Le Réseau Ouest Africain pour l’Edification de la Paix (WANEP-Niger) forme depuis ce matin à Niamey, 22 moniteurs communautaires venus de toutes les régions à l’Hôtel Univers. Animé par Mme Edwige Mensah, chargée du Programme Alerte Précoce (WANEP-Régional à Accra), cet atelier est placé sous le haut patronage du Président de la CENI, Mr Boubé Ibrahim.
Deux jours durant, du 12 au 13 octobre 2015, ces moniteurs communautaires seront formés sur la réduction de la violence électorale à travers le Système National d’Alerte précoce. Nul n’ignore que les violences ont émaillé les élections dans la région, ces dernières années.
Ce genre de formation vient à point nommé a déclaré Mr Ali Bouzou, Président du Conseil d’Administration du WANEP-Niger. Le renforcement des capacités des moniteurs communautaires rentre dans la dynamique du projet «Mitigation de la violence électorale en Afrique de l’Ouest via le Système National d’Alerte Précoce (NEWS)».
Ce projet est mis en œuvre pour une durée de 5 ans (20 février 2015 au 19 février 2020) avec un financement de l’USAID de 2,5 millions de Dollars américains. Il a été développé pour réduire les violences liées aux élections dans 5 pays de notre Région Ouest Africaine. Il se justifie par l’augmentation du niveau de violences et disputes électorales qui menacent la Région Afrique de l’Ouest déjà volatile. D’où l’importance du système d’alerte précoce pour garantir la paix.
La lutte pour le pouvoir démocratique dégénère en violents conflits préélectoraux et postélectoraux.
Les processus électoraux sont bafoués dans le but de maintenir au pouvoir par tous les moyens certains dirigeants en fin de mandats. Les élections constituent l’expression sans entrave de la volonté d’un peuple, rendant légitime un Gouvernement et lui donnant l’autorité de gérer les affaires de l’Etat. La légitimité qui résulte de vraies élections démocratiques réduit la tendance à utiliser des moyens non démocratiques et violents pour accéder au pouvoir.
Dans ce cadre, le WANEP veut demeurer ce canal de prévention de violence, avant, pendant et après les élections. Le risque d’affrontement pendant les campagnes électorales est élevé si les propos régionalistes continuent et prennent de l’ampleur, ceci conduit à une insurrection qui a une dimension nationale. Il ne faudra donc pas instrumentaliser l’ethnie en cette période pré-électorale.
L’Alerte Précoce est la collecte systématique et l’analyse de l’information sur des points sensibles et dont la vocation est d’anticiper le processus d’escalade dans l’intensité du conflit, de développer des réponses stratégiques à ces crises et de présenter des options d’action aux acteurs concernés afin de faciliter la prise de décision. C’est un système qui fournit des informations fiables et tangibles pour empêcher ou amoindrir les menaces à la paix et à la sécurité nationale, régionale et internationale.
Diverses situations peuvent créer des conflits au Niger :
– l’intolérance du discours politique (partis et organisations politiques) ;
– l’instrumentalisation et la partialité de la société civile ;
– les confrontations entre militants de partis politiques sont inévitables si les accusations entre partis, par personnes interposées, se poursuivent ;
– l’insuffisance dans le traitement de l’information électorale ;
– les possibles manquements dans le maintien de l’ordre ;
– les positions partisanes des responsables des institutions ;
– la mauvaise conduite du processus électoral par les acteurs chargé de l’organisation (CENI, CC, CSC, CFEB, Tribunaux, Administration, etc…) ;
– l’interférence des revendications de groupes sociaux (travailleurs, élèves et étudiants…) et le manque de veille et de prévention des crises traditionnelles (conflits entre agriculteurs et éleveurs) ;
– les menaces extérieures (groupes terroristes, ingérence extérieure), etc…
Moustapha Kadi