Il a suffi que la Commission nationale électorale indépendante « récusée » par l’opposition FPR demande un audit de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour que cette opposition et ses sbires de la société civile et des réseaux sociaux crient victoire.
Mais en réalité ce geste de la CENI pourrait être interprété comme un piège à l’encontre de l’opposition au regard du comportement de celle-ci tout au long du processus électoral. En effet, n’est-ce pas la même opposition qui a pris le monde entier à témoin que la CENI, le Comité pour l’élaboration du Fichier électoral (CFEB) et la Cour Constitutionnelle ne sont que des machins aux ordres du gouvernement ?
N’est-ce pas pour cette même raison que ces structures chargées des élections au Niger ont été récusées depuis belles lurettes par ces opposants devenus subitement amnésiques ?
A la vérité, la CENI demande un audit de l’OIF pour prendre l’opinion nationale et internationale à témoin de son indépendance mais aussi de la crédibilité du fichier en cause. Et en faisant savoir à l’OIF qu’elle tient strictement au respect du chronogramme, la CENI tient également au respect des délais constitutionnels pour la tenue des élections au Niger.
Ce que les opposants et certains analystes refusent d’envisager : et si l’OIf venait à confirmer ce fichier comme étant un fichier acceptable pour que les élections se tiennent dans les délais ?
Comment cela pourrait-il être autrement lorsqu’on sait : « A la demande de l’opposition, un comité chargé d’auditer le fichier électoral a été mis en place au sortir de la réunion du Conseil National du Fichier (CNF) tenue sous la présidence du Premier ministre. Le principe de ce comité paritaire (majorité, opposition, partis politiques non affilés) a été accepté, et les différentes parties prenantes ont désigné leurs représentants à part égales. »
C’est pourquoi côté pouvoir, il n’y a aucune inquiétude du moment où l’élaboration du fichier a été consensuelle sur toute la ligne. Et c’est plutôt l’opposition qui risque de perdre des plumes, elle qui est dans une logique de « boycott actif » des élections.
Pourtant, jusqu’au retrait de l’opposition du comité paritaire à la veille de la remise du fichier à la CENI, l’on se rend compte à l’évidence que l’opposition a presque oublié ses récusations en série des institutions chargées des élections, ses revendications initiales.
Selon certains observateurs avertis, l’OIF procédera simplement à un contrôle du travail abattu par des experts nationaux et un cabinet indépendant même si à la surprise générale des acteurs, l’opposition est en train de vilipender ce cabinet.
Au-delà du dilatoire de l’opposition, la lecture qu’on pourrait avoir du jubilé observé c’est juste une manière pour l’opposition de sauver la face car dans tous les cas les dés sont pipés, l’on s’achemine résolument vers la tenue des élections sur la base d’un chronogramme connu de tous.
L’opposition était dans une impasse réelle puisqu’elle devait choisir entre le boycott ou participer aux élections dont la tenue est devenue désormais inexorable dans les délais officiellement annoncés. Et d’ailleurs, malgré son dilatoire, l’opposition est véritablement en train de battre campagne. Le bureau politique du MNSD malgré tout reste sur la ligne de départ aux élections.
C’est dire qu’il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un chat après la demande de la CENI d’un audit de l’OIF. L’opposition doit plutôt craindre le ridicule pour une probable approbation du fichier électoral par l’OIF. Et par sa décision qui vient de faire un buzz, la CENI vient de mettre en évidence toute son indépendance. Le président Issoufou n’a-t-il pas dit qu’un échec de ces élections serait son échec personnel ?
La position du gouvernement est d’autant confortable que ce recours à l’OIF ne remettra pas en cause le chronogramme des élections. C’est en cela également qu’il faut saluer le courage de la CENI qui force l’admiration de tous pour cette décision on ne peut plus salutaire.
ELH. M. Souleymane