A peine entamées, comme en témoigne le récent séjour du ministre togolais des Affaires Etrangères, M. Robert Dussey, représentant du président Faure Gnassingbé, un des médiateurs désignés par la CEDEAO dans la crise au Niger, les négociations pour déterminer la durée de la transition font déjà l’objet d’interprétations tendancieuses.
A la manœuvre, selon un communiqué en date du 24 décembre 2023 du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et le Gouvernement, « les médias français, notamment RFI et France 24, pourtant suspendus de diffusion au Niger depuis le 3 août 2023 en raison de leur partialité et de la diffusion d’informations mensongères ».
Dans ce communiqué, le CNSP le Gouvernement de transition, considèrent les informations données par les médias français sur les négociations avec l’organisation ouest-africaine de « la désinformation orchestrée par les autorités françaises pour semer la confusion au sein de la population nigérienne et la diviser ».
Pour le CNSP et le Gouvernement, ces médias sont à n’en point douté, des « instruments de promotion de la politique étrangère de la France en Afrique » avant d’apporter un démenti catégorique aux « allégations mensongères » de ces deux médias français, relatives à un prétendu accord entre le Niger et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la durée de la transition.
Toute cette agitation, estiment-ils, est en vérité, « une entreprise de désinformation et d’intoxication des opinions savamment orchestrée par les autorités françaises à travers leurs médias au moment où les derniers militaires français viennent de quitter le territoire nigérien ». Et le communiqué de préciser que tout ceci vise à « distraire les nigériens en alimentant des polémiques stériles, pour les diviser et les amener à se désolidariser du CNSP et de son Gouvernement ».
L’occasion aussi pour le CNSP et le Gouvernement de rappeler que depuis leur prise de pouvoir le 26 juillet 2023, leur choix a été fait de « communiquer directement avec le peuple nigérien, notamment à travers des entretiens exclusifs accordés à des journalistes nigériens des médias publics ».
Le CNSP et le Gouvernement ont tenu également, à travers leur communiqué en date du 24 décembre, à réaffirmer l’engagement du Chef de l’Etat, le général de brigade Abdourahamane Tiani, à « prendre en compte les propositions du peuple nigérien souverain » et souligner que « la durée de la transition en cours sera déterminée dans l’intérêt du Niger et de son peuple, à travers un dialogue national inclusif ».
Pour rappel, notons que c’est lors de sa 64ème Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, tenue le 10 décembre dernier à Abuja au Nigéria, que l’organisation ouest-africaine a désigné le Président Faure Gnassingbé Eyadema du Togo et le Président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio comme médiateurs dans la crise au Niger. Ils ont pour mandat d’aider le Niger dans la recherche des solutions à cette crise, née des événements du 26 juillet 2023 qui ont précipité la chute du président Bazoum Mohamed.
Oumar Issoufa