An II du Président Bazoum Mohamed :  l’économie nigérienne sous de meilleurs auspices

L’arrivée au pouvoir de S.E.M Mohamed Bazoum en 2021 avait suscité quelques réserves, voire des craintes dans sa capacité à poursuivre le redressement du pays, enclenché depuis plusieurs années, auprès de nombreux concitoyens. Et pour cause. Malgré son potentiel de développement, le Niger continue de faire face à une crise sans précédent. Aux enjeux de développement préexistants s’ajoute aujourd’hui une crise multiforme, sécuritaire, humanitaire et environnementale. Cette crise prend aussi racine dans les inégalités et un sentiment d’injustice profondément ancré, en particulier chez les jeunes. Les inégalités sont criantes et se manifestent dans tous les domaines de la vie. Deux ans plus tard, ces interrogations semblent se dissiper, laissant ainsi place pour l’essentiel à de l’espoir, notamment sur le plan économique.

Accent mis sur la continuité de l’action gouvernementale

La continuité de l’action gouvernementale, principe selon lequel un gouvernement doit honorer les engagements pris par le gouvernement qui l’a précédé a été pendant longtemps, dans une certaine mesure, un des Talons d’Achille du fonctionnement des gouvernements au Niger. Et cela n’a pas été sans conséquence pour la bonne marche du pays vers le progrès. Le pays continue, en effet, d’accuser des retards importants dans de nombreux domaines et cela se traduit par des contreperformances dans les indicateurs en termes de développement humain. Cette situation semblerait toutefois révolue avec l’arrivée de S.E.M Mohamed Bazoum à la magistrature suprême en avril 2021. En effet, « consolider les acquis du travail accompli aux cours de ces dix dernières années (…) » semble être le leitmotiv du Président de la République. En plus de mettre l’accent sur la continuité et la consolidation des acquis, le Président de la République essaie de tirer le maximum, les enseignements des quinquennats précédents pour mieux répondre aux innombrables défis d’ordre économiques auxquels le Niger continue à faire face. Ainsi, il s’est résolu à « (…) avancer vers de nouveaux objectifs tels qu’ils découlent des enseignements critiques que nous avons retenus de notre expérience bien plus complexe que les idées aux moyens desquels nous l’avions abordée. »

Des résultats encourageants

Développement du capital humain, emploi des jeunes, inflation, inégalité, pauvreté… les attentes de la population sont nombreuses et celle-ci s’empresse à ce que la donne change « rapidement ». Simplement, si cette demande semble légitime, elle semble de loin réaliste dans un horizon court. Cependant, le Président Bazoum et son gouvernement, loin de se résigner, ne ménagent aucun de leurs efforts pour changer favorablement le quotidien de nos concitoyens à travers des mesures s’inscrivant sur divers horizons.

Pour ce faire, le gouvernement ne cesse de s’investir dans la mise en œuvre des orientations stratégiques de la Déclaration de Politique Générale (DPG) opérationnalisant les engagements de S.E.M Mohamed Bazoum. Deux ans plus tard, les résultats obtenus emblent encourageants dans les domaines suivants, sans doute non-exhaustifs.

Le capital humain, une question clé du quinquennat 

Pour la Banque Mondiale, les pays qui n’investissent pas suffisamment dans leur capital humain, le prix de l’inaction est de plus en plus lourd. Sans capital humain, une nation ne peut pas maintenir une croissance économique durable, préparer sa main-d’œuvre aux emplois plus qualifiés de demain ni soutenir la concurrence dans l’économie mondialisée. Très conscient du retard considérable que connaît le Niger dans ce domaine, le Président Bazoum en a fait une question très importante de son quinquennat. S’il est trop tôt pour évaluer l’efficacité globale de l’ensemble du dispositif déployé pour améliorer la donne, il n’en demeure pas moins que les premiers résultats sont encourageants depuis avril 2021. En effet, on note une amélioration de la libération des crédits de quatre (4) points de pourcentage, pour s’établir ainsi à 85% en 2022 contre 81% un an plutôt. En outre, le fait de mettre un accent particulier sur des secteurs favorisant un développement soutenu du capital humain a permis quelques améliorations, selon le « Rapport sur la performance de l’action gouvernementale 2021-2022 » :

  • Education: Les indicateurs de l’enseignement supérieur ont connu des progrès. Cela est le résultat des actions de renforcement des infrastructures, du cadre de recherche et du personnel enseignant ainsi que de la qualité du dialogue social avec les partenaires de l’éducation. Le taux de réussite au Brevet de Technicien Supérieur (BTS) d’Etat a enregistré 10,4 points de pourcentage pour s’établir à 61,5% en 2022. En outre, le nombre d’étudiants est passé de 89.472 en 2021 à 90.713 en 2022.
  • Santé : Les conditions d’offre des soins et services de santé sont améliorées au cours de la période. En effet, le taux de couverture sanitaire a progressé de 1,79 point de pourcentage par rapport à 2020, pour s’établir à 54,47% en 2022.
  • Jeunesse, sports et cadre de vie : L’analyse globale des résultats du secteur révèle des améliorations. En effet, le nombre d’élèves Post CM2 inscrits dans les CPJ est passé de 3.455 en 2021 à 3.527 en 2022. Pour le cas spécifique des filles, la proportion d’inscrits dans les CPJ a progressé de 1 point de pourcentage pour s’établir à 44% en 2022. De même, le nombre d’apprenants déscolarisés et non scolarisés dans les CPJ a progressé significativement sur la période.

