Généralement, dans les milieux d’affaires, on emploie souvent l’expression Haraka, lorsque l’on veut donner un caractère pas très catholique à une opération vénale, c’est-à-dire, vraisemblablement, on est prêt à transiger à la lisière entre le légal et l’illégal pour faire aboutir une affaire.
Dans les mœurs politiques nigériennes, le Haraka a eu droit de cité à l’occasion des élections législatives de 2011 au cours desquelles les listes de députation de plusieurs formations politiques avaient été invalidées par le Conseil Constitutionnel de Transition (CCT) pour non respect de certains aspects de la loi électorale. Cette situation avait fait, à l’époque, le malheur de certains partis politiques, tout comme elle avait fait le bonheur d’autres. Parmi les malheureux se trouvait la CDS Rahama dont la liste aux députations de la région de Zinder, son fief électoral traditionnel, avait été invalidé par le CCT.
Que fallait-il faire alors ?
Comme tous les grands partis étaient aussi out pour ces élections législatives à Zinder, la voie était alors libre pour faire du Haraka. Ainsi, Mahamane Ousmane, toujours lui, en bon adepte du Haraka, avait trouvé le moyen de faire contre mauvaise foi bonne fortune, en proposant, tout simplement, de mettre sur le marché ses électeurs zindérois en les mettant à la disposition du plus offrant. Bien sûr, vous vous imaginez que l’affaire a quelque chose de répugnant, d’amoral, mais que voulez-vous, on ne s’appelle pas Nafarko pour rien ! Il faut dire que la demande n’était pas à la hauteur de l’offre, car au sortir d’une transition d’une année, plus l’intermède du tazarché, les petits partis qui restaient n’avaient pas les moyens financiers pour répondre à la sollicitation mafieuse de notre Mahamane Ousmane National, excepté l’UDR Tabbat de Amadou Boubacar Cissé (ABC) ! C’est ainsi que ce dernier se rendit acquéreur et fit une OPA sur l’électorat de Mahamane Ousmane à Zinder.
Il faut dire que l’UDR s’en était pas mal sortie avec 05 députés à la clef ! Le prix à payer s’élèverait autour de 250 millions de nos francs, soit 50 millions par député élu pour cinq ans ! Si nous nous sommes permis cette petite digression, c’était pour mettre l’accent sur la propension du Haraka qui s’est installée, désormais, dans le paysage politique nigérien. Dans l’affaire qui nous occupe aujourd’hui, Mahamane Ousmane, par la force des choses, bébés importés obligent, n’est pas cette fois-ci en position de vendeur, mais bien en situation d’acheteur !
De quoi s’agit-il exactement ?
Dans notre livraison précédente, vous avez certainement souvenance des différents scénario élaborés par l’ARDR que nous avions passés en revue pour ne pas laisser la voie libre au candidat de la MRN en 2016. Dans ces cas de figure, il y avait le rapproche-ment entre le Lumana de Hama Amadou et Mahamane Ousmane pour l’élection présidentielle de 2016 auquel nous renvoyons nos lecteurs pour les détails. Mais grosso modo, nous pouvons dire qu’une aile du Lumana, »réaliste », aurait fait le deuil des ambitions présidentielles de Hama en 2016, estimant que ses déboires judiciaires actuels le condamneraient à moyen ou à long terme. Et comme personne au sein du Lumana ne peut porter la culotte du boss pour espérer combler, valablement, le vide dont la nature a horreur, ces »réalistes » auraient estimé qu’un deal avec Mahamane Ousmane permettrait de sauver les quelques meubles restants de la maison Lumana.
Bien évidemment, Mahamane Ousmane aurait été bien enchanté par cette inespérée proposition de porter les couleurs du Lumana FA, lui qui est aujourd’hui sans parti, et ce n’est pas un obscur COSMO (Comité de Soutien à Mahamane Ousmane) qui ferait l’affaire. Restait à connaitre la réponse du Fugitif par rapport à cette démarche initiée par certains de ses affidés. D’après les informations qui nous sont parvenues, le Fugitif ne serait pas aussi contre cette proposition, car désabusé et définitivement fixé sur son sort, il vaudrait mieux trouver une solution de rechange à sa situation actuelle : Mahamane Ousmane sous la bannière du Lumana si cela peut rapporter quelque chose ! Mais, puisqu’il y a un mais, que gagnerait-t-il en contrepartie de ce deal avec Ousmane, aurait été sa première question après mûre réflexion ? Comme il existe un barème chez Ousmane pour fixer le prix d’un député, à charge pour lui d’estimer combien valent, objectivement, les voix du Lumana dans une élection présidentielle ?
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Car Hama Amadou ne serait pas, visiblement, disposé à »céder » gratuitement les voix du Lumana, au regard du coût exorbitant de l’exil dans l’Hexagone, histoire de lui retourner sa propre logique vénale. L’autre inconnue de ce Haraka, c’est le côté radin de Mahamane pour payer le prix fort à son partenaire !
Quant à Hama Amadou, il devrait faire beaucoup attention avec un partenaire grippe sous car si jamais Nafarko ne payait pas rubis sur ongle, le Fugitif serait ainsi floué pour rien, puisque le Haraka ne pourrait jamais être porté devant la justice pour absence de cause ou pour cause d’immoralité ! Au fait, à votre avis, combien peut coûter les voix du Lumana sur un marché public ?
Affaire à suivre !
*Haraka signifie en langue haoussa affaire avec une connotation de business louche !
Zak (OPINIONS N° 265 DU 21 JUILLET 2015)