L’affaire de détournement des fonds à la Banque Agricole du Niger (BAGRI), mise à nue par la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) sur instructions du président de la République, Mohamed Bazoum, commence à livrer progressivement ses secrets. Pour l’heure, six (6) personnes sont arrêtées pour un détournement d’environ cinq (5) milliards de Fcfa qui s’effectuait, depuis 3 ans, à travers des mouvements financiers frauduleux.
Il s’agit de quatre (4) responsables de la banque, à savoir le Directeur général de la BAGRI, Maman Lawan Mossi, le Directeur des affaires financières (DAF), Mayaki Aboubacar, le Directeur commercial, Issoufou Boureima et le chef d’Agence Plateau, Mahamadou Afizou Sita ainsi que deux (2) de leurs complices, un planton de la BAGRI et un électricien en service à l’Assemblée national, sur les comptes desquels sont logés les fonds détournés. Tous les six (6), apprend-on, ont été placés sous mandat dépôt par un juge du pôle économique et judiciaire à qui le dossier a été confié.
A en croire des sources proches du dossier, c’est le Directeur général de la banque, Maman Lawan Mossi, qui est le principal cerveau dans la création de ce vaste réseau de corruption, de trafic et de détournement des fonds publics, à travers lequel lui et ses complices dépouillaient les caisses de la BAGRI.
C’est à travers divers procédés frauduleux, indique-t-on, que ce « réseau de malfrats », dirigé en personne par le Directeur général de la BAGRI, Maman Lawan Mossi, faisait main basse sur des fonds publics.
L’un des procédés mis en place par le DG et ses complices consistait à accorder des prêts à des tierces personnes sans aucune garantie. Par ce moyen, apprend-on, « ce sont des dizaines de milliards de Fcfa de prêts qui ont été accordées ». A travers ce mécanisme, ce qui importe le plus pour eux, « ce sont les commissions qu’ils auront à empocher », explique-t-on.
De même, l’on apprend que le réseau du DG et de ses complices, exigeait de chaque client qui introduit une demande de visa, « le versement d’au moins 20% du montant demandé ». Le pot de vin est ensuite reversé dans un des comptes ouverts au nom du planton de la BAGRI ou de l’électricien de l’Assemblée nationale. Aussi, pour une opération de retrait, le client est obligé de verser une commission pour toucher son propre argent déposé à la BAGRI.
Dans leurs manœuvres qui se font à travers divers subterfuges, le DG de la BAGRI et ses complices dans le détournement des fonds de la banque ne lésinent sur aucun moyen pour capter suffisamment des ressources qui devaient en principe, servir à accompagner les producteurs agricoles à moderniser leurs activités, à accroitre leur production et à devenir compétitifs partout où ils exposent leurs produits.
Au regard l’énorme tort causé à l’Etat dans ce détournement massif à la BAGRI, le président de la République n’entend pas faire de cadeau à tous ceux qui se sont compromis dans cette affaire. L’Etat étant l’actionnaire majoritaire dans le capital de la BAGRI usera de tous les moyens pour se faire rentrer dans ses droits. C’est dire que les auteurs et tous les complices de cette gabegie subiront sans ménagement les rigueurs de la loi afin que les producteurs puissent valablement bénéficier du soutien de l’Etat, à travers les fonds logés à la BAGRI pour rentabiliser leurs activités.
D’ores et déjà, selon nos sources, certains hommes d’affaires véreux qui se sont salis dans cette affaire ont déjà commencé à rembourser les fonds spoliés. Aucune intervention, d’où qu’elle vienne ne sera tolérée dans la gestion de ce dossier.
Oumar Issoufa
Niger Inter Hebdo N° 96 du mardi 10 Janvier 2023