L’emploi des jeunes, une priorité absolue

La jeunesse représente près de deux tiers de la population nigérienne. Son insertion dans le monde du travail reste un véritable défi au quotidien pour les autorités et nécessite par conséquent une attention particulière. De surcroît quand on sait que les jeunes hommes et femmes sont des moteurs essentiels de la croissance inclusive et du développement durable. Lorsque les jeunes sont engagés et autonomisés, les sociétés sont plus solidaires et résilientes et les démocraties plus dynamiques.

Pour mieux « faciliter l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, plusieurs sessions de renforcement de capacités des acteurs ont été organisées. Il convient de souligner notamment la formation de 928 groupes de jeunes, 26.393 jeunes en compétence-vie, 15.943 jeunes en micro-entreprenariat et appuyés en capital ou en équipement, 320 jeunes dans le cadre du Contrat de Reconversion Professionnelle (CRP), 80 jeunes dans le métier des BTP, 40 jeunes aux initiatives d’auto-emploi et 40 jeunes dans le métier d’aide cuisinier.

De plus, 1.153 jeunes ont été placés en stage dans des entreprises, 1.699 jeunes ont bénéficié des services communaux d’emploi, 6.626 autres que les bénéficiaires ont utilisé les services communaux d’emploi et 1.006 jeunes ont reçu un ensemble intégré de services d’appuis transversaux (…) ».

Une inflation relativement maitrisée

Malgré le fait que le Niger traverse une période critique de son histoire contemporaine, avec une succession de crises qu’il connaît, il reste l’un des pays de la zone UEMOA où l’inflation semble la mieux maîtrisée, selon les données des instituts nationaux de la statistique de la zone. En effet, « le taux d’inflation a progressé de 1,3 point de pourcentage pour s’établir à 4,2% en 2022. Cette situation est essentiellement imputable à la hausse des prix des produits importés du fait notamment des tensions géopolitiques internationales et de la crise du COVID-19 qui ont perturbé les flux du commerce ainsi que du déficit agricole enregistré en 2021. Néanmoins, le taux d’inflation reste inférieur à la moyenne enregistrée dans l’espace UEMOA (7%) en 2022. Les opérations de ventes à prix modérés des céréales, de distributions gratuites des vivres et de cash transferts entrepris par le Gouvernement ainsi que l’amélioration de l’offre des produits maraîchers ont permis de contenir le coût de la vie ».

Cette relative maitrise a été rendue possible grâce à un certain nombre de mesures ou réformes ayant permis à l’Etat de dégager des ressources supplémentaires lui permettant d’intervenir de manière ciblée et efficace pour contenir la hausse des prix.

Economie la plus dynamique de l’Afrique subsaharienne en 2022

La dynamique de croissance de l’économie nigérienne se poursuit, malgré la persistance des chocs exogènes. Après une légère croissance de 1,39% enregistrée en 2021 du fait de la baisse de la production agricole, l’économie nigérienne croîtrait de 11,51%1 (11,1 selon le FMI) en 2022. Cette performance serait liée à une bonne campagne agricole caractérisée par une hausse de 73,3% de la production agricole pluviale et de 3,9% de la production irriguée. Le secteur agricole bénéficie de plus en plus de la modernisation de l’agriculture avec notamment l’introduction de nouvelles techniques et variétés plus résilientes aux chocs climatiques. La croissance du secteur tertiaire (4,7%) est tirée par les activités de communications, de transports et autres services marchands. Quant au secteur secondaire, il a connu une contreperformance en lien avec le repli des activités manufacturières et extractives.

