Et la messe a été dite par Me Souley Oumarou !

« Bissi Millahi Rahamani Rahim Grâce à Dieu le tout Puissant le Miséricordieux. Dans quelques mois, Incha Allahou, les Nigériens verront bientôt la fin des dures épreuves que leur ont imposées pendant bientôt cinq (5) ans, les autorités de la 7ème République. Pour conjurer le sort que leur réserve Dieu et le vaillant peuple Nigérien auquel ils n’ont jamais cru, ces autorités cherchent à créer les conditions de leur auto-élection. »

Une prophétie anachronique ? Ce sont là les propos liminaires du point de presse de Me Souley Oumarou, doyen des avocats du Niger, ancien dissident du PNDS TARAYYA, président du MDC YARDA. Dans un accoutrement semi ibo, le rapporteur général de l’ARDR a cru bon de recourir à la formule politicienne post Conférence nationale qui consiste à introduire un speech par « Bismillahi » pour faire sérieux et toucher la sensibilité du peuple. Ce « bismillahi » qui résonne comme une profession de foi, on le sait, donne de la gravité et de la crédibilité aux propos.

Mais très certainement, « Cheikh » Souley Oumarou a trahi son sermon en considérant que l’affaire des bébés importés est « chimérique ». Quel sacrilège ! En voulant prendre à témoin ce peuple très attaché aux valeurs islamiques, Me Souley Oumarou ne se rend pas compte de sa bévue méprisant l’esprit du peuple nigérien. En effet, même si son client et ami politique du moment est présumé impliquer dans cette affaire des bébés importés, la majorité des nigériens ne doutent plus de la véracité des faits du moins pour certains mis en cause contre lesquels les révélations ont été ahurissantes pour l’opinion nationale et internationale.

Et d’ailleurs, l’argumentaire de Me Souley et compagnie bien que fondé sur le droit positif, apparait comme une véritable chimère aux yeux des musulmans du monde entier. Selon Me Souley et le consortium d’avocats de Hama Amadou se réfugiant derrière une ancienne loi française même si le trafic des bébés est avéré, si l’Etat du Nigeria ou les mères biologiques des bébés ne portent pas plainte alors personne n’a le droit à redire quoi que ce soit. Me Souley garantit ainsi l’impunité à son client au détriment du droit à la justice et de l’égalité des citoyens devant la loi qu’il aimerait bien dénoncé dans son combat politicien.

C’est dire que le rapporteur général de l’ARDR n’est pas à une contradiction près en ce sens que l’éthique musulmane ne rime pas avec la triche et le travestissement du genre humain pour s’octroyer la paternité des enfants à volonté. Et cette vérité doit être entendue comme telle par Hama Amadou qui demande aux journalistes étrangers d’aller demander « n’importe quel marabout » que la femme serait habilitée islamiquement à « fabriquer » des bébés n’importe comment et le mari serait un réceptacle de ces rejetons dignes d’une génération spontanée.

Là où on s’attendait à l’expertise de Me Souley Oumarou, c’était à propos de la récusation de la Cour Constitutionnelle par l’ARDR. Mais ici aussi son sacrement a laissé les nigériens sur leur soif du moment où en lieu et place des arguments juridiques dignes d’un jurisconsulte, il nous a servi de la pire rhétorique politicienne se référant un autre contexte qui est loin d’être une référence par rapport à la situation actuelle.

A ce sujet, il sermonne en ces termes : « Selon le régime actuel, l’Article 135 de la Constitution a déclaré que la Cour Constitutionnelle ne peut être dissoute, laquelle disposition ne peut être suspendue. Mais cette revendication de disqualification de la Cour Constitutionnelle n’est pas nouvelle. En 1998, l’opposition de l’époque (FRDD) avait pris à partie la Cour Suprême et en particulier ALI BONDIARE, HAMA ALGINY et même SOLI ABDOURAHAMANE. Par une déclaration en date du 1er Juillet 1998, le FRDD avait demandé et obtenu le remplacement des membres de la Chambre Constitutionnelle de la Cour Suprême par de nouveaux membres Soucieux du respect du droit et de leur Serment et Jouissant de la confiance des deux parties, à savoir le Gouvernement et la Majorité. »

On le sait, comparaison n’est pas raison, et comme l’a dit le socialiste Jean Jaurès : « Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots ». Et espérons que le socialiste Me Souley a bien compris le sens de l’histoire à savoir que tout est rapport de force et que l’histoire n’est pas statique. Elle est dynamique. Elle est mouvement. Encore faut-il sortir de ses lubies pour transformer la réalité car les politiciens de salon – qui s’octroient 70% du peuple – ne rassurent nullement le quotidien du peuple dont les préoccupations se nomment résolument … développement socioéconomique.

ems