Alors que le Président du Parti, Seini Oumarou et ses partisans préparent leurs assises pour les 29 et 30 novembre prochain ici même à Niamey, Albadé et les siens fixent la tenue du congrès de leur congrès pour les 28 et 29 du même mois (c’est-à-dire novembre) dans la capitale (Niamey).
Vraisemblablement, on s’oriente vers un nouvel imbroglio judiciaire si les uns et les autres ne mettent pas de l’eau dans leur vin. Jusqu’où la crise va conduire « Le grand baobab » ? Il a fallu de peu pour que les deux fractions en conflit se retrouvent dans la même salle et le même jour, au Palais des congrès de Nia- mey avec les mêmes militants ou presque. Mais la dernière mesure, à savoir la suspension pour un an de Albadé et sa suite prononcée par Seini et les siens le samedi 2 novembre dernier est venue creuser davantage le fossé déjà abyssal entre les deux camps du parti. Et c’est le retour des démons de la division dans la grande famille Nassara avec des déclarations et des réunions interminables.
Chaque camp cherchant à ravir la vedette à l’autre. Après le ton donné dans la région de Maradi où l’on a procédé au renouvellement des structures MNSD camp Albadé/Abouba, Niamey et Tahoua ont emboité les pas avec la tenue de leurs conférences régionales tandis que dans le camp de Seini Oumarou, l’heure est à la propagande médiatique. Convergence dans les discours, convergence autour de Mamadou Tandja Dans les deux camps, on tient à l’endroit des militants, le même message : « nous partageons la même formation politique, nous devons nous retrouver tous ensemble au même endroit pour parler de nos problèmes identiques ».
Si comme ils le prétendaient tous, ils parlent d’un même et unique parti politique, la seule alternative qui s’offre à eux, c’est de revenir aux fondamentaux du parti. A l’occasion de tous les rassemblements organisés dans les différents endroits du territoire, l’on parle du MNSD-Nassara et pas d’un autre parti politique. Du congrès de Zinder de 2009 au mois d’août 2013, tous les caciques du parti étaient solidement attachés aux idéaux du MNSD et à la personnalité de son Président de l’époque, Tandja Mamadou.
Nul ne voyait le tort de l’autre. Mais, il avait fallu une divergence de vision d’esprit pour que le désordre s’installe. Faut-il voir en cela une lutte d’intérêt ? Et l’intérêt du parti dans toutes ces levées de bouclier ? Analysons par exemple la dernière polémique née de la convocation du congrès. Si Seïni Oumarou dispose des prérogatives de convoquer un congrès comme le stipule les statuts de 2009 à l’article 121, «le Congrès se réunit en session ordinaire tous les quatre (4) ans. Il se réunit en session extraordinaire à la demande du Président ou des deux tiers des membres du Bureau Politique National», il n’en demeure pas moins que le Secrétaire Général est l’animateur principal du parti et à ce titre, se charge de la distribution des convocations du congrès.
Si les dispositions de ces textes sont appliquées, l’organisation du congrès devait normale- ment regroupée les deux parties. Aussi, les animateurs de deux camps se réclament-ils d’un seul et unique père spirituel, Tandja Mamadou, « le vieux de l’aéroport » comme dirait l’autre. Le Vieux étant vivant et présent à Niamey, la consultation, la concertation et la participation devaient se faire autour et avec lui, conformément à la devise du parti. Enfin un dernier point de convergence entre les deux «MNSD-Nas- sara », c’est la justice. Quand les problèmes ont surgi avec le départ de certains caciques sous la conduite d’Albadé Abouba vers la renaissance, immédiatement la justice a été saisie pour se prononcer sur la question.
Se basant sur les statuts et règlement intérieur, elle tente de donner une réponse à ce conflit. La dernière décision en date est intervenue en août 2014, où la justice a réhabilité les exclus. A l’occasion, le secrétaire Général et ses amis ont organisé un meeting géant au Palais du 29 Juillet, rencontre au cours de laquelle, Albadé Abouba a clairement indiqué que «la justice nigérienne nous a remis dans la plénitude de nos droits et devoirs». Cette décision n’a jusqu’à présent pas été contestée par le camp de Seïni Oumarou.
Divergence autour de la participation au gouvernement de large ouverture Le seul point de divergence entre le deux camps, ce qui est à l’origine de la crise, c’est la participation au gouvernement d’union nationale ou gouvernement de large ouverture du président de la République Issoufou Mahamadou du 13 août 2013. En son temps, des débats houleux ont été faits entre les responsables. Des justifications aux récriminations, tout a été dit. Les uns justifient leur allé- geance au régime sur la base de la réunion du bureau politique du 25 juillet 2013 pendant que les autres expliquent que c’est plutôt les conclusions de la réunion du 12 août 2013 qui fait foi et qui empêche la participation du MNSD au gouvernement.
L’un dans l’autre, l’on peut comprendre la décision prise par les deux fractions. Dans tous les cas, même à ce niveau, dans le principe, ce n’est fondamentalement pas un point de divergence d’autant plus que c’est le parti en bloc qui a engagé les négociations. Mais dont l’issue a été diversement appréciée compte tenu des calculs politiciens. Dans le contexte actuel, la situation du MNSD est-elle comparable à celle du CDS-Rahama ? Ce parti, il faut le rappeler, a connu des soubresauts aussi.
Dans une certaine mesure non, puisqu’à la différence du CDS, le MNSD a convoqué deux congrès au lieu d’un. Quand les responsables du CDS ont voulu du congrès, le président du parti s’est inscrit dans la logique du refus. Ousmane n’a pas voulu sauver les meubles jusqu’au clash. Et, finalement, il en a tiré les conséquences. Le cas du MNSD est unique en son genre, car ce sont deux instances pour une même formation politique qui ont été convoquées et aux mêmes périodes. C’est plus compliqué à ce niveau. En cas d’une rupture totale entre les deux camps, qui en tirera profit ?
Il faut donc revenir dans la logique de la consultation, la concertation et la participation entre les fils et filles du Nassara. Cette tryptique chère au MNSD est-elle laissée aux oubliettes compte tenu des appétits gour- mands des animateurs du parti ? Si oui, alors, tous sont partis perdants et le parti perdra de sa popularité et de sa silhouette.
Ibrahim Amadou