Le centre de conférence Mahamat Gandhi de Niamey a abrité ce mardi 28 septembre 2021, la cérémonie d’installation officielle du comité de pilotage de la mise en œuvre de la Politique Nationale de la Migration (PNM). La séance qui est présidée par le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation M. Alkache Alhada, en sa qualité de président dudit comité, a vu la participation de tous les acteurs concernés par la question migratoire au Niger.
Hormis le ministre de l’intérieur, la cérémonie d’installation du comité de pilotage de la mise en œuvre de la politique nationale de la migration (PNM) a vu également la participation du ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères Youssouf Mohamed Elmouctar, l’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Niger, SEM Hermann Nicolai, la Cheffe de la délégation de l’Union Européenne au Niger, SE Denisa Elena Ionete ainsi que le personnel de la coopération allemande GIZ/APM et les acteurs des différents ministères concernés par la question migratoire.
Le présent comité de pilotage de la mise en œuvre de la PNM qui vient d’être porté sur les fonts baptismaux, est l’instrument politique et technique qui va permettre d’implémenter la Politique Nationale de la Migration (PNM) adoptée par le gouvernement du Niger en Conseil des Ministres le 28 septembre 2020. Comme par coïncidence, l’installation du comité de pilotage de la mise en œuvre de ce document du phénomène migratoire, se déroule exactement un an après l’adoption de la PNM. Aussi le ministre de l’intérieur et de la décentralisation a-t-il exprimé ‹‹ toute l’appréciation du gouvernement du Niger, à l’endroit de la coopération technique de la République allemande pour avoir su accompagner efficacement et ce, de bout en bout, l’ensemble du processus d’élaboration de notre document de politique nationale de la migration ››.
La GIZ qui est l’agence allemande de coopération au Niger, à travers son programme APM (Appui-Conseil en matière de politique migratoire), a accompagné et soutenu le gouvernement dans l’élaboration et l’adoption de la PNM et son plan d’action quinquennal couvrant la période 2020-2021 pour sa mise en œuvre.
En tant que président du comité de pilotage, le ministre de l’intérieur et de la décentralisation M. Alkache Alhada a saisi l’occasion pour faire l’historique du processus ayant abouti à ce jour, à la mise en place dudit comité. Le comité de pilotage de la mise en œuvre de la politique migratoire est donc l’organe suprême et de prise de décision dans le cadre de la mise en œuvre de la PNM. Il est composé d’un président qui est le ministre de l’intérieur M. Alkache Alhada, deux vice-présidents que sont les ministres de la justice et des affaires étrangères ou leurs représentants, et de plusieurs membres parmi lesquels se trouvent un représentant de la présidence, un représentant du cabinet du Premier Ministre, deux représentants de la CNDH et d’autres institutions. Ajouter à ceux-là, des observateurs au nombre desquels se trouvent un de la GIZ, un de l’Union Européenne en plus d’autres organismes internationaux.
Le comité de pilotage de mise en œuvre de la PNM se réunit deux fois par an et est assisté d’un secrétariat permanent. Ledit comité travaille en trois différentes commissions qui sont également les trois axes autour de laquelle s’articule la PNM. Elles sont l’exploitation des potentialités et des opportunités économiques liées à la migration, la protection des migrants et communautés d’accueil et enfin la gestion du flux migratoire.
Le comité de pilotage qui vient d’être installé pour la mise en œuvre du document de la politique migratoire au Niger, a entre autres missions, d’impulser l’implémentation de cette PNM, tout en vérifiant la concordance entre les actions programmées et celles réalisées sur la base des résultats consignés dans les rapports de suivi et d’évaluation. Il est habileté à approuver les plans d’actions de la mise en œuvre de la PNM, y compris ceux des programmes et projets structurants ainsi que les outils de suivi, d’évaluation et de communication en suivant et en évaluant en même temps, l’évolution des actions et le niveau d’atteinte des résultats du plan d’action de la PNM et faire des recommandations en la matière.
