Président nigérien est officiellement en vacance depuis le 12 Aout dans son village natal de Dan Daji, à environs 500 km au nord-est de Niamey. « Vacance » n’est sans doute pas le mot le plus approprié pour qualifier cette « retraite saisonnière », d’autant que cette fois-ci, les « météo-politologues » du pays annoncent avec certitude des « changements climatiques » qui déboucheront sur la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale…
Casting délicat …
Ce n’est désormais plus de la « rumeur », une recomposition de l’échiquier politique est en marche au Niger, avec l’entrée très prochaine du MNSD Nassara de Seyni Oumarou, l’un des principaux partis de l’opposition, dans une nouvelle équipe gouvernementale, annoncée pour les jours à venir. Déjà, les « rumeuristes » de Niamey ne mettaient même plus les gants du conditionnel, s’agissant de cette énième alliance qui a pourtant surpris tous les pronostiqueurs. C’est aujourd’hui une évidence : Le MNSD Nassara va rejoindre « avec armes et bagages » la mouvance présidentielle. C’est en tout cas ce qui ressort de la réunion du BPN de ce parti, tenue samedi 13 aout à Niamey.
Si cette décision était actée, c’est d’un nouveau séisme politique qu’il faudra plutôt parler au Niger. Car l’arrivée du MNSD au coté du PNDS, va forcément provoquer un « mouvement de foule » et un « bouleversement de la préséance » au sein de la MRN (Mouvance pour la Renaissance du Niger) qui a soutenu l’élection du président Issoufou Mahamadou pour son second mandat. Seyni Oumarou et ses « vieux potes » ne viendront sans doute pas pour jouer à la figuration. Combien de « coquilles pleines » revendiqueront-ils ? Ont-ils renoncé à leur vorace appétit pour la Primature ? Quel sort le Président Issoufou va-t-il réserver à ses « camarades » du PNDS et à ses « alliés du second tour » qui sont dans le gouvernement actuel? Autant de questions débattues chaudement dans « les fadas » de ce « pays de débatteurs ».
Le Président Issoufou Mahamadou mettra donc à profit ses vacances pour élaborer la liste de son prochain gouvernement ; une liste qui sera vraisemblablement publiée à la fin de ce mois et qui comporterait au plus 30 ministres, d’après les premières indiscrétions. Il faudrait cependant le reconnaitre, les choses ne seront pas aussi simples et limpides pour « le vacancier de Dan Daji ». Il va devoir opérer l’un des castings les plus délicats de son magistère. En particulier, il devra résoudre une équation à plusieurs inconnues : Diminuer la taille de son pléthorique gouvernement ; servir « copieusement » le nouveau convive sur la Table ; contenter et convaincre ses « camarades » et « alliés » d’hier, au détriment desquels s’effectuera cette nouvelle alliance entre le MNSD et le PNDS ; … Exercice difficile même pour un … probabiliste !
A la recherche d’un équilibre ?
À priori, du coté de l’opposition déjà en crise de leadership, cette nouvelle donne politique va davantage la fragiliser et à termes, pourrait la confiner dans sa portion la plus congrue. Mais cela n’est pas toujours évident. À moyen ou long terme, la situation pourrait bien profiter au MODEN/FA de Hama Amadou, en confortant son image de « prétendant le plus sérieux » pour l’alternance en 2021, comme du reste l’avait été le PNDS en 2010.
Mais telle n’est visiblement pas la préoccupation du Président Issoufou actuellement. Le 02 aout 2016, contre toute attente, il a encore une fois réitéré sa « main tendue » à l’endroit de l’opposition, malgré une confortable majorité à l’Assemblée Nationale. Nouveau casse-tête pour les analystes nigériens qui se posent la question de savoir pourquoi le Président Issoufou s’obstine-t-il à contracter des alliances avec les partis de l’opposition, même quand cela n’en vaut pas la peine ? Quelle logique gouverne véritablement ses reflexes politiques ?
A première vue, cette obstination du Président Issoufou à composer avec l’opposition pourrait ressembler, au mieux, à une « faiblesse politique », au pire, à de la « méchanceté politique », car ses « mains tendues » à répétition, ont pour la plupart débouché à des défections douloureuses dans les partis de l’opposition. Mais cette thèse amplement développée par les milieux proches de l’opposition, ne résiste pas beaucoup au bon sens politique. En effet, si à la veille des élections, le Président Issoufou avait de bonnes raisons de « concasser » les partis de l’opposition, il n’a aucun alibi pour le récidiver aujourd’hui.
Mis à part le fait que cette alliance pourrait être dictée par la France et les « bailleurs de fonds » du Niger, la réponse à cette « énigme » pourrait se retrouver ailleurs … dans les non-dits politiques ! Homme politique parmi les plus expérimentés du pays, Issoufou Mahamadou sait mieux que quiconque, que la paix, la sécurité et le développement de son pays, passent par un savant équilibre conforme aux règles non écrites de la géopolitique nationale.
Selon toute vraisemblance, ce qui préoccuperait tant le Président Issoufou, c’est la recherche d’une formule de gouvernance la plus inclusive possible, associant toutes les grandes composantes de son pays (l’est, l’ouest et le nord). On le sait, depuis le départ du MODEN/FA de la mouvance présidentielle, cet équilibre a été rompu. Amadou Salifou et Issaka Tinni appelés à la rescousse à l’Assemblée Nationale, n’ont visiblement pas pu combler le trou béant laissé par Hama Amadou.
Seyni Oumarou, personnalité politique parmi les plus en vu, originaire de l’ouest du pays, aura donc pour mission de re-donner au gouvernement nigérien un label qu’il a perdu depuis 2012. D’où cette question impertinente : Seyni Oumarou sera-t-il « nommé » Président de l’Assemblée Nationale ?