Le gouvernement de « large ouverture », rendu public le mercredi 19 octobre 2016 après un long suspens, a été accueilli, comme on le sait, par une désapprobation générale. « Pléthorique », « complaisant », « honte nationale », «insulte au peuple », « Déception » sont parmi les mots durs utilisés sur les médias pour qualifier cette nouvelle équipe de plus de 40 ministres.
Ce gouvernement qui intervient seulement six mois après une précédente équipe tout aussi « large », envoie deux messages forts aux nigériens : Le premier, c’est qu’il n’ya plus rien à attendre du côté des gouvernants dont l’incapacité à satisfaire les attentes, mêmes les plus banales et les plus évidentes, est tout aussi évidente. Le second message, c’est que l’Etat nigérien est malade, une maladie cliniquement identifiée et qui s’appelle … obésité !
« Ils ne sont jamais là où on les attend …! »
C’est par cet euphémisme que les nigériens préfèrent généralement enrober les décisions impopulaires prises par leurs gouvernants dans leur quête du « bonheur national ». L’histoire démocratique du Niger est en effet jalonnée de ces « déceptions » gratuites causées au peuple du simple fait des « errements » des ses politiciens. La dernière en date, c’est bien évidemment la formation de ce deuxième gouvernement de la deuxième mandature de la 7ème République.
Déjà auparavant, les nigériens étaient majoritairement circonspects face à la perspective même d’un gouvernement quelconque. Techniquement, Ils ne comprenaient pas pourquoi un Président élu au second tour avec plus de 92% de suffrages et disposant d’une Assemblée Nationale acquise à sa cause à plus de 75%, puisse décider de former un nouveau gouvernement, seulement six mois après. Ils n’appréhendaient cette éventualité, que si la taille de ce gouvernement devrait être réduite substantiellement.
Mais leur déception fut grande. En effet, pendant que l’opinion nationale s’attendait à ce que l’Etat, compte tenu des signaux alarmants provenant de ses comptes, s’impose une « une cure austérité », notamment en diminuant les postes ministériels, budgétivores par essence, contre toute attente, le même nombre a été reconduit. Une équipe de 42 membres qui d’ailleurs ne cesse de s’allonger « nuitamment », avec les nominations des Conseillers et autres Directeurs de cabinet « avec rang de ministre ». Pire encore, un super poste, tout aussi budgétivore qu’inutile, a été taillé sur mesure à Seyni Oumarou baron du MNSD qui vient de rejoindre « la mangeoire ». Tout cela intervient dans un contexte de morosité générale accentuée par les « déguerpissements » et une forte pression sur les contribuables.
Nul doute que, par la mise en place de ce gouvernement budgétivore, le Président Issoufou Mahamadou envoie un message très ambigu à ses compatriotes.
A quand « le mieux Etat »… ?
L’autre message bien perçu par les compatriotes du Président Issoufou, c’est la stupéfiante découverte que leur « beau pays » n’est en fait qu’un vulgaire « Etat providence » ! Un Etat omnipotent, ultra dépensier, qui calcule rarement et vit effrontément aux dépens de son peuple. Un Etat qui n’hésite pas à s’endetter ou quémander pour couvrir ses dépenses de fonctionnement. Des pratiques contraires à l’orthodoxie économique. On le voit bien aujourd’hui, malgré ses problèmes de trésorerie évidents, notre Etat ne veut nullement réduire son train de vie. Par contre, il n’hésite pas à faire payer à son peuple tous ses déficits et ses choix erronés. C’est exactement ce qui se passe actuellement avec les coupures déguisées dans les salaires, les pressions diverses chez les contribuables et bien d’autres « tracasseries » destinées à « faire rentrer de l’argent ». Un argent dont il se servira après à sa guise. L’impression générale est que, l’Etat nigérien outrepasse régulièrement les missions qui sont les siennes.
Dans le même registre, à travers le dernier gouvernement, les « faméliques » nigériens constatent avec ahurissement que l’Etat qui les régente est quand à lui frappé d’une « obésité excessive ». Une « maladie » aisément perceptible dans l’administration publique et son « étouffante prolifération » et dont le couronnement s’est traduit justement par la mise en place d’un gouvernement pléthorique, une Assemblée Nationale tout aussi pléthorique dans un pays classé pourtant le plus pauvre de la planète.
Alors les nigériens commencent à s’interroger sur le « mieux Etat » dans leur pays. Telle que les choses sont en train de se passer, l’Etat est plus perçu comme un « problème » pour le pays, alors qu’il devrait en être la « solution ».
El Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle Maradi