Le jugement au fond de l’affaire dite des bébés importés prévu hier 13 février a été finalement reporté au 13 mars à la demande des avocats de la défense. Ces derniers avaient mis en avant des questions protocolaires pour demander ce report. Autant dire que le dilatoire continue. Décryptage.
Hier à la Cour 28 prévenus du babygate ont répondu présents excepté l’ex président de l’Assemblée nationale M. Hama Amadou. Et c’est justement la non transmission de la convocation au domicile parisien du président de Lumana au lieu de celui de Niamey et également le fait de ne pas verser la récusation du procureur dans le dossier qui ont servi de prétexte aux avocats pour obtenir ce report d’un mois. C’est essentiellement les deux arguments évoqués face à la presse par Me Ali Kadri, avocat de la défense. Me Mossi et Me Souleye ont certainement préféré se dessaisir de la communication au profit de ce jeune avocat.
Dès l’entame du procès, l’assistance a constaté le dilatoire lorsque le procureur avait dit aux avocats que deux (2) ans durant vous n’êtes pas encore prêts. Mais les observateurs avertis ne sont nullement surpris de la constance de la stratégie de la défense des avocats de la défense qui n’ont jamais envisagé d’aller au jugement au fond de cette affaire n’eut été l’injonction de la Cour de cassation qui l’a ordonné devant un tribunal ‘’autrement composé’’.
L’on se souvient c’était seulement après le rejet de la demande de la liberté provisoire de Hama Amadou alors détenu à Filingué par la Cour de cassation qui a déclaré cette demande irrecevable que Me Souley Oumarou avait reconnu face à la presse qu’on s’achemine vers le jugement au fond de la tristement célèbre affaire des bébés importés.
En effet, en son temps selon les avocats de Hama Amadou, il était question plutôt de la désignation du juge qui doit juger de cette affaire soit au niveau du tribunal de Niamey soit à la Cour d’appel. Me Souley Oumarou avait parlé du « bon juge » en parlant du juge désigné par la Cour de cassation.
Ce juge sera « forcément » lié puisque l’affaire aura été déjà appréciée par la Cour de cassation. Et Me Souley Oumarou de préciser leur intention de déposer sans délai une nouvelle demande de liberté provisoire car, estime-il, dans une trentaine de personnes impliquées dans cette affaire, à l’époque il n’y avait que Hama Amadou qui croupit en prison. Les autres accusés étant en liberté provisoire. Me Souley avait rappelé même qu’un prévenu dans la même affaire n’a séjourné que deux semaines en prison alors que Hama Amadou avait de loin dépassé ce délai à Filingué.
Mais il y a lieu de préciser à l’encontre de la défense de Hama Amadou qu’elle aura bien voulu compliquer le cas Hama Amadou en le laissant non seulement fuir mais aussi dans sa fuite, un an durant, il n’a que vilipendé le pays et ses institutions y compris la justice. Et ce, dans un contexte où Hama Amadou sait qu’il doit régler ses ennuis judiciaires avant les échéances électorales à venir. Pourtant récemment, en France, son pays de séjour, François Fillon face au ‘’penelopegate’’ l’a lui-même demandé à la justice de l’entendre le plus rapidement possible au lieu de se dérober de celle-ci.
On a pu, par ailleurs, parler d’une évolution de la défense de Hama Amadou qui avait envisagé le jugement au fond du dossier. Du moins Me Souley Oumarou s’était délecté de la désignation d’un juge par la Cour de cassation qui serait selon lui « forcément le bon juge ». Mais hier à notre grande surprise Me Souleye Oumarou était même arrivé en retard ! Est-ce l’attitude du doyen des avocats connaissant que leur demande de report serait inévitable ? Du moins il n’a pas voulu s’adresser à la presse ce 13 février à la Cour d’appel.
Et pour rappel, si l’étape de jugement au fond n’a pas eu lieu depuis belles lurettes c’est justement dû au dilatoire des avocats de la défense qui avaient estimé que tant qu’il n’y aura pas plainte des parents naturels des bébés ou de l’Etat nigérian autant ne pas poursuivre leurs clients. Et cela avait constitué une obstruction totale dans la procédure du traitement de ce dossier. Mais c’était sans compter sur la détermination du ministère public à vouloir rendre justice dans cette affaire quels que soient le grade ou rang des prévenus. En son temps, le ministre de la justice M. Marou Amadou l’avait promis : personne n’échappera à la justice dans cette scabreuse affaire, car nul n’est au-dessus de la loi, avait-il martelé.
Au lieu de perdre son temps dans la stratégie de la « défense de rupture », cette invention de Me Jacques Vergès consistant à exporter le dossier en dehors du tribunal dans la quête de la compassion de l’opinion publique, la défense de Hama Amadou se rend à l’évidence du caractère contreproductif de ses actions. Et on le sait, la « défense de rupture » n’est porteuse que sur des dossiers des acteurs engagés sur des nobles causes pas sur des cas honteux comme ce scandaleux trafic des bébés.
N’est-ce pas aussi la défense de Hama Amadou qui l’a empêché de procéder purement et simplement au test ADN comme moyen le plus sûr pour se laver de cet affront ?
Toutefois, le 13 février à la Cour d’appel les observateurs avertis avaient compris que l’étau se resserre du côté des avocats de la défense. Du moins leur marge de manœuvre est assez réduite pour faire prospérer le dilatoire. Le jugement au fond de cette affaire s’avère inexorable.
Tiemago Bizo