Le cerveau présumé de la tentative du coup d’Etat manqué du 31 mars dernier, le capitaine Sani Gourouza, officier en service à la Base aérienne 101 de Niamey a été mis aux arrêts la semaine écoulée, par les services de sécurité béninois. Sous le coup d’un mandat de recherche internationale lancé par les autorités nigériennes, le capitaine Gourouza a été déniché au Bénin voisin. Il a ensuite été extradé au Niger et remis aux services compétents autorités. Les arrestations se poursuivent dont celle de deux colonels. Les chefs putschistes seraient déposés à la prison de haute sécurité de Koutoukalé et certains coauteurs et complices à la prison civile de Niamey , apprend-on.
L’Etat du Niger reproche au capitaine Sani Gourouza d’avoir tenté, dans la nuit du 30 au 31 mars dernier, de s’emparer du pouvoir, au moment où le pays s’apprête à connaitre sa première transition. A la suite de cet événement, une enquête judiciaire a été ouverte pour connaitre toute la vérité autour de ce quatrième coup de force manqué contre le régime d’Issoufou Mahamadou.
« En dix ans, nous avons dû faire face à quatre tentatives de coup d’Etat dont la dernière, en date, est intervenue dans la nuit du 30 au 31 Mars 2021, il y a à peine 48 heures », a souligné le président de la République sortant, Issoufou Mahamadou, dans son message à la Nation du 1er Avril 2021. Une conspiration qui intervint dans un contexte politique tendu où l’opposition contestait l’élection du nouveau président de la République, Mohamed Bazoum.
Une grosse prise qui fera avancée l’enquête
L’arrestation du capitaine Sani Gourouza, le cerveau présumé du putsch manqué du 31 mars dernier constitue en elle seule, une grosse avancée dans la suite de l’enquête ouverte sur ce coup d’Etat manqué. Son audition par les services compétents en charge de l’enquête permettra sans aucun doute de confondre tous ceux qui ont pris le risque de s’aventurier dans cette entreprise de démolition des institutions républicaines.
De cette enquête, les nigériens auront à connaitre aussi les motifs pour lesquels ces aventureux ont tenté de mettre entre parenthèses l’ordre constitutionnel normal à seulement 48 heures de passage de témoin d’un président démocratiquement élu à un autre, consacrant ainsi la toute première alternance démocratique au Niger. D’où la grosse panique dans le rang des comploteurs de cette conspiration déjouée par la garde présidentielle qui a promptement repoussée l’assaut des putschistes.
Ce jour-là, les ennemis de la démocratie, à bord de trois véhicules, sous les ordres, indique-t-on, du capitaine Sani Gourouza, ont voulu s’accaparer du pouvoir. Pour quel intérêt ? Seule l’enquête ouverte aura à le prouver. Bien que ceux qui ont donné l’assaut pour prendre le palais présidentiel soient tous des militaires, il n’en demeure pas moins que ces derniers ont des complices parmi les civils.
En effet, il est connu dans l’histoire des coups d’Etat au Niger que les militaires n’agissaient pas seuls. Dans la plupart des cas, ils étaient en complicité avec des acteurs civils qu’ils soient acteurs politiques ou hommes d’affaires. Aujourd’hui, c’est tout ce beau monde (Ndlr : présumés complices) qui craignent après l’arrestation du capitaine Sani Gourouza et consorts, que leur identité soit révélée aux enquêteurs. Si la culpabilité de toutes les personnes interpellées dans le cadre de l’enquête en cours sur cet événement venait à être établie, alors, toutes y subiront la rigueur de la loi qui, en pareille circonstance, se révèle être très intransigeante.
« Une farce », selon l’opposition
Pour rappel, à l’annonce par le gouvernement de cette tentative de coup d’Etat déjouée, la coalition de l’opposition nigérienne, regroupée au sein de la Cap 20-21/FRC/ACC et Alliés a, dans un communiqué de presse en date du 1er avril 2021, rejeté la thèse d’un coup d’Etat, telle qu’annoncé par les autorités nationales.
« L’examen des faits tels que relatés par le gouvernement lui-même, laisse apparaître plusieurs aberrations », a-t-elle indiqué dans son communiqué. Pour l’opposition, « il ne s’agit que d’une simple mise en scène orchestrée par le pouvoir en place pour intimider le peuple dans son engagement à sauver sa victoire issue des urnes ».
Mieux, l’opposition qualifiait en son temps cette tentative de coup d’Etat d’une situation créée par le pouvoir en place pour « se servir de prétextes et opérer des arrestations dans les rangs de ses leaders et autres militants et exercer une pression sur les forces vives de la Nation, décidées à restaurer la démocratie et le président élu, Mahamane Ousmane dans ses fonctions ».
Bref, la coalition Cap 20-21 considérait cette tentative de coup d’Etat comme une « farce organisée par le pouvoir d’Issoufou Mahamadou à court d’arguments face à la victoire du peuple qu’il tente d’usurper », avant d’exiger que toute la lumière soit faite sur cette affaire par la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.
L’arrestation du cerveau de cette conspiration résonne comme un camouflet pour l’opposition et tous les nihilistes qui n’ont vu que la thèse du complot. Autant dire que l’heure est à peur panique dans le rang des comploteurs en ce sens que tout finira par se savoir.
Oumar Issoufa
Niger Inter Hebdo N°19