Plus le temps passe, plus l’érosion populaire de l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République (ARDR) se précise nettement, faute d’espérance dans l’avenir et surtout de perspectives pour des militants et sympathisants perdus et éberlués face à l’incohérence et l’inconstance des leaders actuels de l’ARDR.
Le temps, ce puissant accélérateur de l’Histoire que les Grecs anciens craignaient plus que tout au monde, semble avoir fait son œuvre sur l’ARDR devenue aujourd’hui un simple ramassis de politiciens ringards et surtout vindicatifs. Quand elle ne se complaisait pas souvent dans un silence assourdissant, L’ARDR se couvrait de ridicule à chaque fois qu’elle voulait forcer les choses pour tenter d’exister aux yeux de ses militants et sympathisants. Aujourd’hui, l’ARDR, comme Boko Haram, son allié objectif, est en déroute. Ses sorties médiatiques sporadiques n’enchantent plus le public et passent pour être des non-événements. Parfois, quand elles n’agacent pas les gens, ces sorties médiatiques de l’ARDR prêtent à sourire.
Elles peuvent se tenir partout, y compris dans une cabine téléphonique, tant elles ne drainent pas grand monde, en dehors de quelques nostalgiques du passé comme un certain Ibrahim Hamidou et consorts. En réalité, rien d’étonnant dans le sort actuel de l’ARDR, car son cuisant et actuel échec était déjà inscrit dans son ADN dès les origines. Notre brillantissime contributeur, Pr Almansour, dans un article intitulé ‘’Pourquoi et comment l’ARDR va mourir’’, avait esquissé quelques causes efficientes qui condamneraient durablement le destin de cette structure politique. Parmi ces causes rédhibitoires de toute réussite de la part de l’ARDR, on peut noter l’absence de nobles idéaux politiques ayant présidé à la mise en place de cette structure née plutôt d’un concours de circonstances que du souci de construction nationale.
Or, pour transcender le temps et ses vicissitudes, les organisations humaines doivent être porteuses d’une utopie positive, d’une grande espérance et d’une inébranlable foi prométhéenne dans le devenir de la condition humaine. Sans cette quête d’immortalité historique, ces organisations humaines, qu’elles soient politiques, sociales, économiques ou autres, finiront, inéluctablement, par se scléroser pour mourir de leur belle mort.
Malheureusement, tel fut le cas de l’ARDR chez nous au Niger, dont les motivations ayant présidé à sa constitution n’avaient jamais pu dépasser les minables contingences personnelles et circonstancielles qui en étaient la matrice fécondatrice. Elle n’avait guère pu transcender la personne de ses leaders pour s’inscrire dans la durée en se posant comme une véritable alternative au régime actuel. Elle n’avait jamais eu une âme véritable pour souffler un esprit nouveau sur le pays et ses institutions. Ses multiples déclarations politiques, sou- vent en déphasage criard avec la réalité, l’ont plus desservie qu’el- les ne l’auront servie.
Même quand elle espérait tirer un meilleur parti d’une situation donnée, comme ce fut le cas des caricatures blasphématoires de Charlie Hebdo, à l’arrivée, c’est la cata pour elle : pataude, mala- droite, l’ARDR n’avait jamais pu capitaliser les rares occasions qui se présentaient à elle pour être à la hauteur de ce que le peuple nigérien attendait d’elle : être une force d’opposition crédible. Ses trois leaders (Seini, Hama et Ousmane) incarnent à eux seuls l’échec retentissant de cette organisation dénommée ARDR pour n’avoir pas su se montrer à la hauteur des enjeux politiques contemporains qui exigent des dirigeants politiques sacrifices et courage face aux multiples défis sans cesse croissants d’un monde en perpétuelle mutation.
