« C’est un moment d’histoire. » A l’ouverture de la cérémonie de signature de l’accord de Paris sur le climat, vendredi 22 avril, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), s’est réjoui — en français — du nombre de pays signataires.
Au total 175 pays ont signé l’accord de Paris sur le climat conclu en décembre, a indiqué l’ONU à l’issue de la cérémonie de signature. Parmi eux 15 pays, pour la plupart des petits Etats insulaires, ont d’ores et déjà ratifié ce texte qui vise à ralentir le réchauffement de la planète.
Ce nombre de pays signataires en une journée est un record. Le précédent datait de 1982, quand 119 pays avaient paraphé la Convention de l’ONU sur le droit de la mer. Les pays signataires vendredi représentent plus de 93 % des émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement, selon l’ONG World Ressources Institute.
Les Etats-Unis prêts à investir des milliards
Symboliquement, le président français François Hollande a été le premier à signer l’accord historique. Lors d’une conférence de presse, il a ensuite indiqué que l’accord serait présenté en conseil des ministres le 5 mai pour une ratification par le Parlement « avant l’été ». « Le texte sera présenté ensuite, le 18 mai, à l’Assemblée nationale », a précisé le chef de l’Etat.
Une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement étaient présents au siège de l’ONU, dont le secrétaire d’Etat des Etats-Unis, John Kerry, et le vice-premier ministre chinois, Zhang Gaoli, représentant les deux pays les plus pollueurs au monde.
M. Kerry est venu signer avec sa petite-fille dans les bras, et a été très applaudi. « Déjà l’année dernière, les investissements en matière d’énergies renouvelables étaient à un plus haut historique, presque 330 milliards. Et il est prévu que nous investirons des milliers de milliards de dollars d’ici à la fin du siècle », a-t-il déclaré.
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La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, menacée de destitution, a brièvement évoqué, à la fin de son discours, la crise politique dans son pays, exprimant l’espoir que les Brésiliens sauraient empêcher tout « recul » de la démocratie.
« Aller plus loin que les promesses »
Peu avant de parapher solennellement le texte, François Hollande a appelé, à la tribune, le monde à traduire l’accord de Paris sur le climat en « actes » pour faire face à l’« urgence ». Il a souligné que « les mois qui viennent de s’écouler ont été les plus chauds de ces cent dernières années ». « Il faut aller vite, encore plus vite », a-t-il exhorté ses homologues.
M. Hollande a appelé aussi à « aller plus loin même que les promesses qui ont été faites, que les engagements qui ont été pris ». « Jamais dans l’histoire des Nations unies, il n’a été possible de réunir cent soixante-dix Etats pour signer un accord », s’est-il encore félicité.
« Il est temps d’intensifier l’action sur le climat »
La signature n’est qu’une première étape. L’accord n’entrera en vigueur que lorsque cinquante-cinq pays responsables d’au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre l’auront ratifié, ce qui pourrait être fait dès 2017. M. Ban souhaite que les pays s’engagent vendredi à le ratifier rapidement, afin de « faire comprendre aux gouvernements et au monde des affaires qu’il est temps d’intensifier l’action sur le climat ».
L’accord de Paris engage ses signataires à limiter la hausse de température « bien en deçà de 2 °C » et à « poursuivre leurs efforts » pour limiter cette hausse à 1,5 °C. Cet objectif très ambitieux demande une volonté soutenue et des centaines de milliards de dollars pour assurer la transition vers des énergies propres. L’accord reste ouvert pendant un an à la signature des 195 pays qui l’ont négocié. Treize petits pays très exposés, dont Fidji, Tuvalu, les Maldives, Belize, la Barbade ou Samoa, se sont dits prêts à le ratifier dès vendredi.