Tout ce qui pourrit finira par se décomposer ou sentir, dit à peu prés l’adage. Le président de la République vient de procéder a un léger remaniement technique – je dirais plutôt tactique – du gouvernement consistant a remplacer le ministre de l’économie et des finances Gilles Baillet par Seydou Sidibé occupant précédemment le poste de ministre directeur de cabinet a la présidence de la République.
Ce poste vient d’être confié un autre proche parmi les fideles du PR en l’occurrence l’ex ministre des finances Ouhoumoudou Mahamadou balayé concomitamment avec kalla Ankourao par un scandale d’attribution d’un marché en porte-à-faux avec les lois et règlements de la République.
En effet, l’on se souviendra que deux « canards » de la place (La griffe et Le Souffle) ont fait cas récemment d’une grouille au sein du gouvernement notamment la réticence de Gilles baillet d’obtempérer aux instructions du président pour débloquer la situation d’un projet ou le Niger risque de perdre un gros financement (30 milliards) de la Banque Africaine de Développement (BAD).
Selon nos confrères, même le rappel a l’ordre du premier ministre et du ministre du plan quant a donner suite aux directives du PR était resté lettre morte. Gilles Baillet a fait montre de laxisme et d’insubordination, a en croire nos confrères. C’est dire que d’une certaine manière on peut comprendre ce remaniement comme une sanction, une mise au point pour un déblocage de l’action gouvernementale.
C’est aussi cela la vocation d’un vrai leader : savoir arbitrer, savoir prendre des décisions, savoir dynamiser l’équipe. Il n’y a aucune « gouvernementalité » (pour reprendre ici le terme du politologue Abdrahamane Idrissa) qui puisse marcher sans cohésion, sans solidarité au sein de l’équipe. Et c’est le rôle du leader d’apporter l’ajustement nécessaire.
Tout laisse à croire que ce remaniement obéit a ce principe de leadership. Le président a très certainement voulu mettre un terme à une polémique, une léthargie qui risque d’être un gros dommage pour l’action gouvernementale et aussi sa cohésion.
Et comme pour faire d’une pierre deux coups, le président Issoufou a infligé un démenti cinglant a ceux qui voudraient lui coller une gestion ethno régionaliste du pays. Il a également donné un signal fort qu’il attache du prix ou disons-le tout net : il tient beaucoup a ses camarades de lutte, ceux avec lesquels il a bravé montagnes et déserts avant de se retrouver au sommet de la montagne. C’est un choix et chacun est libre de choisir ses compagnons ou amis. Il va sans dire qu’il s’agit plutôt d’un remaniement tactique. Gilles Baillet a tort ou a raison vient d’en faire les frais. Il faut du tout pour faire un monde.
D’aucuns voudraient que le président reste figé a sa déclaration selon laquelle il ne changerait pas de gouvernement. C’est vraiment ignorer que les choses changent car tout est appelé au changement, au mouvement dialectiquement parlant. Et cela est d’autant vrai que le gouvernement est animé par des humains avec leurs tares et leurs attitudes bonnes ou mauvaises.
Qui plus est, en politique tout est fonction des circonstances. Le commun des citoyens voudrait voir le leader agir comme le citoyen ordinaire ignorant face a la réalité, a la vérité de la chose politique, il faut un peu plus que du bon sens pour agir, pour assumer certaines missions dans l’intérêt supérieur de la nation.
C’est cela qui explique la distorsion entre le gauchisme de ceux qui font la politique dans leurs têtes et ceux qui sont sur le vrai terrain. Les premiers, tous ces coupeurs de cheveux en quatre, ces prophètes du malheur, qui tirent sur tout ce qui bouge a partir de leurs claviers, ceux-là qui voudraient tout changer sauf eux-mêmes affichent une tendance négative, nihiliste face aux actions courageuses et souvent salutaires de ceux qui font la praxis.
Quant aux professionnels de la politique, ceux qui savent qu’une décision politique pourrait contrarier, indigner voire révolter tantôt une majorité de citoyens tant quelques uns, ceux-là mettent en avant les intérêts immédiats ou lointains du pays en agissant en temps réel car gouverner c’est aussi agir au quotidien avec tous les risques de se tromper inhérents a notre échelle humaine.
Cette réalité le peuple nigérien vient juste de l’expérimenter avec l’arrivée du président Buhari au Niger qui au delà du folklore d’une visite a dit d’une certaine manière aux nigériens que votre président est sur la bonne voie. Que votre président est visionnaire. Nous disons simplement a Niger Inter, Monsieur le président « Fais ton devoir et laissent les gens dirent ».
Elh. Mahamadou Souleymane