On dit souvent que les grands hommes d’Etat sont ceux qui sont capables d’avoir une vision pour leurs pays autour de la- quelle ils essaient de bâtir quel- que chose de durable qui témoi- gnera de leur passage aux affai- res. Tous les trois avaient été, à un moment ou à un autre, aux commandes du Niger, mais que retiendra la postérité de gran- diose de cet intermède ? A part, peut-être, le fait que sur un plan personnel, ces trois leaders se sont réalisés, accumulant une fortune considérable en un quart de siècle d’engagement politique ? Jacques Chirac avait dirigé la France, la cinquième puissance économique du monde, pendant douze ans et la Mairie de Paris, la plus grande du pays, durant seize ans, mais lorsqu’il devait cesser ses fonctions de président de la république, il ne disposait pas d’appartement personnel à Paris pour y loger !
Il avait longtemps habité une maison appartenant à un de ses amis ! Par leur conception rentière de la politique, les leaders de l’ARDR auront durablement perverti cet art noble et vertueux en acclimatant l’affairisme au plus haut sommet de l’Etat, réduisant ainsi le champ de la cause patriotique d’où découlera le déclin progressif de l’esprit civique, observé depuis des décennies dans notre société. En s’embourgeoisant, en se ‘’boboïsant’’, en restant calfeutrés dans leurs somptueuses demeures de la capitale, ces politiciens caviars de l’ARDR ne pouvaient plus entendre les cris de détresse des populations du ‘’Niger profond’’ cher au général Kountché, populations dont les préoccupations n’ont guère changé depuis ces temps lointains et qui, invariablement, avaient trait à la nourriture, l’eau, la santé, l’éducation et un environnement durable.
Or, ces problèmes existentiels auxquels se trouvent confrontées ces populations vulnérables de nos villes et campagnes ne sont guère une fatalité et peuvent être jugulés grâce à une gouvernance plus volontariste et plus soucieuse du bien être social de ces populations. Aujourd’hui, les partis sur lesquels ces trois leaders espèrent se maintenir à vie se vident progressivement de leur substance par la seule faute de dirigeants inconséquents qui n’avaient jamais tenu compte des intérêts supérieurs de leurs militants mais bien des leurs, en faisant et défaisant des alliances au gré de leur volonté. En fait, les leaders de l’ARDR ont commis une erreur monumentale dans l’appréciation de la situation politique de ces quatre dernières années.
Ils ne sont pas rendu compte que les citoyens nigériens, en vingt-cinq ans d’expérience démocratique, ont aussi muri, peut-être plus que les dirigeants politiques eux-mêmes. En effet, s’il était possible dans les années 90 de mobiliser les gens sur la base de certaines considérations d’un autre âge, force est de constater qu’en 2015, les mentalités ne sont plus les mêmes, l’éveil des consciences, grâce à la mondialisation et à la socialisation politique des masses, tend à devenir de plus en plus une réalité dans nos sociétés. Il est évident que l’électeur des années 90n’a plus rien à avoir avec celui d’aujourd’hui, c’est une certitude à prendre désormais en compte !
Et c’est d’ailleurs ce qui explique en grande partie les soubresauts actuels auxquels sont en proie ces partis politiques de l’opposition. C’est ainsi le cas du Lumana/FA dont les turpitudes de son président ont jeté bon nombre de militants dans le doute et le scepticisme, le tout aggravé par la fuite du chef à l’extérieur comme un vulgaire bandit. Membre naguère de la MRN, le Lumana/FA, Kay na turay aujourd’hui, jouissait d’une position privilégiée au sein de cette alliance : c’était, pour le Président Issoufou, l’alliée stratégique quoique turbulent et quel- que fois … emmerdeur !
Hama Amadou et son parti étaient logés à une meilleure enseigne, parfois même au détriment du PNDS et des autres alliés ! Tout ce que Hama Amadou regardait ou même touchait sous cette septième république lui revenait comme de droit. Mieux, il avait même réussi à apurer tout son passif judiciaire avec la complaisance de toute l’alliance, et pour cela il avait ‘’cherché et obtenu’’ la tête de certains hauts magistrats qu’il considérait comme ses ennemis !
