Une session du Conseil National du Dialogue Politique (CNDP) a été convoquée, le mercredi 18 mars 2015, par le Premier Ministre Brigi Rafini, Président de cette instance de prévention de conflits politiques au Niger, à la demande du chef de file de l’opposition nigérienne, Seini Oumarou. A l’ordre du jour de la session : le fonctionnement du CNDP, la représentation de certains partis politiques au CNDP, notamment le MNSD-Nassara et la CDS-Rahama, l’état des préparatifs des élections générales 2016 et l’examen de certains textes de loi.
Cette session du CNDP intervient donc après une longue absence de l’opposition ARDR qui avait opté pour le boycott systématique des activités du CNDP et du Conseil du fichier électoral et de toute sorte de rencontre avec l’Exécutif nigérien ou avec les partis de la majorité. L’opposition ARDR avait ainsi refusé de répondre à toutes les invitations du Président de la République qui a initié des rencontres informelles avec les acteurs de la vie sociopolitique du pays à l’occasion du mois béni de Ramadan, des fêtes musulmanes ou chrétiennes.
Plus grave, l’ARDR a même envisagé le boycott des élections générales 2016. Sur la base des arguments non fondés l’opposition regroupée au sein de l’ARDR annonce déjà un hold-up électoral que le Président Issoufou Mahamadou serait entrain de préparer pour un passage au premier tour des prochaines élections. Dans plusieurs déclarations, les responsables de l’ARDR se sont investis à discréditer le prochain scrutin et les institutions de la République. C’est donc dans ce contexte que le Chef de file de l’opposition, Seini Oumarou avait saisi, curieusement, le Chef du Gouvernement, président du CNDP pour demander la réunion de cet organe, conformément aux textes qui donnent la possibilité à tous les groupes de la majorité, de l’opposition ou des non affiliés d’en faire la demande.
Plusieurs interprétations sont données par rapport à ce revirement : Dissensions internes pour savoir s’il faut oui ou non participer aux élections de 2016 ; contestation des militants et des responsables des partis de l’opposition qui disent ne pas comprendre la politique de la chaise vide pour laquelle optent, depuis un certain temps, les principaux responsables de l’ARDR dont Seini Oumarou et Mahamane Ousmane, mais aussi le désaveu des bailleurs de fonds pour un éventuel boycott des prochaines élections. Ainsi donc, c’est pour éviter une déchirure, un risque d’implosion imminente et pour calmer les tensions qui secouent l’opposition que Seini Oumarou fut contraint de demander la tenue de cette réunion du CNDP. Surtout qu’au vu des résultats posi tifs engrangés par le régime de la 7ème République, sur plusieurs domaines, les Partenaires Techniques et Financiers sont déterminés à accompagner techniquement, matériellement et financièrement le processus électoral dans notre pays. Ainsi l’ARDR, à son corps défendant et dans son intérêt, a décidé de reprendre sa place au sein du CNDP.
Plusieurs points évoqués dans la sérénité
L’ordre du jour de cette réunion du 18 mars, décliné plus haut, comprenait plusieurs points. Il s’agit d’abord de la question du fonctionnement du CNDP. A ce sujet, le Premier Ministre Brigi Rafini a indiqué que les participants à la réunion ont pris l’engagement d’œuvrer ensemble à l’amélioration du fonctionnement du CNDP dans lequel ils ont constaté quelques dysfonctionnements. Aussi, ils ont convenu de redynamiser le Secrétariat permanent de cette instance, voire le restructurer. Un règlement intérieur devrait voir le jour dans les plus brefs délais, et les acteurs du CNDP ont également souligné la nécessité de la régularité de ses sessions ordinaires.
Le deuxième point abordé porte sur la représentation des partis politiques de l’opposition au sein du CNDP, précisément les cas du MNSD-Nassara et de la CDS Rahama. « Nous avons convenu de ce que effectivement, à un moment ou à un autre de la vie du CNDP, certains de ses membres peuvent rencontrer des difficultés conjoncturelles. C’est le cas de ces deux formations politiques qui connaissent certaines difficultés. Et nous souhaitons qu’elles soient effectivement conjoncturelles et que, très bientôt, nous puissions trouver les solutions appropriées pour résoudre les cas qui se présentent. Dans tous les cas, nous avons convenu de travailler tous ensemble jusqu’à ce qu’interviennent les décisions définitives réglementant la situation de ces formations politiques », a indiqué le Premier Ministre. Pour ce qui de l’avant-projet de loi modifiant et complétant la loi n°2014-03 du 15 avril 2014 portant création, attribution, organisation et fonctionnement de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), particulièrement sur le fichier du comité du fichier biométrique, des amendements ont été proposés en vue de permettre au comité actuel d’être habileté à élaborer un fichier électoral classique pour réaliser des élections prochaines dans de meilleures conditions. » Nous sommes d’avis que ce fichier doit être réalisé dans le délai, et pour cela le CNDP a pris acte du chronogramme établi, et de l’établissement de ce fichier qui doit intervenir fin septembre », a relevé le Premier Ministre. Quant à l’avant-projet de décret portant organisation, fonctionnement et attributions du secrétariat général permanent de la CENI, le texte a été jugé prématuré et que des dispositions doivent être prises le moment venu pour le soumettre au CNDP. Sur la question des élections générales, des informations ont été apportées à l’assistance relativement au processus, la préparation du fichier électoral, le chronogramme, le budget, les perspectives, les étapes. A ce sujet, le Premier Ministre a fait part de la volonté du gouvernement et du Président de la République de veiller à la réalisation des élections libres, transparentes et a demandé aux membres du CNDP de jouer pleinement leur rôle dans ce processus. Dans sa conclusion, le Premier Ministre a salué la séré- nité retrouvée au sein du CNDP dont les travaux se sont déroulés dans la compréhension mutuelle.
Mahamadou Diallo OPINIONS N° 259 DU 26 MARS 2015