Le feuilleton du parti à la clé n’a pas connu son épilogue comme le pensent les observateurs de la scène politique nationale. En effet, le 04 janvier dernier, il a soufflé ses 24 bougies à deux endroits différents, sous deux signes différents avec des publics différents.
L’aile de Mahamane Ousmane, avec à ses côtés les leaders de l’ARDR et ses inconditionnels, était à la place Toumo tandis que celle de Abdou Labo se retrouvait au siège national du parti situé au quartier Zabarkan, dans la sobriété comme il l’a affirmé, c’està-dire avec seulement quelques militants et les membres du bureau politique national. Chacune des deux ailes a placé son événement sous des slogans différents. Pendant qu’Abdou Labo et ses camarades prônent le redressement et la redynamisation du parti, Mahamane Ousmane lance un appel à l’endroit des forces vives de la Nation à travers ce qu’il a appelé «l’appel du 04 janvier».
Une façon de dire à Abdou Labo et au régime de la renaissance qu’il est toujours sur le sentier de la guerre. Si pour Abdou Labo, c’est l’épilogue du feuilleton avec la tenue du 7ème congrès ordinaire du parti les 6 et 7 septembre 2014, Mahamane Ousmane ne l’entend pas de cette oreille. Il veut sa clé et pour cela, il est prêt à tout, même à semer le chaos dans tout le pays. Nafarko dévoile ainsi son plan B si l’option de la CEDEAO venait à tomber à l’eau. D’ après Nafarko luimême, «le jugement est attendu pour le 14 janvier 2015 à 8H30, au Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey et, au niveau international, à la Cour de Justice de la CEDEAO qui a enrôlé le dossier CDS-Rahama, pour le 19 février 2015 à 10 heures à Abuja, au Nigéria».
En tout cas, c’est le dernier recours avant le déclenchement des hostilités. L’espoir d’Ousmane repose donc sur l’organisation communautaire avec toutefois un œil et une oreille vers ses amis de l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République (ARDR). La situation à ce niveau risque d’être cocasse aussi, du moment où son principal soutient est en difficultés. Au niveau du MNSD-Nassara, le Président fait face à une fronde qui risque de l’emporter dans les prochains jours, surtout avec la tenue du congrès ordinaire des 29 et 30 novembre 2014.
Si jamais la Cour de Justice de la CEDEAO tranche en défaveur de Ousmane, c’est peut être la fin des haricots pour Nafarko, car il est fort à craindre que son appel du 04 janvier 2015 ne soit pas entendu par les forces vives de la Nation. Du moins il n’a pas été entendu par l’aile de Abdou Labo qui annonce sa rentrée politique pour le 31 janvier prochain. Lors de «sa» célébration du 24ème anniversaire du CDS, Mahamane Ousmane reproche au régime de la renaissance des griefs comme «le clanisme, le sectarisme, la culture de l’intolérance, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le pouvoir personnel, l’enrichissement illicite, la discrimination, la politisation à outrance de l’administration, doublées des multiples privations des libertés individuelles et collectives».
Pendant ce temps, Abdou Labo en faisant le bilan de son mandat à la tête du parti CDS soutient que «de la tenue du Congrès à nos jours, nous nous sommes attaqués à la réactivation et à la réorganisation de notre parti; aujourd’hui, toutes les cellules de base, toutes les délégations villageoises, communales, départementales et régionales du CDS Rahama sont renouvelées et mises en place. Il en est de même pour les associations des femmes et des jeunes de notre parti, ainsi que des commissions statutaires de travail». Ce qui signifie en clair qu’au moins cette partie du CDS ne sera pas de la partie pour les prochaines actions que tentera de mener Ousmane.
Comme nous l’avions dit plus haut, le MNSD-Nassara avait aussi deux têtes, celle de Albadé Abouba qui a rempli le Palais du 29 juillet les 29 et 30 novembre 2014 pour la tenue de son congrès et celle de Seïni Oumarou, avec ses assises du 30 novembre sur la route de Tillabéry. L’effritement du cadre devant servir «au printemps nigérien» risque d’aboutir à un non événement.
Bien que l’appel souligne clairement que «l’heure n’est plus au discours » et que la CDS appelle «la jeunesse, les associations féminines, les militantes et militants des partis membres de l’ARDR, les différentes organisations de la Société civile, les forces républicaines et démocratiques, afin de se mobiliser comme un seul homme pour rejoindre cet appel citoyen dont l’objectif essentiel est de combattre l’injustice, promouvoir et défendre l’Etat de droit, la démocratie et la République», il risque sans doute d’être un simple discours.
C’est un véritable bras de fer qui est engagé entre Ousmane et le régime de la renaissance dans les prochains mois. Mais attendons de voir !
Ibrahim Amadou