La seule chose qui manquait au bonheur du Lumana de Hama Amadou à cette époque, c’était la présidence de la république, mais à ce niveau, il faut reconnaitre que la faute revenait aux Nigériens qui avaient choisi Issoufou Mahamadou, l’enfant du lointain Dandagi, comme premier magistrat du pays ! Cepen- dant, Hama Amadou n’était pas prêt à accepter le décret divin et s’était mis à comploter contre Allah. Alors, comme personne ne peut contrarier les desseins divins, Hama Amadou s’était retrouvé ainsi au milieu d’un scandale de ‘’bébés importés’’ du Nigéria, alors même qu’il croyait avoir minutieusement préparé sa funeste entreprise par, d’abord, l’apurement de tout son passif judiciaire, la fusion entre le MNSD et le Lumana, et, cerise sur le gâteau, le changement de majorité pour mettre le Président Issoufou en cohabitation, avant d’écourter l’actuel mandat en procédant à sa déchéance judiciaire !
Malheureusement, comme Allah le Tout-Puissant ne se trompe jamais, il empêcha à Hama et consorts de toucher à ce qu’il avait décrété : Issoufou restera Président du Niger jusqu’à la fin de son mandat. Voilà comment Hama Amadou, en voulant forcer le destin, s’est retrouvé en exil forcé qu’il s’est, souverainement, construit. Triste fin ! Aujourd’hui, miné par des querelles intestines, son parti se disloque de jour en jour du fait d’absence d’horizons clairs pour de milliers de militants sans repères. Quant à Mahamane Ousmane, il doit désormais faire le deuil de ses prétentions sur la CDS revenue à son rival Abdou Labo qui, en silence, est en train ‘’dés-ousmaniser’’ le parti.
Il ne doit sa survie politique qu’à quelques dilatoires judiciaires qui font les bonnes affaires de son éternel looser d’avocaillon, en guise de dernier baroud d’honneur. Sinon, politiquement et électoralement, il est insignifiant même dans son fief à Zinder auquel ses années de pouvoir n’ont rien apporté, à part racheter les maisons ancestrales du centre-ville pour en faire un immense complexe immobilier.
Exit donc Naf ! Pour ce qui du cas de Seini Oumarou, au meilleur des cas, il hériterait d’un MNSD estropié, bien insuffisant pour le porter loin à l’occasion des futures échéances électorales, à moins d’absorber le parti Kay na turay, aujourd’hui étêté, par le biais d’une fusion ! Ainsi Seini Oumarou espérerait se faire pardonner d’avoir accepté la présidence du MNSD pendant que l’actuel Fugitif était somptueusement au gnouf à Koutoukalé !
Dans tous les cas, Seini Oumarou, ‘’objet’’ de Hama qui avait eu tout le loisir de s’émanciper d’une tutelle encombrante, retrouve ses vieux reflexes d’éternel soumis, d’éternelle ‘’chose’’, car comme le dit si bien Frantz Fanon, ‘’la liberté est la meilleure des conditions, mais son exercice est encore plus difficile que sa conquête !’’ Comme on le voit, l’ARDR est une citadelle assiégée de toutes parts par le bilan éclatant du régime de la renaissance du Niger.
Ses maladresses et sa myopie dans l’appréciation générale de la situation sociopolitique actuelle l’ontdurablement condamnée à être réduite à un destin peu reluisant, sinon la précipiter dans les poubelles de l’histoire. Elle s’était laissée endormir sur des certitudes du passé, alors que le monde et le Niger bougent perpétuellement. Lorsqu’elle se réveillera, l’ARDR ne constatera que les dégâts, pour avoir pris les citoyens nigériens pour des canards sauvages ou simplement pour des imbéciles heureux !
Aujourd’hui, le trio infernal de l’ARDR ne constitue plus qu’un simple ramassis de marchands d’illusions. Point final.