Après Diffa et Maradi, le Chef suprême des Armées, Mohamed Bazoum est allé, du 10 au 11 septembre derniers, à la rencontre des populations de la région du fleuve pour s’enquérir de plus près, de la situation d’insécurité qui prévaut dans cette partie du Niger. Le clou de cette sortie a été le rendez-vous avec les populations de l’Anzourou, dans la commune de Sarakoira.
La commune de Sarakoira, large de 1 723 km2 est habitée par 41 071 personnes, soit 5 732 ménages, selon le maire de cette localité, M. Halidou Zibo. C’est justement au siège de ladite commune que le Président la République a été accueilli en grande pompe par les habitants de l’Anzourou, venus nombreux à la rencontre du père de la Nation.
Dans leurs allocutions, tour à tour, le maire de Sarakoira, le porte-parole de la population, la représentante des femmes et le député de l’Anzourou ont décliné la situation inhérente à l’insécurité dans l’Anzourou et les attentes des populations. Ces préoccupations se résument au renforcement de la sécurité, la réouverture des écoles et les centres de santé, le maintien de l’interdiction des motos dans l’Anzourou et la sécurité alimentaire pour prévenir la mal nutrition des enfants et le risque de famine.
Notons que la demande expresse et insistante du maintien de l’interdiction de la circulation des motos par les populations de l’Anzourou a surpris tout le monde, y compris le Chef de l’Etat. C’est même un camouflet, un désaveu de la part de ceux qui, déconnectés de la réalité de la situation d’insécurité dans cette zone, ont voulu en faire une tempête dans un verre d’eau.
Sur la question de la circulation des motos, le Président Bazoum a directement répondu que dans l’Anzourou, cette mesure ne sera pas appliquée. Et il a promis qu’en dépit de l’arrêté du gouverneur du 23 août dernier, l’autorisation de la circulation des motos sera à la carte.
L’adresse du Président de la République aux populations de l’Anzourou
Après avoir écouté attentivement les populations de l’Anzourou, éprouvées par le terrorisme, Mohamed Bazoum a pris la parole à Sarakoira, le samedi 11 Septembre dernier, en ces termes : «Vous êtes un symbole de la résilience au terrorisme. La meilleure façon de vous prouver notre solidarité est de vous rencontrer ici même sur vos terres».
Et le Chef de l’Etat d’ajouter : « Je suis venu par conséquent vous exprimer la solidarité de tous les nigériens, vous apporter le soutien de l’État, vous dire que nous avons conscience de la situation spéciale, très difficile que vous vivez et la meilleure façon de le témoigner, c’est de venir ici même à Sarakoira, vous rencontrer, vous écouter et améliorer ce que nous avons fait…», a martelé le Président de la République.
Pour le Chef de l’Etat, il s’agit de faire en sorte que la situation se normalise. « Nous sommes dans un contexte qui n’affecte pas que l’Anzourou, vous le savez. En vérité, si l’Anzourou a des problèmes, c’est parce que Inatès a des problèmes. C’est par là que ces terroristes s’introduisent pour faire ce qu’ils sont en train de faire », a expliqué le Chef suprême des Armées.
Il a de ce fait promis aux populations de l’Anzourou, des actions musclées pour fermer la porte aux terroristes. « Ceux que nous avons identifié ici et nous allons chercher et châtier sont des malades, ils ont un comportement pathologique, ils sont assoiffés de sang. Ce sont des gens que Dieu a maudit mais nous allons les chercher et nous allons mettre fin à leurs actions, incha Allah », a renchéri Mohamed Bazoum.
Le Président Bazoum face à la presse
Juste après le meeting de Sarakoira, le Président Bazoum a animé une conférence de presse pour faire le point de sa visite dans la région du fleuve. Il a donné des réponses pertinentes aux questions des confrères autour de l’insécurité dans la région de Tillabery et le barrage de Kandadji.
Face aux journalistes, le Chef de l’Etat a expliqué comment le gouvernement a pris la décision de la levée de l’interdiction de la circulation des motos dans cette région. Selon lui, cette mesure a des avantages et des inconvénients par endroits. « C’est pourquoi, elle sera mise en œuvre à la carte, c’est-à-dire à la demande des populations, selon leur contexte » a déclaré le Président de la République.
Il a en outre expliqué le paradoxe de Banibangou qui a formulé la demande d’autorisation de circulation des motos en dépit qu’elle soit une des localités la plus affectée par le terrorisme à la différence de l’Anzourou qui demande le maintien de l’interdiction.
A la question de savoir si le gouvernement n’avait pas cédé à la pression de l’opinion publique, le Président Bazoum a rétorqué : « Nous sommes un régime d’extraction démocratique, notre vocation est de faire ce que le peuple nous demande pour son bien-être. Il y a une demande très forte de la population de Tillabery pour que cette mesure soit revue… ».
De façon générale, le Président Bazoum entend couper le mal à la racine en ce sens qu’il envisage de façon inédite, d’engager des moyens conséquents pour mettre les terroristes hors d’état de nuire. C’est dire que le Président Bazoum voudrait créer un rapport de force à Tillabery comme à Diffa pour permettre aux populations de vaquer normalement à leurs occupations. Le Chef de l’Etat a dit prendre son temps pour ne pas venir à Tillabéry sans créer un rapport de force favorable. Et son message à l’endroit des soldats de la zone de défense N°1 est très clair lorsqu’il a déclaré : « Vous avez été vaillants, vous avez répondu à toutes les sollicitudes, nous avons eu de belles victoires que vous avez écrites avec votre sang. La dernière en date, c’était à Zaroumdareye, cette bataille est une fierté pour notre armée, c’est une fierté pour notre pays… ».
Cette intervention du Chef de l’Etat se veut un appel on ne peut plus motivant aux FDS pour rééditer cet exploit, renouer avec les bonnes pratiques du combat contre l’ennemi.
S’agissant du barrage de Kandadji, le Président Bazoum a rassuré les Nigériens que les chantiers de ce projet augurent de bonnes perspectives et dans les semaines à venir, on va s’attendre à des avancées significatives.
En ce qui concerne la pomme de discorde, à savoir le dédommagement des populations déguerpies de leurs terres, le Président de la République a renseigné l’opinion que la Banque mondiale a accordé au Niger un prêt de 32 milliards de Fcfa. « Tous les financements en amont sont réglés », selon le Chef de l’Etat.
En substance, il n’y a pas de malédiction sur le projet Kandadji et même s’il y en avait une, « elle est totalement réglée », a rassuré le Président de la République, Mohamed Bazoum.
Elh. M. Souleymane