Des condamnations d’emprisonnement ferme de 6 mois à 5 ans selon les cas, c’est en substance ce que l’on retient du procès marathon sur les bébés importés de ce lundi 13 mai 2017 à la Cour d’Appel de Niamey. Témoignages des reporters de Niger Inter.
Dès l’ouverture de l’audience, les avocats de la défense avaient voulu du report du procès en soulevant une exception et l’inconstitutionnalité de la procédure. Me Souley Oumarou et Me Mossi avaient essayé d’intimider les juges par des arguties qui, comme d’habitude ne visent qu’à empêcher d’aller au jugement au fond. Mais comme promis à l’audience du 13 février, le procès a bel et bien eu lieu malgré le boycott des avocats de la défense. En effet, le 13 Février dernier, les avocats avaient mis en avant l’argument selon lequel Hama Amadou ne réside pas à Niamey. Pour Me Souley un délai de 60 jours était requis pour se conformer au principe de la ‘’citation à résidence’’ puisque Hama Amadou réside à Paris à la suite d’une décision de la Cour de cassation.
Les avocats ayant quitté la salle d’audience, certains partisans de Hama Amadou avaient vidé la salle en scandant des slogans ‘’A bas la justice, la lutte continue !’, ‘’ A bas l’impérialisme !’’, avant de revenir suivre le jugement au fond et attendre le délibéré. Après ce remue-ménage de quelques minutes, le juge avait rétabli l’ordre et les choses sérieuses avaient commencées. D’ailleurs à la grande surprise de l’assistance certains avocats de la défense dont Me Mossi étaient revenus suivre le procès et même attendre presque toute la journée le délibéré. Appelés et interrogés par le juge, les prévenus ont opté de ne rien dire en l’absence de leurs avocats. Mais avant de leur donner la parole, le juge a bien voulu rappeler à chacun les faits qui lui sont reprochés.
Le réquisitoire du procureur…
A la vérité, aujourd’hui en écoutant les faits relatés par le président du jury et le procureur de la République, l’on est bien à mille lieues des préjugés et des arguties selon lesquels il s’agit d’un procès politique. Puisqu’on fait la science toujours avec les faits, eh bien les juges ont fait parler des faits. En effet, des témoignages accablants ont été entendus contre les actes et gestes des prévenus. Une dame appâtée par ces marchands d’illusions a témoigné sur comment elle était transportée au Nigeria via le même réseau qui a généreusement gratifié des jumeaux aux accusés dans cette affaire. Elle a raconté dans les détails tout le processus. Elle a pris les décoctions dont un bidon du produit a été montré à l’assistance. Cette dame n’a jamais accouchée avant d’être dissuadée d’abandonner son projet satanique. Il y a eu également des témoignages des accompagnatrices qui malheureusement n’ont jamais vu aucune de leurs compagnonnes accouchées parce que simplement celles-ci n’ont jamais accouchées, a déclaré le procureur de la République. Les faits c’est également ce que l’assistance a appris avec la lecture des dossiers des prévenus par le juge. L’on a appris avec précision qui a fait quoi et avec qui. L’on a vu ces acteurs défilés aujourd’hui. Pour chaque dossier les personnes en cause ont été présentées et le juge a dit ce qui est reproché aux uns comme aux autres. Les principaux chefs d’accusation retenus contre les prévenus c’est entre autres la supposition d’enfants, faux et usage du faux en écriture publique, association des malfaiteurs, recel d’enfants etc.
Après avoir apprécié les exceptions soulevées par les avocats de la défense, le procureur de la République avait requis cinq (5) ans d’emprisonnement pour certains et trois (3) ans pour d’autres. Après quoi le jury s’est retiré pour délibérer. C’est ainsi que l’assistance composée des partisans des personnalités politiques, des parents et amis des prévenus, des avocats, de la presse et autres curieux, avait attendu ce délibéré marathon jusqu’à vers 17heures. A l’issue du délibéré l’on retient que les prévenus ont été condamnés de six (6) mois à cinq (5) ans d’emprisonnement ferme. Les plus célèbres d’entre-eux notamment le chef de file de l’opposition Hama Amadou, Abdou Labo, Moussa Haytou, Maliki Barhouni ont été condamné à un an ferme d’emprisonnement. Il reste à savoir la suite donnée à la requête du procureur sur la déchéance des droits civils et politiques des prévenus. Il reste également à savoir quel sort sera donné aux bébés dont les parents viennent d’être condamnés. Il faut saluer la justice nigérienne qui a bien voulu que les Nigériens apprennent ce qui s’est passé indépendamment des rangs et grades des prévenus malgré l’obstruction de la part de quelques-uns pour empêcher par tous les moyens qu’il y ait jugement au fond de ce dossier. Vivement que la justice nigérienne s’émancipe davantage pour que force reste véritablement à la loi !
Elh. M. Souleymane et Abdoul Aziz Moussa