Le ministre Morou offre gracieusement à la justice de notre pays une nouvelle épée tout droit sortie des forges du gouvernement. Cette arme fatale est censée décapiter les gros parrains de la pègre étatique et leurs caporaux. Il faut reconnaitre que le justicier Morou en a assez de se taper le menu fretin, que constituent les petits larrons de bombonnes de gaz et autres broutilles. Morou veut désormais sur sa table de gros cétacés, ces requins qui dévorent à belles dents les deniers publics. Selon le ministre de la justice, les citoyens de notre pays dans leur écrasante majorité, ont l’amère impression que notre justice se focalise beaucoup plus sur de faméliques alevins en négligeant les requins. C’est pour corriger cette anomalie criarde que la nouvelle loi est élaborée. Cette loi adoptée par l’Assemblée Nationale ce 26 décembre 2014, permet la mise sur pied de juridictions spéciales à même de juger avec célérité les auteurs de crimes économiques. En plus de vingt ans de démocratie, seuls quelques deux dossiers concernant de gros gibiers ont été traités, selon Morou. Les rares cas où la justice farfouille dans ces dossiers hautement délicats, les pontes mis en cause cherchent par le biais de leurs avocats une liberté provisoire. En fait de justice, c’est plutôt une vive injustice. Car, les juridictions très surchargées, ne reviennent jamais sur les cas scandaleux de ces cambrioleurs nationaux, douillettement tapis sous le paratonnerre de la liberté provisoire. Autant parler de liberté tout court. Vue sous cet angle de justice sociale, d’équité entre les citoyens devant les tribunaux, la nouvelle loi est une sacrée révolution. Mais….
Si la création de pôles spéciaux pour juger en accéléré les crimes économiques est salutaire dans un pays comme le nôtre, certains observateurs y décèlent plutôt des épouvantes pour tenir à distance des adversaires politiques. En d’autres termes, une fine chasse aux sorcières. On évoque le sous-effectif des personnels de justice et ou leurs compétences à diriger valablement de telles juridictions. D’autres parlent du timing, qui serait très circonstanciel. Pourquoi maintenant la mise sur pied de ces juridictions alors qu’elles vont de paire avec la création de la HALCIA ? Bon, il ne jamais trop tard pour bien faire, dit-on. Quelle que soit la bonne foi qui guide le gouvernement dans la création de ces jurijuridictions, certains y détectent un relent de guet-apens vicieux visant quelques opposants (suivez mon regard). Pour souligner la justesse et l’opportunité de la nouvelle loi, le ministre Morou a fait une subtile allusion à l’emblématique cas de l’affaire dite MEBA. Frissons, frissons.
Sidi Ber