Après la tenue des deux congrès, l’heure est désormais aux stratégies mais également aux spéculations. Ce qui est désormais sûr, les deux ailes antagoniques sont séparées en deux camps inconciliables. Quelles perspectives pour le futur du parti de l’ex Président Mamadou Tandja ? La plus grande formation politique du Niger de la décennie de l’après conférence nationale retrouvera-t-elle ses marques ?
Du moins, se maintiendra-t-elle encore dans la cour des grands ou bien ira-t-elle rejoindre le groupe des p’tits partis au pavillon du désespoir ? A plus d’un an des prochaines élections, on est encore loin des réponses aux questions ci-dessus posées. En attendant, l’analyse des discours et des actes est nécessaire ! Deux congrès, deux discours, deux hommes et deux personnalités totalement différentes Si Albadé Abouba a choisi le somptueux Palais des Sports pour les assises du congrès du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD Nassara), Seini Oumarou a préféré rassemblé les siens à quelques encablures de la capitale sur la route de Tillabéry, dans un jardin merveilleusement aménagé pour la circonstance.
Histoire sans doute pour « Petit soulier » (autre sobriquet de Seini Oumarou) de dire à la « Renaissance » qu’elle peut aller se faire cuire un œuf dans la campagne avec son Palais des Congrès, sa Maison de la Culture Diado Sékou et ses patati patata. Pour les deux rencontres, chaque camp a fait sa démonstration de force. Le Palais des Sports fut archicomble tandis que de l’autre côté, Seini Oumarou réussit également à faire le plein de son précieux jardin. Si d’un point de vue mobilisation des militants et folklore, chaque camp peut se prévaloir d’avoir gagné son pari, les discours furent totalement différents avec un seul dénominateur commun :
l’ex Président Tandja Mamadou. A propos justement du dénominateur commun, dans les deux camps, honneur et hommage ont été rendus à « Baba » (Tandja Mamadou) sauf que Seini Oumarou, dans son speech, s’est pratiquement plié en quatre pour ramper devant l’ex Président, illustrant parfaitement le grief de ses anciens (les partisans de son ancien challenger, Hama Amadou), qu’il n’est rien et ne deviendra rien sans le vieux Manadou Tandja. Pour le reste du discours, c’est la manifestation des contraires. Albadé Abouba a retracé la genèse de ce qui les a conduits au gouvernement de large ouverture, et Seini Oumarou, quant à lui, s’est appesanti sur la mauvaise gouvernance qui caractérise, selon lui, le régime de Mahamadou Issoufou, avec en filigrane le sempiternel refrain de l’opposition : le concassage des partis politiques.
Que peut-on retenir de deux challenges ? Au journal « Le Hérisson », nous percevons un Albadé, désormais prêt à prendre son destin politique en main et un Seini Oumarou toujours à la recherche de la « bénédiction » de l’ex Président Tandja prouvant ainsi son incapacité à assumer ses responsabilités de chef. Maradi, enjeu principal de deux camps Autre observation importante à l’issue de deux congrès, c’est la désignation de deux secrétaires. Pour le camp Albadé Abouba, c’est le député Sani Maigochi de Maradi qui prend le poste stratégique et convoité. Dans le camp de Seini Oumarou, c’est également un député de la région de Maradi qui est propulsé au Secrétariat Général. Ici, le choix est porté sur le président du groupe parlementaire ARN (Alliance pour la Réconciliation Nationale), Abdoul Kadri Tidjani.
Pourquoi un tel intérêt pour la région de Maradi ? Tout d’abord la région du Gobir-Katsina est depuis les dernières élections, le fief du MNSD Nassara, là où le parti de Tandja Mamadou a fait le plein avec de ses députés (17 députés). Ensuite, la région de Maradi, au regard de la densité de sa population, est un grand réservoir électoral convoité pratiquement par toutes les formations politiques. Enfin, c’est la capitale économique du Niger qui regorge de grands opérateurs économiques politiquement actifs. Quel camp va prendre le contrôle du principal fief du MNSD Nassara ? L’avenir nous édifiera.
Pour ce qui est des forces sur le terrain, il faut dire que sur les 17 députés que compte le parti de Mamadou Tandja dans Gobir-Katsina, sept (7) se sont déclarés membres du camp Albadé. Mathématiquement parlant, on peut dire que le camp de Seini Oumarou a le dessus avec ses 10 députés favorables. Cette différence de 3 députés se maintiendra-t-elle ? Permet-elle de conclure sur l’hégémonie du camp Seini Oumarou ? La balle est dans le camp de Sani Maigochi et Abdoul Kadri Tidjani.
Oumar Sanda