Tribune : Défendre une cause noble est un marathon et non un sprint

 

 

« Le monde est en perpétuelle évolution », c’est une phrase que nous lisons ou entendons presque chaque jour, mais les difficultés, les incertitudes et les inquiétudes persistent. Les revendications, les réflexions, les déclarations et les propositions pour l’édification d’un monde meilleur ne finissent pas. Pourtant, une majorité écrasante de personnes se décarcassent pour gagner leur maigre pitance. Leur quotidien est fait de galère et de calvaire. Ils vivent dans une misère ambiante ; leur vie est un véritable enfer sur terre. En outre, la générosité et la solidarité ont cédé la place à la cupidité et l’inhumanité. Le bien-être, le vivre-ensemble, la paix et l’avenir sont compromis et menacés. Telle est aujourd’hui, la triste réalité de notre monde.

 

Heureusement qu’il existe encore des hommes et des femmes pragmatiques, désintéressés, conscients et conséquents qui ne restent pas indifférents face à cette situation. Ils font preuve d’un engagement indéfectible et s’organisent pour changer positivement les choses.  Leur idéal est de créer les conditions pour que les hommes et les femmes vivent dans une société où tous les droits et les libertés sont garantis ; une société prospère et juste où les citoyens sont maîtres de leur destin. C’est une cause noble, mais ce n’est pas chose aisée.

 

En effet, pendant que certains se sacrifient pour l’intérêt général, d’autres ne pensent et n’agissent que pour des intérêts particuliers. Cette dichotomie exacerbe l’antagonisme entre les tenants du changement et ceux du maintien du statu quo. C’est ainsi qu’il y a des progressistes, des réactionnaires, des populistes, des sectaires, des confusionnistes, des opportunistes, etc. Le Niger n’échappe pas à cette réalité. Son évolution socio-politique récente a permis de lever le voile sur cet aspect. Comme il faut de tout pour faire un monde, il revient aux citoyens de distinguer le bon grain de l’ivraie. Ce qui n’est pas toujours évident.

 

En réalité, à l’étape actuelle de l’évolution socio-politique du pays, les conditions de l’acquisition d’une conscience de classe et d’une conscience politique par le plus grand nombre ne sont pas réunies. Il reste encore du chemin à parcourir. C’est pourquoi les contradictions idéologiques dans le débat démocratique sont nécessaires. Cependant, les différents acteurs de la démocratie ne doivent pas perdre de vue qu’ils ont le devoir de mettre à profit la stabilité, les acquis et avancées démocratiques actuels pour faire face aux défis du développement.

 

Les réflexions et les actions doivent nécessairement s’inscrire dans une logique du respect des principes de la démocratie. Le contexte actuel qui permet l’exercice des droits, la jouissance des libertés, qui encourage la confrontation des idées et la compétition autour des programmes politiques est un atout majeur pour notre pays qu’il faut préserver et renforcer.

 

L’œuvre d’édification d’une société où les intérêts et les aspirations du peuple sont sérieusement pris en compte est un marathon et non un sprint. Pour y parvenir, iI faut savoir analyser et canaliser les étapes. Ainsi, le parachèvement de notre processus démocratique est crucial ; chacun doit jouer loyalement sa partition. Nonobstant ses hauts et ses bas, ça fait aujourd’hui trente-trois ans qu’il poursuit son petit bonhomme de chemin, grâce à la manifestation pacifique de l’Union des Scolaires Nigériens(USN) du 09 février 1990 qui a été réprimée dans le sang. Cette date mérite de figurer en bonne place dans les annales de l’histoire socio-politique du Niger.

 

Ayons aujourd’hui une pensée pour nos compatriotes qui ne sont plus de ce monde et qui ont joué un rôle de premier plan dans le processus de démocratisation de notre pays. C’est aussi l’occasion de rendre un vibrant hommage à tous ceux qui ont consenti des sacrifices pour que nos citoyens vivent dans un Niger où les pratiques démocratiques sont autorisées et encouragées.

Zakaria Abdourahaman