Coalition CAP 20-21 a rendu public un communiqué le 31 mars 2021 dans lequel elle dit avoir suivi avec une attention particulière le communiqué du Gouvernement annonçant l’échec d’un coup d’Etat tenté par des éléments de l’armée. Elle conforte sa posture contre les trois autres tentatives de putsch avortées en dépit du fait que certains putschistes sont en train de purger leurs peines après la sentence du tribunal militaire.
Dans cette sortie médiatique, elle considère le putsch avorté de simulacre qui « relève d’une méthode digne des temps immémoriaux où un dictateur organise un semblant de révolution de palais pour redorer son blason et espérer ainsi s’attirer la sympathie d’une population qui l’a massivement vomi ».
Le communiqué de la CAP 20-21 survient juste après celui rendu public par le Gouvernement dans les heures qui ont suivi cette action d’un autre âge. A surtout considérer la précipitation avec laquelle l’opposition coalisée s’est prononcée sur cette affaire, l’on est en droit de se poser des questions.
En effet, le coup d’Etat manqué a eu lieu la nuit du 31 mars 2021 alors que la section de Niamey de la CAP 20-21 projetait d’organiser une ‘’marche pacifique’’ à la même date, mais, le jour.
Simple coïncidence ou hasard de calendrier ? se demande-t-on à Niamey. N’y a-t-il pas là un lien de cause à effet ? rien n’est moins sûr. A supposer que cette tentative de putsch ait été couronnée de succès, la ville de Niamey, considérée à tort ou à raison de fief de l’opposition, allait être un lieu de toutes les chienlits. Malheur à ceux qui sont du pouvoir et à certains de leurs proches comme en témoignent les émeutes du 23 février 2021 !
De toutes les façons, le coup d’Etat ayant échoué, l’opposition politique s’engouffre dans le déni et le considère comme ‘’une farce’’ du Président Issoufou « en manque d’arguments face à la victoire du peuple qu’il tente d’usurper ».
La Cap 20-21 dans posture de mauvais perdant
Ces considérations de la CAP 20-21 exposent sa posture de mauvais perdant face au vainqueur de la dernière élection présidentielle, Mohamed Bazoum. Rappelons qu’au sortir de l’élection du 21 février 2021, Mahamane Ousmane que soutient la Coalition des partis de l’opposition s’est autoproclamé Président élu de la République alors même que les résultats globaux provisoires proclamés par la CENI le donnaient perdant avec 44,25% de suffrages exprimés valables contre 55,75% pour Mohamed Bazoum.
Ces résultats ont d’ailleurs été confirmés par la Cour Constitutionnelle en donnant comme vainqueur de l’élection, le candidat du PNDS Tarayya avec 55,66%. N’empêche à Mahamane Ousmane et la CAP 20-21 de les contester tout en revendiquant la victoire. Ils demandent, d’ailleurs, aux populations de sortir et de marcher dès le 30 mars 2021 dans les rues de toutes les villes du Niger. C’est en réponse à cet appel du candidat du RDR Tchandji que la section régionale de la CAP 20-21 de Niamey a annoncé la sortie de ses militants dans les rues de la Capitale un jour plus tard, c’est-à dire le 31 mars 2021. Et c’est ce jour choisi par ladite section qui a coïncidé avec la tentative tout à fait nocturne de remise en cause des institutions de la République.
En effet, c’est le 31 mars 2021, à 3 heures du matin, que des éléments de la Base Aérienne 101, sise à Niamey, s’en sont pris par un feu nourri au Palais présidentiel. Malheureusement pour eux, la riposte des éléments de la Garde présidentielle ne s’est pas fait attendre. Un déluge de feu s’est alors abattu sur eux, les mettant en déroute et beaucoup, dans la foulée, se furent arrêtés.
Le cerveau de cette action ignoble, un certain Capitaine Gourouza, s’est, très tôt, défilé, en prenant ses jambes à son coup avec quelques-uns de ses compagnons d’infortune. Une tentative de coup d’Etat venait par là-même d’être déjouée. Une énième tentative qui a failli remettre les pendules de notre processus démocratique au stade zéro.
Elle est intervenue alors même qu’un Président élu allait remettre le relai à un autre Président élu deux jours plus tard. En effet, c’est ce 2 avril 2021 que Mohamed Bazoum, déclaré élu par la Cour Constitutionnelle avec un score de 55,66% contre Mahamane Ousmane qui n’a récolté que 44,34% de suffrages exprimés valables, a été installé dans ses prérogatives de Président de la République.
Il a remplacé à ce poste suprême de l’Etat Issoufou Mahamadou qui, aussi, est arrivé au pouvoir par des élections. Chose inédite dans l’histoire du Niger qui a failli sombrer irrémédiablement à l’eau à cause de quelques illuminés qui, peut-être, ont organisé leur tentative sous l’effet de substances psychotropes.
Heureusement pour le Niger que tous les pays du monde admirent. En effet, notre pays, contrairement à beaucoup d’autres en Afrique où des Chefs d’Etat s’incrustent au pouvoir pendant des décennies, vient de connaitre sa première alternance démocratique pacifique après deux mandats présidentiels.
La CAP 20-21, au lieu de condamner la tentative de coup d’Etat, s’attaque aux institutions de la République et se plaint de sa marche avortée. Ce qui ne surprend guère puisque c’est une logique qui lui est propre, celle de s’en prendre au régime du Président Issoufou même quand le pays est endeuillé par une attaque terroriste sanglante. Elle ne condamne jamais tous ceux qui s’en prennent à l’Etat et à ses institutions bien qu’elle aspire à le diriger un jour. Drôle d’opposition se moque des fondamentaux de la politique.
Bassirou Baki Edir
Niger Inter Hebdo N°15