Le mot d’ordre de grève, dénommé ‹‹ marché mort ›› du collectif des syndicats des commerçants et transitaires du Niger semble avoir été observé par endroit, notamment au grand marché de Niamey où plusieurs boutiques sont restées fermée toute la journée du jeudi 31 mars 2022. En dépit du protocole d’accord signé la veille entre le ministre du commerce M. Alkache Alhada d’une part et le collectif des trois syndicats (ADCMN, SYNAT, SCIEGN), d’autre part, les commerçants n’ont pas suivi cette suspension du mot d’ordre ‹‹ marché mort ››, survenu dans la nuit. Qu’est-ce qui cloche pour que les commerçants ne respectent point la suspension de grève ?
Boutiques, magasins et autres enclos sont restés fermés toute la journée du jeudi 31 mars 2022. De même que toutes les petites portes des différents quartiers du pourtour du grand marché de Niamey n’ont pas ouvert, exceptés les deux grandes portes par lesquelles déambulent quelques passants qu’on pourra compter du bout des doigts. Même l’ambiance n’est pas comme d’habitude, où il est souvent difficile de se frayer un passage ici et là.
Pour ceux qui connaissent l’ambiance et l’affluence quotidienne du grand marché, ils peuvent témoigner qu’il s’agit bel et bien d’un marché mort.
De l’avis de Ousmane Bako, vendeur de friperie aux abords du marché, il s’agit pour les commerçants d’exprimer leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement, par rapport à l’augmentation de la taxe, de la patente synthétique et du passavant, malgré la signature du protocole d’accord entre les deux parties. Plus loin, Saidou, vendeur de chaussures pense que les commerçants ont trouvé une bonne occasion pour fermer les boutiques et rester à la maison, en raison de la situation de mévente qui prévaut et de l’approche du mois de Ramadan.
Au marché Dollé, l’ambiance n’est pas la même comme au grand marché. Le marché bat son plein comme à son habitude. Quelques commerçants de petits étals interrogés pensent l’observation ou non du mot d’ordre de grève n’aura guère d’effet sur leurs chiffres d’affaires. ‹‹ Cette histoire de marché mort ne nous concerne pas, c’est plutôt les grossistes et ceux qui disposent les grandes boutiques. Rester à la maison ou ne pas rester, de toute façon, ça ne fait rien sur les achats. Car le problème c’est qu’on ne vend pas ››, s’est défendu Issaka. C’est dire que l’opération marché mort n’a pas connu de succès, à l’image du constat au grand marché de Niamey. ‹‹ Même ceux qui n’ont pas ouvert leurs boutiques dans la matinée, ont rouvert après avoir pris connaissance du protocole d’accord.
Il faut rappeler qu’au sujet des préoccupations soulevées par les trois syndicats, un terrain d’entente a été trouvé avec le gouvernement quant à la nécessité de poursuivre les dialogues, en vue de trouver solution au problème de la facture certifiée, du rehaussement des taxes professionnelles et de la patente synthétique, de même que celui du passavant.
Il faut dire que le mot d’ordre de marché mort de Niamey a été lancé par le collectif des syndicats des commerçants et transitaires du Niger. Il s’agit du Syndicat des Commerçants Importateurs et Exportateurs et Grossistes du Niger (SCIEGN), du Syndicat National des Agents de Transit (SYNAT) et de l’Association des Délégués des Commerçants des Marchés du Niger (ADCMN).
Au delà de ce constat sur le terrain, notamment au grand marché de Niamey, il importe de se demander ce qui n’a pas du tout marché, pour qu’on observe une telle discordance. S’agit-il d’un problème de déphasage entre les syndicalistes et leur base ? Ou bien le gouvernement a-t-il fauté en procédant seulement à la signature du protocole d’accord avec le collectif des syndicats des commerçants et des transitaires, tard à la veille du mot d’ordre, malgré le préavis de grève à lui adressé par le collectif des syndicats, depuis le 26 mars ? La question reste posée.
Koami Agbetiafa