Quatre jours après les propos tenus par le président français Emmanuel Macron sur la crise politique au Niger, lors de la réunion annuelle des ambassadeurs de France le 28 août dernier, telle une réponse du berger à la bergère, le CNSP et le gouvernement en place ont pris le contre-pied des allégations faites par le dirigeant français, fustigeant ce qu’ils qualifient d’ ‹‹ ingérence supplémentaire dans les affaires intérieures du Niger ››.
Rejetant en bloc ces allégations d’Emmanuel Macron sur le Niger, le CNSP et le gouvernement en place ont déclaré que celles-ci sont de nature à ‹‹ infantiliser les Chefs d’État africains en agitant, sans aucune prise en compte des différences entre les contextes nationaux et la psychose d’un risque régional de contagion de putsch militaire ››. Et de poursuivre qu’il pense ainsi les apeurer, en instrumentalisant la CEDEAO (Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest) afin de les obliger à adhérer au projet néocolonialiste d’un autre âge d’invasion du Niger.
Dans la même rhétorique, toujours en prenant le contre-pied des propos tenus par le président français, le CNSP et le gouvernement en place au Niger affirment que ceux-ci visent à ‹‹ fabriquer une division ethnique artificielle pour opposer les Nigériens les uns aux autres et créer les conditions d’un conflit interethnique ››, comme ce fut le cas dans certains pays africains.
Sur tout autre registre, parlant de la lutte contre le terrorisme, les nouvelles autorités nigériennes ont fait savoir que ‹‹ contrairement à la rhétorique macronienne qui consiste à dire que les militaires ont abandonné la lutte contre le terrorisme pour les privilèges du pouvoir à Niamey, nos Forces de Défense et de Sécurité sont plus que jamais engagées à poursuivre leur lutte acharnée contre les forces terroristes, d’ailleurs soutenues par la France qui prétendait jusqu’ici nous aider dans cette lutte ››.
Des propos qui, d’après le CNSP et le gouvernement en place, sont de nature à perpétuer à tout prix ‹‹ les relations patron-client auxquelles le régime défunt a assujetties le Niger, par rapport à la France ››.
Et de poursuivre que Monsieur Macron n’hésite même pas à présenter les anciennes autorités à la face du monde, comme ses marionnettes, en les justifiant le soutien qu’il leur apporte par leur ‹‹ engagement à l’international sur tous les agendas qui sont ceux de la France ››.
Lesquels propos visent par ailleurs, à faire perdurer ‹‹ une emprise néocoloniale sur le peuple nigérien qui ne demande rien d’autre que de décider désormais par lui-même de son destin ››.
À ce propos, le gouvernement en place et le CNSP ont réitéré que le différend qui les oppose au dirigeant français, porte plutôt sur ‹‹ la pertinence de la présence militaire française au Niger et l’établissement de relations respectueuses et mutuellement bénéfiques ››.
Enfin, s’opposant à tout paternalisme et à tout interventionnisme d’une époque à jamais révolue, le CNSP et le gouvernement en place entendent œuvrer pour l’établissement ‹‹ d’un ordre nouveau gagnant-gagnant et respectueux de la dignité de tous les peuples et de la souveraineté de tous les États ››.
Koami Agbetiafa