Les musulmans pieux qu’étaient certains leaders de l’opposition politique regroupée au sein de l’ARDR, ont dorénavant les yeux tournés vers les mânes de leurs ancêtres. Ils reviennent aux croyances animistes de leurs aïeux, pour qui la réincarnation et le mythe de l’histoire qui se répète étaient des valeurs fondamentales. En créant le tout nouveau FPR (Front patriotique et républicain, à ne pas confondre avec le parti rwandais de Paul Kagamé, qui lui ne fait que du bien), ils s’arc-boutent à l’idée selon laquelle les mêmes causes produisent les mêmes effets. Immanquablement. Ils espèrent que le FPR aura raison du régime de Issoufou Mahamadou, comme le FRDD avec le système issu du hold-up électoral de feu le général Baré, ou la CFDR avec le président Tandja et sa lamentable tentative de prolongation dite « Tazarcé ». Après avoir essayé et épuisé toutes les méthodes déloyales pour parvenir au pouvoir, ou à tout le moins déstabiliser fortement le régime en imposant si possible une cohabitation au Président Issoufou, ils se mettent à rêver qu’il suffit de créer un front dit de restauration démocratique pour se remettre sur pieds.
Mais il n’y a pas de démocratie à restaurer au Niger, comme ce fût le cas en 1999 et en 2009. La démocratie est bien réelle chez nous, il n’y que des groupements politiques qui n’acceptent pas d’en jouer le jeu.
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Le FPR sera tout au plus un feu de paille, car les Nigériens ne veulent plus être divertis dans leur marche vers les élections générales de début 2016. Ils savent que c’est là la voie de la sagesse, de la paix et de la quiétude sociale. Ils comprennent aisément que ceux qui, au lieu de se mettre à l’œuvre sereinement au sein des commissions mises en place pour élaborer le fichier électoral et organiser les élections, s’activent à démolir, discréditer ou récuser les institutions, ne veulent pas le bien du Niger.
En quête d’un chaos fort improbable, le FPR, ex-ARN, ex-ARDR, s’en remet maintenant aux fétiches et espère bien que l’usage du mot Front dans sa nouvelle appellation portera bonheur et victoire.
On savait depuis longtemps que certains leaders de l’opposition étaient accros aux fétiches, les plus prisés de ces derniers étant ceux du Gourma, réputés infaillibles. Mais, nonobstant tout le respect que nous devons à nos compatriotes du Gourma et à la liberté de croyance consacrée par nos textes fondamentaux, nous notons que les fétiches n’ont pas toujours raison. S’ils ont été mobilisés avec un succès relatif en 2000, dans le but d’endormir le Président « pendant que le PM vole », cela n’a pas empêché à Tandja de se réveiller brusquement et de reprendre les rênes de son pouvoir. Ils n’ont pu également éviter que leur abonné de PM soit brutalement destitué en 2007 par sa propre majorité puis envoyé au tristement célèbre bagne de Koutoukallé.
Sollicités avec une rare ferveur en 2011, les fétiches n’ont pu assurer la présence de leur candidat au deuxième tour de l’élection présidentielle.
En 2013, ils ont été particulièrement décevants : la cohabitation n’a pas été imposée au président de la République, contrairement à ce que présageaient les divinations opérées pour préparer l’adieu à la mouvance présidentielle.
L’on s’en rend aisément compte, le pouvoir des fétiches au Niger, c’est comme le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma : il faudra attendre encore…
Maï Riga