Le roi Salmane d’Arabie Saoudite est attendu ce week-end en visite privée sur la Riviera française, avec pas moins d’un millier de personnes dans son sillage, une aubaine pour le commerce local mais un désagrément pour les riverains, bientôt privés de plage.
L’avion de Salmane ben Abdelaziz Al Saoud devrait atterrir vendredi soir ou samedi matin à l’aéroport international de Nice (sud-est). Le prince gagnera ensuite pour les vacances sa propriété de Golfe-Juan, sur la commune de Vallauris, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
Alors que son prédécesseur, le roi Abdallah, qui a régné de 2005 jusqu’à sa mort début 2015, n’était jamais venu en villégiature sur la Côte d’Azur, Salmane renoue avec une tradition lancée par le roi Fahd. Ce dernier avait effectué des séjours réguliers à Golfe-Juan, depuis l’acquisition de la propriété en 1979 et jusqu’à sa mort en 2005.
Mais jamais le roi Fahd n’était venu avec une telle suite… Pas loin d’un millier de ressortissants saoudiens sont attendus cette année, pour au moins trois semaines de farniente au bord de la Méditerranée.
Pour héberger ce royal entourage, pas moins de 400 chambres ont été réservées par l’ambassade d’Arabie Saoudite dans les palaces de la Croisette, à Cannes, et une quarantaine d’autres au cap d’Antibes.
Les proches du roi auront quant à eux les honneurs de la villa de Golfe-Juan, immense propriété qui s’étire sur un kilomètre de littoral.
Tradition oblige, d’autres visiteurs saoudiens devraient suivre le roi pour ses vacances et se loger dans divers hôtels de la Riviera, faisant les affaires des hôteliers et commerçants locaux.
– ‘Marre de tout ce remue-ménage’ –
En dépit des promesses de juteuses retombées économiques pour la région, cette visite était vue d’un mauvais oeil par certains.
Afin d’assurer la sécurité du roi pendant ses vacances, les autorités françaises ont en effet décidé de bannir le public du littoral avoisinant la villa, privatisant de fait la plage adjacente. Toute navigation en mer, sur une bande de 300 mètres, sera également proscrite.
De nombreux policiers seront par ailleurs mobilisés pour surveiller en permanence plusieurs points névralgiques autour de la propriété, sans compter les patrouilles mobiles et les bateaux croisant en mer.
La fermeture du littoral et les travaux entrepris par les Saoudiens pour installer un ascenseur reliant la propriété à la plage, sans attendre l’autorisation préfectorale qui leur a finalement été accordée cette semaine, sont restés en travers de la gorge des élus locaux.
La maire de Vallauris, Michelle Salucki, a par deux fois fait interrompre ces travaux avant qu’ils ne soient autorisés. Et un élu de l’opposition, Jean-Noël Falcou, a lancé une pétition en ligne contre la «privatisation» de la plage publique de la Mirandole. Avec, en huit jours, près de 43.000 signatures recueillies.
«Nous rappelons que cette zone naturelle, comme tout domaine public maritime, est un bien commun inaliénable qui doit bénéficier à tous, habitants, touristes, français, étrangers, résidents ou de passage», affirme la pétition.
«Nous demandons à l’Etat de faire respecter le principe fondamental d’égalité des citoyens face à la loi», ajoute-t-elle avant de dénoncer «les passe-droits habituels dont bénéficient certaines personnes riches ou puissantes, au détriment des citoyens».
«On en a marre de tout ce remue-ménage», pestait une dame venue prendre son bain sur la plage, une petite crique de sable fin nichée sous les fenêtres de la villa royale. Avant de lâcher : «Qu’ils assurent leur sécurité, c’est normal, mais qu’ils nous laissent nous baigner!».