Le très attendu procès sur l’affaire dite des bébés importés s’est finalement ouvert le 2 janvier dernier au Tribunal de grande instance hors classe de Niamey. Mais suite aux exceptions soulevées par les avocats de la défense, les débats au fond sur cette encombrante affaire n’ont pas encore commencé. Le juge a donné jusqu’au 30 janvier prochain pour dire si oui ou non il est compétent pour juger le dossier.
En dehors de l’ancien Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou, exilé en France depuis le mois d’août dernier, toutes les personnes présumées coupables ou complices dans l’affaire dite des bébés importés s’étaient présentées à l’audience du 2 janvier dernier. Comme il fallait s’y attendre, il y a eu une grande foule ce jour-là au Palais de justice de Niamey, mais aussi un impressionnant dispositif de sécurité composé de plusieurs éléments de la Gendarmerie, de la Garde Nationale et de la Police. Ayant toutes bénéficié d’une liberté provisoire avant le procès, toutes les personnes poursuivies ont donc comparu librement, mais en présence de leurs avocats. Dès l’entame du procès, ces derniers ont attaqué la procédure de poursuite de leurs clients, en soulevant deux exceptions par rapport auxquelles ils ont estimé que le juge n’avait compétence pour juger l’affaire dite des bébés importés.
Ils ont d’abord évoqué une disposition du Code civil selon laquelle aucun procès n’est possible avant que le juge civil ne détermine la filiation des enfants mis en cause dans l’affaire dite des bébés importés. Ensuite, les avocats des prévenus ont estimé que du moment où l’infraction pour laquelle leurs clients sont poursuivis se serait déroulée au Nigeria, il n’appartient pas à la justice nigérienne d’en faire sa propre affaire. Le représentant du ministère public a usé de toute sa rhétorique pour convaincre le juge à balayer d’un revers de la main ses deux exceptions et à poursuivre le procès. Mais le juge a finalement décidé de prendre le temps nécessaire pour examiner les exceptions soulevées par les avocats de la défense.
C’est ainsi qu’il a donné jusqu’au 30 janvier prochain pour donner sa décision. Dans tous les cas, que le juge se déclare compétent ou non, le procès sur l’affaire dite des bébés importés aura certainement lieu un jour. Cela va aussi bien de l’intérêt du gouvernement, qui a fait de cette affaire un sujet de grande préoccupation, mais aussi de toutes les personnes présumées coupables et complices pour qui seul un procès pourra permettre de prouver leur innocence et laver ainsi leur honneur.
Quant à la justice nigérienne, c’est toute sa crédibilité qui est désormais engagée dans le jugement de cette scabreuse affaire des bébés importés. En effet, au vu du tintamarre qu’elle a suscité – sans doute en raison de l’importance de certaines personnalités qu’elle implique – l’affaire dite des bébés importés est suivie de près même au-delà des frontières nigériennes. Cela veut dire que toutes les personnes d’ici et d’ailleurs, qui suivent de près cette affaire, observent aussi la justice pour voir avec quel sérieux elle va juger ladite affaire.
Compte tenu de l’importance du dossier et surtout du nombre de personnes qu’il implique – une trentaine – le jugement de l’affaire dite des bébés importés ne doit pas être évacué à la va-vite.
Il va falloir lui consacrer beaucoup de jours, de semaines ou même de mois pour permettre à chacune des personnes accusées de bénéficier du temps nécessaire pour se défendre.
Habibou Abdou