Arrivée le weekend dernier à Niamey, la mission d’experts de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en charge d’auditer le fichier électoral nigérien, est à pied d’œuvre auprès de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Cet événement a une conséquence heureuse sur l’atmosphère politique, marquée ces derniers mois par la crispation. Michaelle Jean, la patronne de l’OIF, que l’on doit déjà féliciter pour la promptitude de sa réaction favorable à la demande de la CENI, mérite en plus la reconnaissance du peuple nigérien pour avoir du coup détendu le climat politique, faisant enfin espérer que l’on s’achemine véritablement et dans la confiance mutuelle vers des élections apaisées et crédibles.
L’audit international du fichier électoral était en effet la revendication majeure des partis membres de l’opposition. Ils s’y accrochaient comme à une bouée de sauvetage, après avoir tenté, en vain, de remettre en cause la légitimité et la crédibilité de la Cour constitutionnelle et de la CENI. Assoiffés de combats gagnés, ils ont présenté la requête de la CENI à l’OIF comme une victoire. Oubliant que c’est tout de même le Gouvernement, très bienveillant à l’égard de cette demande, qui l’a transmise avec diligence à l’OIF.
Comme dirait l’autre, il n’y a plus de problème : les organes électoraux sont consensuels et le fichier électoral sera corrigé si des anomalies lui sont trouvées.
En cette fin d’année 2015, le Niger traverse donc une période d’éclaircie, en attendant l’embellie durable : le débat politique de cette veillée de joutes partisanes tend au retour de la sérénité, bien qu’empoisonné encore par les démêlés judiciaires de certains leaders de l’opposition, qui s’invitent volontiers sur le terrain politique. Mais il est heureux de constater que là aussi, des changements positifs de mentalités sont observés : les partis, de la majorité comme de l’opposition, s’occupent de plus en plus de leurs propres affaires et non plus de celles des autres, sans doute parce que les alliances ne s’appliquent guère aux législatives qui s’annoncent. Sans doute aussi parce qu’il y a une réelle prise de conscience et une conviction que le dossier dit des bébés importés est bien réel, strictement judiciaire, et ne vaut pas le sacrifice d’un engagement politique à une coalition instrumentalisée au profit d’un individu qui n’a jamais su ni se tenir tranquille ni réussir ses calculs.
Malgré toutes les peurs brandies par l’opposition et l’inquiétude instillée dans l’esprit de la communauté internationale, le visage que présente le Niger en cette fin d’année 2015 est plein d’espérance : le président Issoufou confirme dans les actes ce qu’il a annoncé dans ses discours récents, en instruisant dans le bon sens et donnant sa bénédiction à toutes les initiatives qui mènent vers des élections inclusives et apaisées ; le Gouvernement, droit dans ses bottes, anime le dialogue politique et fournit les moyens nécessaires aux organes électoraux pour l’accomplissement de leur mission ; la CENI a l’agrément total de l’opposition et selon le vœu de celle-ci, se fait assister de l’OIF ; les partis politiques sont (enfin) tous en pré-campagne et le citoyen- finalement le seul souverain véritable – se prépare à arbitrer.
Plus personne n’a peur de l’imminence d’élections au Niger ? Nous l’espérons fortement.
Bonne année nouvelle à tous !
Maï Riga (Le Républicain du 31 décembre 2015)