Sur instruction du gouvernement, le ministre de l’Environnement et du Développement Durable, M. Wassalké Boukari et son homologue des Domaines et de l’Habitat, M. Kassoum Moctar ont conjointement effectué hier une série de visites sur le site de la forêt classée située à 26 km de Niamey sur la route de Torodi et celui des aires protégées de Guesselbodi situé à 30 km de Niamey sur la route de Dosso. Ces espaces autrefois des terres dégradées mais récupérées par l’Etat à travers des projets de développement ont fait l’objet d’accaparement par des privés. Les deux membres du gouvernement étaient accompagnés dans ce déplacement par leurs staffs techniques et le préfet du département de Kollo.
Malgré les dispositions mises en place par l’Etat pour prévenir les problèmes fonciers et protéger les domaines de l’Etat en sécurisant les droits individuels ou collectifs des populations sur les ressources naturelles, des individus continuent à s’accaparer des aires sensées être protégées. Certaines ressources classées dans le domaine public de l’Etat, qui sont donc inaliénables, insaisissables et imprescriptibles se sont retrouvés occupées illégalement et d’une appropriation privative. Il faut souligner que personne ne peut se prévaloir d’un droit de propriété coutumier, c’est-à-dire un droit de propriété transmis par succession depuis des temps immémoriaux et confirmé par la mémoire collective sur ces ressources.
Ce problème concerne toutes les aires protégées qui sont très proches des centres urbains. En effet, pour ce qui concerne le département de Kollo, c’est sa proximité avec Niamey qui a entrainé une certaine spéculation foncière et de grandes superficies de terres domaniales sont vendues illégalement, sans avoir été déclassées au préalable ; des titres fonciers sont même parfois établis sur ces terres. Les deux ministres se sont rendus sur la route de Torodi où ils ont visité quatre (4) sites occupées illégalement par des sociétés et des individus. Ils se sont rendus sur le site de Guessalbodi. Sur place, le ministre Wassalké Boukari a indiqué que, ce site est classé depuis 1948, la loi date de 1940 avec une superficie bornée sur 5000 hectares. En plus «l’Etat a engagé des travaux de récupération de terre sur le site. Néanmoins, nous retrouvons ici des bornes de lotissement privés. Sur le site de la rive droite, l’Etat a investi des frais sur les plateaux pour des travaux de récupération de terre pour protéger le fleuve Niger contre l’ensablement », a-t-il déploré.
Selon le ministre en charge de l’Environnement, l’état actuel des sites doit préoccuper les populations. L’entretien des forêts classées contribue à la bonne santé de la population et protège la ville de Niamey. « Ce n’est pas pour le décor. Nous devons les protéger pour les générations futures. Cette végétation absorbe le CO2 produit par les moteurs et rejette l’oxygène que nous respirons. Elle lutte également contre le changement climatique. Si l’Etat prend la décision d’interdire l’accaparement de ces terres, c’est pour le bien de tout le monde», a dit le ministre Wassalké. En ce qui concerne les disposions à prendre, le ministre des Domaines et de l’Habitat a dit que l’Etat est décidé à récupérer tous ses domaines illégalement occupés sur l’ensemble du territoire national.
«La situation de ce que nous avons vu aujourd’hui, est inacceptable. Nous allons prendre des mesures pour solutionner les problèmes même s’il faut annuler des titres fonciers pour protéger ces terres afin de prévenir un certain nombre de catastrophes. Il y a des principes qui gouvernent le domaine public. A Niamey, déjà nous avons engagé des opérations d’interdiction de construire dans la ceinture verte», a-t-il affirmé. Le ministre Moctar Kassoum a appelé la population à être prudente pendant les achats des actes de cession d’immeuble non bâti auprès des promoteurs immobiliers privés. Elle doit s’assurer que le terrain a un acte d’autorisation légale de lotissement pour éviter des problèmes. Il a enfin dit que tous les services régionaux vont être mobilisés pour accompagner cette politique entreprise.
Seini Seydou Zakaria(onep)
lesahel.org