Plus les élections générales de début 2016 s’approchent, plus le ton monte entre les camps politiques en présence. Les meetings et autres assemblées générales se multiplient, les sièges s’animent, les déclarations succèdent aux motions et les états-majors de campagne se constituent. Un parti connu pour être toujours pressé (ce qui explique d’ailleurs ses trébuchements) a même déjà investi son candidat.
Cela, c’est la forme.
Les campagnes, c’est aussi des programmes. Et qui dit programme dit arguments.
Si beaucoup de partis politiques ne respectent pas ce minimum de convenance due au peuple, qui consiste à le mobiliser autour d’un projet de société, il y en a tout de même qui le font, et planchent donc actuellement sur le programme de campagne, ainsi que sur les images, slogans et arguments qui doivent le porter.
Du côté du pouvoir, on semble aborder cette échéance de manière plutôt aisée, en s’appuyant sur le bilan probant de l‘exécution du programme de Renaissance 2011-2015, avec tout ce qu’il ouvre comme perspectives pour les cinq prochaines années. Mais le camp présidentiel ne doit pas se laisser aller à l’euphorie des réalisations car pour le bon peuple, « ce qui est acquis est acquis » et ne peut servir d’argument central de campagne. En la matière, c’est toujours la nouvelle promesse qui compte et, comme le dit un chef d’Etat de la région, il est important de faire rêver le peuple. L’équipe du président sortant et candidat à sa propre succession se doit donc de tourner la page du « Guri » et montrer que Issoufou Mahamadou peut mieux faire, dans le cadre d’un contrat de confiance renouvelé avec les Nigériens.
L’opposition a plus de soucis à se faire pour sa présentation au-devant des électeurs, puisque d’une part elle n’a rien construit, d‘autre part elle ne s’est pas montrée, un seul instant, constructive. Au contraire, durant les cinq années de la législature qui s’achève, elle a excellé dans les actions de sape du régime, les tentatives de déstabilisation, la publication de rumeurs et de mensonges dans des medias aux ordres et des livres prétendument blancs, le jet de discrédit sur les institutions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le harcèlement de nuit des missions diplomatiques, le dilatoire dans le débat sur la composition et le fonctionnement du Conseil National de Dialogue Politique (CNDP), de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), de la Commission du fichier électoral biométrique (CFEB) et même de l’auguste Cour constitutionnelle. Un comportement pour le moins négationniste et nihiliste, que l’opposition aura du mal à présenter comme un bilan d’action en faveur d’un pays et d’une population qu’elle dit « aimer ».
Au « Kaa yi, mun gani mun godé (tu as réalisé, nous avons vu et disons merci)» crié -à titre provisoire nous a-t-on dit-au président Issoufou par les populations bénéficiaires du programme de Renaissance, qu’opposeront les militants de l’ARDR ? Il semble que mûrissent déjà dans les têtes, faute de mieux, des formules dans le genre « S’il vous plaît, votez pour nous, c’est notre tour », ou encore « Nous ne recommencerons plus » (en parlant de tort antérieurement causé au peuple). Les slogans sont en train d’être affinés et, bientôt, Inchallah, nous disposerons des résultats des cogitations finales des créateurs et des bureaux politiques.
En attendant les joutes de campagne et les scrutins électoraux eux-mêmes, la bataille des mots est engagée…
Maï Riga (Le Républicain du 1er octobre 2015)