Le hall du centre de conférence Mahatma Gandhi de Niamey a servi de cadre à une rencontre, ce samedi 19 mars 2022, entre le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou et les opérateurs économiques. A cette l’occasion, plusieurs mesures ont été rendues publiques par le Chef du gouvernement, en réponse à la flambée des prix des produits de première nécessité, afin d’alléger le panier de la ménagère.
La présente réunion fait suite à l’examen, par le gouvernement des différentes revendications et préoccupations exprimées par les opérateurs économiques, dans ce contexte de flambée des prix de première nécessité. L’objectif selon le Premier Ministre, est de présenter aux opérateurs économiques, les résultats des huit préoccupations majeures, à l’issue des rencontres techniques avec les ministères concernés. Mieux il s’agit d’impacter le panier de la ménagère, à travers la baisse des prix des produits de grande consommation.
C’est à juste titre que la rencontre a réuni tous les acteurs, à savoir les ministères concernés (commerce, finances, agriculture, élevage, transport …), la chambre du commerce et d’industrie du Niger, les opérateurs économiques, ainsi que les associations des consommateurs présentes pour la circonstance.
Face à l’assistance, SEM Ouhoumoudou Mahamadou a d’abord essayé de dresser le tableau du contexte actuel caractérisé par la dernière campagne agricole globalement déficitaire, avec un déficit de 40% de la production, l’insécurité entraînant des flux importants de déplacés et de réfugiés, l’impact de la Covid-19 sur l’économie et tout récemment, les conséquences de la guerre entre deux grands producteurs de céréales au monde que sont la Russie et l’Ukraine. Il a également ajouté à tout cela, les engagements que le Niger a pris avec la communauté internationale, de poursuivre les réformes, dans le cadre de l’UEMOA, la CEDEAO, ainsi que le FMI et les autres bailleurs de fonds.
Au total, huit préoccupations majeures ont été exprimées par les opérateurs économiques, lors de la dernière rencontre. Aussi peut-on noter, les préoccupations sur les marchandises en bateau qui sont en rade, au niveau du port de Cotonou au Bénin, la redevance sur les produits chimiques, les redevances sur les produits de l’élevage, les tracasseries sur les corridors routiers, le visa obligatoire des experts comptables sur les bilans, le montant de l’impôt synthétique en hausse par rapport aux années précédentes, la facture certifiée et les taxes douanières sur un certain nombre de produits de grande consommation.
Les mesures prises par le gouvernement
Sur la première préoccupation, le Premier Ministre a rassuré ses interlocuteurs, suite à des échanges avec les autorités béninoises, que les bateaux à destination du Niger, transportant des produits de première nécessité soient à quai et c’est actuellement le cas. ‹‹ Ces bateaux sont à quai en train de décharger. Certains produits sont en train d’être conduits sur le Niger ››.
S’agissant du 2è point portant sur les redevances sur les produits chimiques, cela est ramené à 3% contre 10% auparavant. Exception faite aux produits miniers, en raison des exigences de l’environnement.
Autres produits ayant fait l’objet d’une réduction significative, sont les produits de l’élevage dans une fourchette de 50 à 90%, selon le produit.
Pour ce qui est des contrôles routiers, le PM a annoncé ‹‹ une réduction drastique des contrôles ››, sur les différents axes. Également, l’obligation du visa comptable faisant partie des doléances des opérateurs économiques, a connu une suppression pour l’année en cours.
Le PM n’a pas passé sous silence, la doléance relative à l’impôt synthétique qui prend en compte les chiffres d’affaires inférieurs à 100 millions. Là-dessus, le Chef du gouvernement a indiqué qu’il n’y a pas eu de relèvement de l’impôt synthétique, toutefois, un comité paritaire composé des représentants du ministre des finances et des opérateurs économiques, pour étudier toute contestation de calcul de l’impôt.
Au sujet de la facture certifiée où d’ailleurs beaucoup de préoccupations ont été soulevées, à savoir, la concurrence déloyale entre ceux qui en sont assujettis et ceux qui ne le sont pas, les précomptes ISB, les contrôles inopinés auprès des détenteurs desdites machines certifiées, des mesures ont aussi été prises.
Ainsi, suite à l’examen des services techniques du ministère des finances, ‹‹ la facture certifiée va être progressivement élargie à presque tous les opérateurs ››, a fait savoir le PM.
Et sur le point des précomptes ISB, il a été annoncé aux opérateurs économiques que le ministre des finances étudie actuellement une formule d’incitation en faveur de ceux qui font le prélèvement à la source. Les contrôles fréquents vont aussi être revus, sauf pour des cas de soupçon de fraude et des opérateurs économiques ne disposant pas de facture certifiée.
Autre question et autre préoccupation des opérateurs économiques, les désarmements tarifaires. Là-dessus, le Premier Ministre a déclaré qu’une quelconque réduction d’impôts se traduira par un accroissement du déficit fiscal qui ne devait pas dépasser 6,5% du PIB.
Alléger le panier de la ménagère
Afin d’alléger le panier de la ménagère et bien avant l’entame du Ramadan dans le mois d’avril, SEM Ouhoumoudou Mahamadou a annoncé de façon concrète, concernant l’huile, une baisse des droits de 25%. Ce qui veut dire que sur un bidon de 25 litres d’huile, au lieu de 3380 FCFA de prélèvement, c’est plutôt 2551 FCFA à partir de maintenant.
La farine de blé a également bénéficié d’une baisse de 35% des droits, soit de 68 100 FCFA à 50 000 FCFA.
Enfin, il a été aussi annoncé une baisse de 17% des droits pour le sucre.
Des mesures sommes toutes significatives en prélude au mois du carême chez les fidèles musulmans et qui ont été saluées par le président de la Chambre du Commerce et d’Industrie du Niger ( CCIN), M. Moussa Sidi Mohamed.
De son côté, le représentant du MPCR, M. Moctar Taya Abdourahmane s’est également félicité de cette bonne nouvelle du Chef du gouvernement, prenant en compte toutes les doléances des opérateurs économiques et qui vont bénéficier aux consommateurs.
Il a, par ailleurs, exprimé le vœu de voir faire un suivi et un contrôle pour que les consommateurs puissent vraiment bénéficier de leur incidence sur les prix des produits.
La balle est désormais dans le camp des commerçants qui ne doivent pas céder à la tentation de spéculation inutile, sur le dos des consommateurs. Idem pour les agences de voyages à qui le PM invite à respecter leurs engagements vis-à-vis des pèlerins à la Mecque, durant le mois béni du Ramadan qui s’annonce.
Koami Agbetiafa