Mesdames, Messieurs,
J’ai reçu cet après-midi le Président Mahamadou ISSOUFOU parce que le Niger et la France ont des relations particulières, qui tiennent à l’Histoire, qui tiennent aussi à la volonté commune de lutter contre le fanatisme et le terrorisme.
Le Niger lui-même a payé un lourd tribut et encore ces derniers jours avec les attaques que Boko Haram a lancées au nord du Nigeria et qui ont hélas, causé la perte de plusieurs soldats nigériens et plusieurs ont été blessés.
La France a une fois encore manifesté son soutien à l’égard du Niger et aux forces, qui sont d’ailleurs pour partie présentes dans le cadre de l’opération Barkhane que nous montons. Nos forces sont à la disposition de la force multinationale qui elle-même se déploie au moment où je m’exprime.
Mais en matière de terrorisme, la France aussi est frappée. Cette nuit, il y a eu une agression à la fois effroyable et cruelle, qui a concerné un homme et une femme, un commandant de police et son épouse, elle-même fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. Ces crimes terroristes ayant été commis – ce qui ajoute encore à la douleur et à l’effroi – devant leur propre enfant, un enfant de trois ans et demi.
Je veux, une fois encore, dire que la France est concernée, touchée, dès lors que deux de ses plus courageux agents ont été ainsi frappés. Ils ont été frappés parce qu’ils étaient policiers. C’est ce que le terroriste – nous verrons avec quelles complicités – a entendu donner à son acte : ce sens effroyable de vouloir toucher un homme et une femme parce qu’ils étaient policiers.
Je serai aux côtés des forces de sécurité de notre pays qui éprouvent en ce moment même une très grande tristesse et une très grande colère. Les forces de sécurité ont été exemplaires, remarquables dans la lutte contre le terrorisme, depuis que nous avons été, ces dernières années, particulièrement concernés. Ces forces de sécurité doivent avoir le soutien de la Nation. Elles l’auront. Elles auront aussi à cœur d’exprimer avec nous leur compassion à l’égard de la famille des deux fonctionnaires concernés et aussi à l’égard de l’enfant – le père avait deux enfants, le couple avait un enfant en commun – nous aurons vis-à-vis de ces enfants la seule attitude qui vaille, ils seront reconnus pupilles de la Nation. Parce que leur père et leurs parents ont été visés parce que policiers et parce que représentants de l’Etat, donc de la France tout entière.
Nous aurons aussi la mobilisation maximale à l’égard de ce que peut être la menace terroriste. Nous l’avons vu depuis plusieurs mois, j’ai moi-même fait en sorte que des moyens supplémentaires puissent être déployés, que la vigilance soit portée à son niveau maximal. Nous continuerons, parce qu’il y va à la fois de la défense de nos principes, de nos valeurs, mais aussi du combat que nous avons engagé contre le terrorisme islamiste et le fanatisme partout et notamment en Afrique et j’y reviens.
C’est finalement la même cause qui nous anime : faire en sorte que ceux qui veulent développer leurs messages de haine puissent en être empêchés, ceux qui veulent déstabiliser des régions entières, des Etats, puissent être là encore, entravés et qu’ils puissent être châtiés dès lors qu’ils commettent des actes innommables et il y en a eu ces derniers mois. Je pense encore à ces jeunes filles enlevées au Nigeria, je pense à ces hommes, ces femmes qui ont été massacrés dans les villages du lac Tchad, je pense encore à ce qui s’est produit avec la dernière attaque de Boko Haram. Voilà c’est le même combat et on ne peut pas dissocier, ni les pays, ni les peuples, ni les victimes ! Ce sont les victimes du même fanatisme, celui que nous avons à terrasser.
Enfin, je veux souligner ce que sera l’appui que la France apportera au Niger dans cette lutte. Il y aura, nous en avons parlé, un travail de coopération, de formation, d’équipement, de renseignement et puis il y aura la participation de la France comme elle s’y était engagée lorsque j’étais allé au Sommet d’Abuja, au Nigéria, pour appuyer la Force multilatérale et ainsi porter les coups nécessaires à Boko Haram.
De la même manière, Barkhane se déploie partout dans la région et encore ces derniers jours au Mali, parce qu’il y a cette tentative toujours répétée des groupes terroristes de faire en sorte que le nord du Mali puisse être déstabilisé. Nous avons également parlé avec le Président du Niger de développement parce que c’est aussi un engagement que j’avais pris lors de la visite que j’avais effectuée avant l’élection présidentielle au Niger, pour dire que nous étions pleinement conscients des besoins du Niger. Nous avons notamment, sur notre aide budgétaire, décidé de faire un effort ; nous allons également mobiliser l’AFD, notamment par rapport au barrage de Kandadji et nous allons aussi faire que nos entreprises continuent d’investir et il y aura des contacts qui seront pris par le Président ISSOUFOU avec le MEDEF pour que nous puissions avoir toujours ces investissements dans cette région.
Nous devons également faire en sorte de maîtriser l’immigration, parce que le Niger est un pays de transit, pays qui connaît aussi beaucoup de réfugiés venant du Mali, venant du Nigéria et il est donc de notre intérêt commun que nous puissions maîtriser ces migrations. Nous allons le faire dans le cadre du programme que nous avions fixé ensemble, c’était au Sommet de La Valette, avec l’ensemble de l’Union européenne, pour qu’il puisse y avoir rapidement l’accès au Fonds Fiduciaire, l’accès à des financements, pour favoriser le développement du Niger et la lutte contre l’immigration.
Voilà ce que je voulais dire dans un moment très grave où nos deux pays sont eux-mêmes frappés, dans un moment où la lutte contre le terrorisme doit être menée avec l’intensité nécessaire et la coopération indispensable ; un moment où nous sommes conscients aussi qu’il faut favoriser les politiques de développement et confirmer le partenariat entre la France et le Niger et c’est ce que nous avons consolidé et amplifié encore avec la visite du Président ISSOUFOU.
Merci.
Source : Elysée.fr