La consolidation budgétaire, priorité de l’Etat nigérien

Assainir les finances publiques pour mieux faire face aux conséquences et aux pressions futures sur les dépenses publiques reste une priorité du gouvernement. En effet, selon la Coface (2022), « le déficit budgétaire devrait s’alléger en 2023 grâce à la consolidation budgétaire soutenue par le FMI dans le cadre du programme associé à la facilité élargie de crédit de 276 millions de dollars conclue en décembre 2021 pour trois ans avec les autorités nigériennes. Les recettes, celles associées aux droits de Douane et à la production pétrolière, mais aussi en lien avec la dématérialisation et la numérisation de leur collecte, devraient augmenter. L’effort devrait être moindre sur les dépenses, compte tenu de la persistance des urgences sociales et sécuritaires (20% des dépenses pour la défense). Dans ce contexte, marqué par le maintien du coût élevé des importations alimentaires et l’inquiétude sécuritaire, le processus d’assainissement budgétaire risque d’être retardé. Le déficit restera financé essentiellement par des prêts concessionnels et des dons des organisations et pays partenaires. La dette publique, composée à 70% de dette extérieure demeurera élevée, notamment en raison des arriérés de paiement de la campagne agricole de 2021. Elle devrait cependant se stabiliser en 2022, puis légèrement baisser en 2023. Le déficit de la balance courante devrait aussi s’alléger en 2023 après s’être creusé en 2022. Le déficit commercial devrait se réduire du fait de la hausse de l’exportation de pétrole liée à la mise en service de l’oléoduc Niger-Bénin, mais aussi en raison de la reprise timide des ventes d’or et d’uranium, malgré la production stagnante liée à de l’insécurité et à l’épuisement des mines d’uranium, en raison des cours favorables. Au niveau des importations, les coûts devraient diminuer en raison du repli des prix mondiaux de l’alimentation. L’excédent des revenus secondaires retombera progressivement à mesure que les aides extérieures diminueront, alors que le déficit des revenus primaires se maintiendra en lien avec le rapatriement des bénéfices par les entreprises étrangères confortées par la croissance ».

La diplomatie économique : une priorité politique

La diplomatie Nigérienne s’est illustrée à travers les conférences, les réunions bilatérales, les visites bilatérales et la tenue des Commissions-Mixtes de Coopération, ainsi que la coopération au développement. C’est ainsi qu’au total, 140 rencontres ont été enregistrées au cours des deux années consécutives. Pour le cas spécifique des diplomaties économique, sécuritaire et environnementale, ces rencontres se répartissent comme suit : (i) 22 conférences sous-régionales et internationales, 3 réunions bilatérales, 1 réunion Afrique-Japon et 10 visites bilatérales sur l’économie, (ii) 22 conférences sous-régionales et internationales, 8 réunions bilatérales et 8 visites bilatérales sur le plan sécuritaire et (iii) 9 rencontres sous-régionales, continentales et internationales et 1 visite bilatérale sur l’environnement. Le Niger a également organisé le double Sommet de l’Union Africaine sur l’Industrialisation et la Diversification Economique ainsi que sur la ZLECAf. De même, 11 Commissions-Mixtes bilatérales et multilatérales ont été tenues dans le cadre de la coopération au développement.

L’essentiel des événements ci-dessus a contribué sans doute à la promotion des intérêts économiques du Niger.

Ainsi, la diplomatie économique nigérienne poursuit plusieurs objectifs : i) soutenir nos entreprises à exporter sur les marchés extérieurs ii) attirer vers notre pays des investissements étrangers créateurs d’emplois, iii) Etc. Les ministres sont pleinement investis dans cette mission et traitent du sujet économique à chacun de leurs déplacements. Nous avons en mémoire la récente participation du Premier Ministre au forum Afrique 2023 de Paris. Un évènement pendant lequel S.E.M. Ouhoumoudou Mahamadou a exhorté les investisseurs à venir investir massivement au Niger, pays qui regorge de nombreux atouts. En effet, pays multiculturel, il constitue une terre de contact entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord. Il fait partie de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et est membre de l’Union économique et monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).

Riche en ressources naturelles minières (or, charbon, pétrole, uranium…) et d’une population jeune, ouverte au monde et ambitieuse, le Niger entend bâtir une nouvelle vision portée par une politique fondée sur une claire volonté de transformation structurelle de l’économie à travers la mise en œuvre des projets structurants à tous les niveaux pour réduire la pauvreté et les inégalités.

Le pays jouit également d’une stabilité politique, fruit d’une transition politique pacifique opérée en 2021 au Niger et qui devra [continuer à] être bénéfique pour le pays à travers l’accroissement des flux d’IDE entrants dans les années à venir ; ces types d’investissement étant essentiels pour le développement des capacités productives et des infrastructures, et donc pour des perspectives de reprise durable.

En définitive, si les progrès précédemment évoqués sont salutaires, il n’en demeure pas moins que beaucoup reste à faire pour rendre le pays plus performant sur le plan économique, et améliorer, par ricochet, significativement le bien-être de la population. D’où l’importance de poursuivre les réformes visant, entre autres, à pérenniser les acquis précédemment cités, lutter davantage contre la corruption et le détournement des deniers publics, mais aussi exploiter les ressources pour créer des opportunités et des emplois décents pour la population et stimuler davantage la croissance économique, et espérer, à terme, monter sur le podium des économies les plus importantes de l’UEMOA, voire de l’Afrique.

ADAMOU LOUCHE IBRAHIM

Economiste

@ibrahimlouche

Niger Inter Hebdo N°107 du mardi 25 Avril 2023