La présence de Wagner en Afrique défraie la chronique. Si certains pays du continent s’assument à cor et à cri de l’avoir accueilli sur leurs sols, cas de la Centrafrique et du Mali, le Burkina Faso, pour sa part, veut être le plus discret possible. En effet, il l’a fait savoir quand Nana Akufo-Addo, président du Ghana, a dévoilé l’accord que le Burkina aurait conclu avec le groupe de sécurité privé russe.
« Aujourd’hui, des mercenaires russes sont à notre frontière nord. Le Burkina Faso a maintenant conclu un accord pour aller de pair avec le Mali en employant les forces Wagner sur place », a déclaré le Chef de l’Etat ghanéen.
Wagner aurait même reçu une mine dans le sud du Burkina Faso en contrepartie de ses services, a-t-il précisé, alors qu’il se prononçait sur l’insécurité en Afrique de l’Ouest, la prolifération des groupes terroristes et la tendance à fomenter des coups d’Etats pour y faire face. C’était lors d’une rencontre avec le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, pendant que se tenait le sommet Etats-Unis – Union Africaine.
Les autorités burkinabè se sont senties choquées par les propos du président ghanéen sans se prononcer via des canaux officiels. Ce sont des propos « très graves », ont toutefois indiqué certains officiels. Les militaires au pouvoir à Ouagadougou ont tout simplement convoqué l’ambassadeur du Ghana accrédité sur leur sol pour consultation mais n’ont publié aucun communiqué sur le sujet.
Le président ghanéen n’est pas le seul à se prononcer sur l’éventualité d’une présence du groupe de sécurité privé russe au Burkina Faso.
Le Ministre nigérien des Affaires Etrangères, M. Hassoumi Massoudou a, aussi, donné de la voix sur la question. Il a affirmé que Wagner constitue une « menace » qui « doit être portée au niveau de la CEDEAO », tout en précisant qu’à « notre niveau, nous n’avons pas cette information. Mais je pense que c’est une information vraisemblable. Le Burkina est sur cette trajectoire apparemment d’après les informations que nous avons ».
Face au problème d’insécurité au Sahel et même d’ailleurs partout où le groupe de sécurité privé russe pose ses bagages, il n’a jamais été la solution.
D’après Hassoumi Massoudou, par exemple, « on voit très bien que l’intervention du Wagner au Mali, à part protéger la junte, n’a pas permis d’avoir de succès en matière de sécurité. La situation sécuritaire se dégrade et aujourd’hui, le vide qu’il y a depuis le départ des français est tout à fait inquiétant ».
Une menace qu’il faut à tout prix combattre d’après le chef de la diplomatie nigérienne. Il a fait savoir que « nous pensons que Wagner est une menace pour la stabilité de la zone ouest-africaine et aujourd’hui, nous devons considérer que cette menace doit être portée au niveau de la CEDEAO, pour qu’il y ait une position nette sur ces mercenaires dans notre espace ».
Est-ce parce que les autorités burkinabè n’ont jamais caché leur intention de diversifier leurs partenaires pour combattre le terrorisme qu’en Afrique de l’Ouest plus d’un les soupçonne d’avoir signé des accords avec Wagner ? Ou bien, est-ce ce voyage effectué tout récemment en Russie par leur Premier Ministre Apollinaire Kyelem qui provoque toutes ces inquiétudes ?
Ce qui est sûr, le gouvernement burkinabé a délivré un permis d’exploitation d’or dans le sud du pays à une société russe, Nordgold, mais celle-ci est présente depuis plus de dix ans au Burkina Faso où elle exploite deux mines déjà.
Bassirou Baki