Mamady Youla, jusqu’alors directeur général d’une compagnie minière, a été nommé premier ministre par le président Alpha Condé.
Il doit former un gouvernement « tourné vers la création d’emplois, la jeunesse et la reprise économique ».
C’est un quasi inconnu. Cinq jours après avoir été investi pour un deuxième mandat de cinq ans, le président guinéen Alpha Condé a suscité la surprise en nommant, samedi 26 décembre, Mamady Youla au poste de premier ministre. Loin des professionnels de la politique, le choix présidentiel s’est porté sur un économiste de 54 ans, acteur du secteur privé et minier guinéen.
Directeur général de la compagnie minière « Guinea alumina corporation » (GAC) depuis 2004, Mamady Youla est le principal animateur d’un vaste projet d’exploitation de la bauxite et de raffinage d’aluminium dans la région de Boké, au nord-ouest de la Guinée.
À la tête de cette compagnie, il a opéré son rapprochement avec une société des Émirats arabes unis, Emirates Global Aluminium (EGA) – qui y a même investi 5,8 milliards de dollars en 2013.
UN PORT EN EAUX PROFONDES D’ICI À 2022
Doter de ce nouvel investissement, la GAC sera équipé d’ici à 2022, de nouvelles infrastructures (ponts, routes), d’un chemin de fer adapté à une augmentation du trafic, d’un port en eaux profondes, d’une centrale électrique, d’un barrage hydraulique et d’une raffinerie. Un chantier extrêmement ambitieux à l’échelle de la Guinée.
Né en 1961 à Conakry, le nouveau premier ministre a suivi un cursus universitaire d’économiste qui l’a conduit de l’université d’Abidjan à un diplôme de 3e cycle en Banque et Finances au Centre d’études financières économiques et bancaires de Paris.
Avant d’être nommé à la tête de la GAC, il a occupé des postes dans la haute administration guinéenne et a même été, en 2003 et 2004, conseiller du premier ministre, chargé des questions économiques et minières.
UNE TRIPLE CASQUETTE AU SERVICE DU PAYS
De sorte que cet expert du secteur minier, et fin connaisseur du monde des affaires, n’est pas un novice dans la machine gouvernementale guinéenne. Une triple casquette qu’il va devoir mettre au service du développement économique de son pays.
C’est d’ailleurs ce qu’attend de lui le président, qui lui a demandé, par un communiqué officiel, de former un gouvernement « tourné vers la création d’emplois, la jeunesse et la reprise économique ».
Il y a urgence. Malgré sa richesse hydrographique et son potentiel minier (un tiers des réserves mondiales de bauxite), les 11,7 millions d’habitants de la Guinée vivent pauvrement comme en témoigne le classement de ce pays en matière d’indice de développement humain du programme des Nations unies pour le développement (Pnud) : 179e sur 187 pays en 2014.
LAURENT LARCHER
LaCroix.com