Pour cerner comment fonctionnent les minibus faba-faba à Niamey, il n’y a pas mieux qu’une petite randonnée à bord de ces minibus qui desservent les banlieues et les quartiers périphériques de la capitale. Que ce soit sur l’axe aéroport, Koira-Tégui ou encore Tondibia, les faba-faba se sont imposés dans le paysage du transport en commun dans la ville de Niamey.
Plus accessibles dans les quartiers éloignés que les taxis, les minibus « faba-faba » qui signifie « aider » en langue vernaculaire (Zarma), sont à la portée de toutes les bourses. C’est d’ailleurs ce qui fait sa particularité parmi les véhicules de transport en commun à Niamey.
Une plongée effectuée par notre équipe dans l’univers des faba-faba à travers ses principaux axes à Niamey a été époustouflante. Ce fut un moment de course, au rythme d’embarquement et de débarquement de passagers à chaque arrêt, le long de la voie.
En partance pour la maison, après une journée passée à l’école, Nadia, élève en classe de terminale D au Lycée Issa Korombé de Niamey, raconte qu’entre elle et les faba-faba, c’est plusieurs pages d’histoire qui sont écrites. Puisque c’est par les faba-faba qu’elle vient à l’école chaque matin. ‹‹ A l’aller, je dépense 200f, de Koira-Tégui au rond-point ENA et 100f pour retourner à la maison ››, a-t-elle confié. Toutefois, Nadia déplore les multiples arrêts, parfois intempestifs que font les faba-faba sur la route. « Des arrêts qui nous mettent le plus souvent en retard pour être à l’école à l’heure » se désole-t-elle.
Dans les minibus faba-faba, le rôle important que jouent les apprentis-chauffeurs ne passe pas inaperçu. Ils font presque le gros du boulot. Embarquer ou débarquer les passagers, les apprentis, généralement des jeunes gens, très décomplexés et apparemment très efficaces quand il s’agit de faire la conquête des clients le long du trajet, de collecter les sous (l’argent de la course) et de jouer surtout l’intermédiaire entre le chauffeur et les passagers, à chaque destination. Ce qui n’est d’ailleurs pas faux. Entre le chauffeur et l’apprenti, la communication passe également très bien. Il suffit que l’apprenti tapote sur la carrosserie du véhicule pour que le conducteur s’arrête net, soit pour embarquer un passager et le débarquer. Mais ces arrêts brusques et n’importe comment sur la chaussée sont souvent à l’origine des accidents de circulation provoqués par les faba-faba.
Concurrence entre faba-faba et taxis
Faut-il le souligner, sur les axes qu’empruntent les faba-faba, ces derniers mènent une rude concurrence aux taxis en termes de prix du service. Quelque soit la distance, le montant de la course à bord de faba-faba ne dépasse pas 200FFcfa. Un prix très abordable pour les petites bourses, comparé au prix de la course dans un taxi.
Omar, apprenti de son état depuis 6 mois, se projette comme futur chauffeur. « Je suis en train d’économiser ce que je gagne pour passer le code et avoir le permis de conduire », nous a-t-il confié.
Dans l’univers des faba-faba, le respect du code de la route par les conducteurs est un grand défi à relever. La majorité des conducteurs ne le respecte nullement, d’où la fréquence des accidents causés ou provoqués par la faute des conducteurs de ces minibus. Entre leur manière de conduire et ce qu’ils ont appris à l’auto-école, c’est le jour et la nuit.
Après une navette entre le rond-point ENA et Koira-Tégui, notre faba-faba a finalement chuté vers le grand marché où sans répit, il s’est remis en ligne pour reprendre le même trajet avec des nouveaux passagers. Difficile donc d’arracher deux ou trois mots du conducteur et de son apprenti. Il aurait fallu quelques civilités pour que le conducteur accepte de répondre à nos questions.
Interrogé sur le comportement peu courtois de certains conducteurs et le non respect du code de la route, notre interlocuteur répond : « Bien évidemment, il s’agit des comportements à risques, notamment les arrêts brusques et le non-respect du code de la route que l’on observe chez certains chauffeurs des faba-faba en pleine circulation ».
Mieux, a-t-il ajouté, « je reconnais en âme et conscience les indélicatesses de certains conducteurs de faba-faba dans l’excès de vitesse, la non-maitrise du code de la route mais aussi l’indiscipline dans la circulation ».
Au niveau de la ligne de l’aéroport, c’est un travail non-stop d’embarquement et de débarquement des passagers qui s’effectue.
Les syndicats interpellés
Pour en savoir un peu plus sur les nombreux reproches faits à l’endroit des faba-faba et de leurs conducteurs dans la circulation à Niamey, nous nous sommes approchés du syndicaliste et chef de la ligne aéroport, M. Harouna Issoufou, dit Serki. Celui-ci n’a pas daigné un seul instant couvrir le lot de manquements dont certains conducteurs font l’objet dans la circulation. Le non-respect du code de la route, l’excès de vitesse et les arrêts intempestifs au bord de la voie et qui causent parfois des accidents, sont les bévues auxquelles sont accusées les conducteurs.
Sur une voie aussi dense comme celle-là qui relie le Grand marché au quartier Aéroport (Voie Expresse), la question de la sécurité des passagers se pose avec acuité. À ce propos, Harouna Issoufou relève que « pas mal de passagers ont été victimes d’accidents ». A cela s’ajoute des vols, comme celui du téléphone portable, porte-monnaie et autres. Une situation qui, si rien n’est fait pour l’arrêter, pourrait ternir l’image des faba-faba et discréditer ces moyens de transport, pourtant très utiles pour les populations.
Après cette plongée dans le milieu de transport faba-faba, il est incontestable que les faba-faba sont d’une grande utilité en matière de transport en commun à Niamey. Le seul souci reste le comportement peu orthodoxe de certains conducteurs dans la circulation. Les syndicats sont donc interpellés pour parer au plus pressé afin d’y mettre de l’ordre.
Koami Agbetiafa