Auparavant, prenant la parole, l’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Niger, SEM Hermann Nicolai, s’est réjoui de l’adoption par le Niger, d’un document politique sur la migration, dans une approche inclusive et participative. Le phénomène migratoire, a-t-il souligné, est devenu un élément structurant de relation entre le Niger et les pays sahéliens et les pays membres de l’Union Européenne ainsi que son pays l’Allemagne. Dans ce sens, celui-ci a réitéré l’engagement de l’Allemagne à travers son agence de coopération, la GIZ/APM, de continuer à accompagner le Niger face au phénomène migratoire et dans l’implémentation de la PNM.
Quant à la Cheffe de la délégation de l’UE au Niger mais également des partenaires techniques et financiers, dont l’institution a acquis un statut d’observateur au sein du comité de pilotage de la mise en œuvre de la PNM, Madame Denisa Elena Ionete, a aussi exprimé ‹‹ l’engagement commun de travailler pour la mise en œuvre de cette politique et de s’aligner derrière les priorités ››.
L’état actuel du phénomène migratoire au Niger
La migration est un phénomène qui touche le Niger de par sa position géographique. En effet, le pays est au centre de la question, car il est à la fois pays de départ, pays d’accueil et pays de transit avec tous les aspects néfastes tels que le trafic de drogue, le trafic illicite des migrants et la traite négrière. C’est pourquoi le pays a élaboré et adopté depuis le 28 septembre 2020, le document de la politique nationale de la migration (PNM), avec son plan d’action quinquennal qui s’étend sur cinq années, entre 2020-2025. Le document adopté en conseil des ministres, a pris en compte toutes les dimensions institutionnelle, économique, humanitaire, sécuritaire et économique de la question migratoire. Autant la gestion des flux migratoires, constitue un défi, autant la question mérite d’être abordée de façon holistique.
Selon le président du comité de pilotage, en la personne du ministre Alkache Alhada, depuis l’adoption de la PNM, il y a juste un an, on observe ‹‹ une baisse drastique du flux migratoire enregistré à Agadez.
Avec l’adoption de la loi sur la lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants, l’élaboration de la stratégie de la lutte contre la migration irrégulière, l’institution d’un cadre de concertation sur la migration, l’élaboration d’une stratégie nationale de sécurité intérieure et la création de nombreux postes frontaliers, toutes choses qui constituent des dispositifs juridique et technique qui, d’après le ministre de l’intérieur, ‹‹ sont couronnés de résultats probants ››.
Toutefois, M. Alkache Alhada évoque une nouvelle forme de migration différente de celles qui sont connues jusqu’ici, c’est-à-dire l’exode rural, la migration circulaire et les déplacements des populations au sein de la CEDEAO. Il s’agit ‹‹ de rapatriement depuis l’Algérie de milliers de migrants de différentes nationalités subsahariennes, y compris ceux n’ayant pas transité par le Niger pour leur entrée en Algérie ››, précise le ministre. Le sujet est d’ailleurs à l’ordre du jour d’une rencontre prochaine à Niamey, avec le ministre algérien des affaires étrangères, pour une solution commune avec ce pays frontalier.
À ceux-là sont venus s’ajouter les déplacements internes des personnes dans les régions de Diffa et de Tillabery.
Il est aussi noté à Agadez, ‹‹ des entrées des migrants et demandeurs d’asile lointains venant du Bangladesh, de la Syrie, la Palestine, en plus des Soudanais ››, a-t-il expliqué . C’est pourquoi l’installation du présent comité de pilotage de la mise en œuvre de la PNM s’avère être un outil pertinent pour une approche holistique de la question migratoire.
Là-dessus, le ministre annonce dans les jours à venir, l’organisation d’une table ronde de mobilisation de ressources en vue de l’implémentation de la PNM et son plan d’action.
Les trois axes du plan de mise en œuvre durant les cinq années (2020-2025), s’élèvent, selon le président dudit comité, à 262 847 780 000 francs CFA. C’est pourquoi celui-ci invite par la même occasion, les partenaires techniques et financiers à accompagner l’État du Niger à travers ce comité de pilotage aux fins de voir implémenté le plan d’action de la politique nationale de la migration.
Koami Agbetiafa