Exempter la sécurité de la politique-politicienne

Lors du débat général sur la motion de censure, mercredi dernier, les députés nationaux ont abordé plusieurs sujets de l’heure, chacun y allant de sa préoccupation et de sa vision. Mais nous avons été un peu médusés, voir déconcertés, face à la liberté de ton avec laquelle certains de nos honorables députés ont abordé les questions relatives à l’épineux sujet de la sécurité nationale.
Certains de nos députés n’ont-ils donc pas compris le caractère sensible de tout ce qui a trait à la sécurité des citoyens nigériens et de leurs biens, ou bien ils n’en ont cure ? Toujours est-il que, faisant feu de tous bois, certains honorables députés ont oublié que les questions de sécurité ne s’exposent pas sur la place publique, comme une vulgaire rumeur ou un simple sujet de blague entre amis ou cousins. Aussi, quelle ne fut la surprise des auditeurs et téléspectateurs qui suivaient les âpres discussions, d’entendre un élu national hausser la voix du fond de l’hémicycle pour annoncer qu’en ce moment même, une attaque était en cours à Banibangou.
En dépit du brouhaha qui régnait dans l’immense salle  »à palabres », la voix de l’honorable député était assez acérée pour percer les micros de la télévision et de la radio nationales qui retransmettaient la séance en direct, avant de se répandre, à travers les ondes, pour effleurer les oreilles de tous les Nigériens. Au ton adopté, l’on eût cru que l’homme annonçait un haut fait de triomphe! Non, Monsieur le député: les affaires de sécurité sont des questions délicates qui se traitent avec mesure et retenue. Ce dernier ignore-t-il peut-être que le seul fait de parler d’une confrontation entre nos braves FDS et les forces du mal surgies du néant, comporte des enjeux vitaux pour des dignes fils du Niger, tous ces braves soldats des FAN, de la Garde Nationale, de la Gendarmerie Nationale et de la Police Nationale qui travaillent, jour et nuit, pour barrer courageusement la route aux forces des ténèbres.

S’en sont également mêlés d’autres intervenants qui, visiblement, peu soucieux du respect impérieux du devoir de réserve et de discrétion qui entoure ce crucial sujet, se sont mis à l’aise pour soulever des questions plutôt insidieuses sur certains aspects de la sécurité nationale. La politique-politicienne est passée par là…
Cependant, s’il est vrai que nos honorables représentants du peuple, dans l’exercice de leur mission de contrôle de l’action gouvernementale, sont en droit d’interpeller les décideurs sur toutes les questions se rapportant à la vie nationale, voire de critiquer les actions du pouvoir, il n’en est pas moins vrai qu’ils doivent cultiver le sens de la retenue sur certaines questions sensibles, aussi bien pour ce qui est de la sécurité nationale que de certains contours des relations que notre pays entretient avec des partenaires stratégiques.
Au demeurant, force est de constater que pour la question de la sécurité, comme pour tant d’autres, le gouvernement est en train de créer toutes les conditions favorables à la préservation de la paix et de la quiétude des populations. Pour cela, des forces et des moyens sont mobilisés ici et là pour mettre les citoyens nigériens à l’abri des peines et de la désolation qu’engendre l’insécurité. Il nous revient à tous de faire confiance au gouvernement et de nous souder comme un seul homme afin de soutenir nos braves forces engagées sur le théâtre des opérations pour barrer la route à ceux-là qui hantent certaines localités frontalières de notre pays.

Assane Soumana