Il est de coutume que pour toute année nouvelle, l’on prenne de bonnes résolutions, consistant à d’importants et positifs changements de comportement ; ces engagements concourant généralement au bien-être personnel, familial ou collectif, c’est le moment pour chacun d’en prendre. Et de très bons, car le Niger de 2016, du fait notamment des échéances électorales à venir, est considéré par certains analystes extérieurs comme « pays à risque maîtrisable ».
Comme on le sait, les risques sont justement faits pour être conjurés. Mis à part le malheureux épisode de 1996 où la confiscation de l’ensemble du processus électoral a abouti, trois ans plus tard, au drame que l’on connaît, la tenue de scrutins pluralistes et libres au Niger n’a jamais donné lieu à des dérapages incontrôlés. Les Nigériens sont bien connus pour leur attachement à la démocratie, tout autant que pour la paix. Ils entretiennent depuis des siècles, entre leurs différents groupes ethniques, sociaux et culturels, des traditions de cousinage et des alliances qui en toutes circonstances ont assuré une régulation et une gestion efficaces des tensions et des conflits.
C’est dire que contrairement à certains milieux alarmistes et nigéro-pessimistes, nous ne voyions pas venir les élections avec beaucoup d’appréhensions. Les inquiétudes fleurissaient plutôt dans la tête de « spécialistes » un peu trop penchés sur l’image déformée du Niger que donnent certains medias et ONG en quête de sensationnel pour les premiers, ou de financement pour les seconds. Pour peu qu’ils daignent sortir de leurs cabinets d’ « experts indépendants » et se confrontent à la réalité du terrain, ils verraient que le Niger n’est pas le far west politique où le pouvoir brime l’opposition et enferme à tours de bras journalistes et militants de la société civile, à l’annonce d’une « élection de tous les dangers ». Perspective qui proviendrait, toujours selon ces milieux, de la volonté du pouvoir actuel de Niamey de se perpétuer en écrasant les adversaires et faisant taire les voix discordantes.
Non, il n’y a rien de tout cela. Le président Issoufou avait depuis longtemps annoncé ses bonnes résolutions : il assume son bilan, se représente, et ne cautionnera pas l’organisation d’élections tropicalisées au Niger. Jusqu’à présent, il a agi et instruit son gouvernement dans le sens du respect total de cet engagement. Le Conseil national du fichier et le comité d’élaboration du même fichier, ainsi que la Commission électorale nationale indépendante, ont été mis en place dans le respect des lois et travaillé sans aucune interférence. L’opposition ayant cru pouvoir mettre en doute l’honnêteté du pouvoir, la CENI a sollicité l’Organisation internationale de la francophonie pour auditer le fichier électoral nigérien. La mission de l’OIF vient de rendre son rapport : si des anomalies sont relevées (le fichier parfait n’existant nulle part au monde), elles peuvent être corrigées et toutes les forces politiques sont en faveur de ces corrections.
L’audit du fichier constituait la principale revendication de l’opposition. A présent qu’elle ne peut plus s’accrocher à cette branche, que nous inventera encore l’opposition pour casser la sérénité retrouvée et propice à la marche vers les élections ? Des manifestations anti-Charlie qu’elle a détournées à la tentative de coup d’Etat déjouée récemment, en passant par le discrédit jeté sur les institutions, l’amalgame avec les affaires judiciaires, les différentes autres manœuvres de déstabilisation, l’opposition a suffisamment montré ces derniers mois qu’elle n’a pris aucune bonne résolution pour l’avenir. Elle nous surprendrait agréablement si, respectant la coutume, elle en prenait enfin une.
Maï Riga