«Les élections prochaines auront lieu Incha’Allah dans la transparence et l’équité ou n’auront pas lieu» ; « elles se tiendront sous la supervision d’institutions démocratiques neutres et impartiales ou ne se tiendront pas » ; «elles se tiendront Inch’Allah avec une Cour constitutionnelle indépendante et impartiale et consensuellement acceptée par tous ou ne tiendront pas».
Le communiqué rendu public le week-end dernier par l’Alliance pour la réconciliation, la démocratie et la République (ARDR), la coalition des partis d’opposition, est sans équivoque. Il y aura les élections générales, mais pas selon le planning de hold-up préparé par le Guri système pour assurer un deuxième mandat au président Issoufou Mahamadou. Il y aura les élections générales dans la transparence et l’équité, avec une Cour constitutionnelle indépendante et impartiale acceptée par tous les acteurs politiques. Au cas échéant, elles n’auront pas lieu. Tout simplement, a averti l’opposition.
En clair, l’ARDR reste ferme sur sa récusation de la Cour constitutionnelle dans sa configuration actuelle, et entend apparemment se donner les moyens pour obtenir une institution impartiale et consensuelle. Comment compte-t-elle s’y prendre face à un régime qui ne l’entend apparemment pas de cette oreille ? Parce que pour la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN), la majorité présidentielle, il n’est pas question de revoir la configuration de la Cour constitutionnelle au risque, défend elle, de violer la Constitution. A l’évidence, nous nous acheminons vers un bras de fer autour de la juridiction constitutionnelle qui joue un rôle majeur en amont comme en aval dans l’organisation des élections, contrairement à l’argument avancé par des ténors de la MRN comme le président du PNDS Tarayya, Mohamed Bazoum, consistant notamment à soutenir que ce n’est pas la Cour constitutionnelle qui les organise pour éventuellement brouiller les cartes de la sincérité et de la transparence de celles-ci. A partir du moment où c’est la juridiction qui valide les candidatures et les résultats provisoires des scrutins transmis par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), c’est une insulte à l’encontre des Nigériens que de présenter la Cour constitutionnelle comme un maillon faible de la chaîne électorale. L’organisation en grande pompe, hier mercredi 25 mars sous le patronage du président Issoufou Mahamadou, de la cérémonie de prestation de serment des deux nouveaux membres de la Cour récemment désignés pour remplacer les représentants de la société civile et du Barreau sonne comme un signal que le Guri système n’abdiquera pas facilement. Il faudra une forte pression pour le contraindre à reculer. Puisqu’on voit mal comment l’ARDR peut revenir sur sa récusation de la Cour qu’elle a formulée sur la base d’un certain nombre de faits documentés. A ces constats sur la configuration de la juridiction constitutionnelle qui ne lui inspire pas confiance viennent s’ajouter les manœuvres du Guri système visant à fragiliser l’ARDR et à démobiliser ses militants, lesquelles manœuvres se traduisent par les interpellations répétées de leaders de l’opposition à chaque fois que celle ci sort pour dénoncer des actes de mauvaise gouvernance des princes au pouvoir.
Lesquelles interpellations sont aujourd’hui élargies aux hommes des médias qui affichent une attitude critique vis-à-vis du régime ou qui essaient de relayer les activités de l’ARDR. Ces pratiques autocratiques, qui cachent mal les velléités du Guri de mettre au pas tous ceux qui militent en faveur d’un ancrage fort de la démocratie dans notre pays, sont aussi dénoncées par l’ARDR dans son communiqué de presse. N’ayant pas pu apporter de réponses appropriées aux aspirations légitimes du peuple, n’ayant pas pu satisfaire ses promesses électorales phares à savoir la lutte contre la corruption et l’impunité, le Guri système du président Issoufou s’est inscrit dans une logique de négation systématique des principes sacrosaints de la démocratie, à travers des pratiques comme le concassage planifié des partis d’opposition susceptibles compromettre l’obtention de son deuxième mandat, une obsession de contrôle de toutes les institutions indépendantes et des velléités de bâillonnement des libertés collectives et individuelles. L’entreprise a fonctionné à coup de billets de banque, de corruption et de chantage, mais elle semble battre de l’aile aujourd’hui avec les élections générales qui pointent à l’horizon.
Et pour cause, la crédibilité des élections futures nécessite l’onction de la communauté internationale qui suit de près les convulsions de la démocratie nigérienne depuis le dé- part du parti Lumana de la majorité présidentielle. Et le Guri système a pris conscience sur le tard qu’aucun partenaire extérieur ne cautionnera une forfaiture électorale. C’est pourquoi certainement elle s’est résignée à concéder une ouverture consistant à réadmettre les représentants de l’aile MNSD Nassara dirigée par Seïni Oumarou au sein du Comité du fichier électoral pour permettre au Conseil national de dialogue politique (CNDP) de retrouver son âme initiale.
I.D Le Courrier N° 357 DU 26 MARS 2015