite autour de la manif sur les réseaux, les « grands medias » et tous les autres moyens de communication traditionnels.
3) la rescousse de l’opposition dont certains acteurs ont appelés ouvertement leurs militants a participer a cette manif.
La leçon à tirer c’est que le Niger ne se résume pas seulement à une certaine élite qui a pris tout le pays en otage, faisant feu de tout bois au détriment de la sécurité et des intérêts du Niger. Il est temps que cette élite et cette société civile soit réaliste et œuvre pour la préservation des intérêts supérieurs de la nation nigérienne a commencer par la sécurité qui en dernière instance détermine tout. Tout le reste est secondaire lorsqu’il n’y a pas de sécurité dans un pays.
L’on se souvient encore que les organisateurs de la présente marche s’étaient donné comme objectif de prendre leur revanche sur le régime du président Mahamadou Issoufou qui avait organisé une gigantesque marche contre Boko Haram et le terrorisme, il y a quelque mois. Marche qu’ils ont appelée avec l’opposition politique à un boycott actif. Mais de toute évidence cette revanche n’a pas eu lieu.
L’autre leçon a tiré ce que le gouvernement a fait amende honorable : en laissant les citoyens exercer leur liberté fondamentale, il soigne son image de marque aux yeux du monde entier. Et aussi, le monde observe car « les faits sont sacres », on ne saurait les déformer. Sur les réseaux sociaux nigériens ceux qui parlent de succès de cette manif n’ont pas voulu, contre toute attente, joindre des photos de la marée humaine.
Au moment ou je rédige ces lignes, j’ai pu seulement voir les images sur le mur de Moussa Tchangari et pour qui sait lire les images, on a du procéder au zoom pour forcer l’image a « parler plus ». Mais qu’on ne se méprenne pas : nous parlons de fiasco ici en termes de mobilisation des citoyens. Nous savons par expérience qu’un mouvement n’est pas pertinent par rapport au monde qu’il draine. Les prophètes ont toujours été combattus par leurs peuples. Galilée a été sacrifie au nom d’une vérité scientifique avérée longtemps après.
Mais pour avoir la mémoire de l’essentiel, nous savons qu’il y a eu ce mouvement historique au Niger de la lutte contre la vie chère initié par les mêmes acteurs d’aujourd’hui. Ce mouvement qui a permis aux nigériens d’apprécier certains de ces leaders qui ont cesse d’être des modèles pour professer les valeurs aux citoyens. Ceux-là qui ont commis le crime de lèse-majesté. Ceux-là qui devraient être juges et condamnes pour haute trahison a l’encontre du peuple nigérien.
C’est peut être une dimension a tenir compte dans l’analyse ou l’interprétation de la réticence des nigériens a battre le pave ce samedi. Il faut se féliciter tout de même que le jeu démocratique ait prévalu : la marche s’est déroulée sans « anicroches » pour reprendre un jeune confrère qui hésitait a appelé le chat par son nom. Seulement je me permets de rappeler a ce cet historien du présent le BABA qu’il a appris a l’IFTIC c’est que : « Les faits sont sacres, les commentaires sont libres ». Vive la démocratie pour que vivent les libertés fondamentales !
Tiemago Bizo