Le mardi 15 décembre 2020, Salou Djibo, en sa qualité d’ancien chef d’État a invité le leader de l’opposition Cap 20-21 et ses collègues à honorer de leur présence parmi ses ‘’invités de marque’’ à la cérémonie pour un message qu’il doit adresser aux Nigériens à Bravia Hôtel. En période électorale, Salou Djibo, président de PJP Doubara a préféré s’adresser en tant qu’ancien chef d’Etat pour un message politicien. Il a réussi à réunir tous les opportunistes autour de lui dans l’espoir de tirer une rente politique.
Le maitre de cérémonie a bien voulu décliné la présence des ‘’invités de marque » du général Salou Djibo. Il s’agit des candidats à l’élection présidentielle et d’autres opposants en perte de vitesse.
Parmi les candidats, on peut citer Albadé Abouba, Amadou Boubacar Cissé, Djibril Baré, Ibrahim Gado, Habibou Kadaouré et bien d’autres parmi ces plaisantins qui pensent que diriger un pays est synonyme de sinécure.
Il y a également Amadou Djibo dit Max et Soumana Sanda, les représentants de Seini Oumarou et aussi d’autres leaders de partis empêchés.
L’ordre du jour de cette rencontre se résume à la déclaration du général Salou Djibo que les invités notamment les autres candidats pourraient apprécier après sa lecture.
C’est ainsi que la parole a été donnée au Général pour livrer ce message dont l’annonce suppose qu’il se mette dans sa robe d’ancien chef d’État au lieu de président du PJP Doubara.
C’est sur un ton martial que le général a rendu son message, qui porte essentiellement sur la nationalité de Mohamed Bazoum, un débat déjà pris en charge par l’opposition depuis belle lurette. En substance, Salou Djibo a annoncé qu’il entend déposer sa propre requête à la Cour constitutionnelle pour clarifier la nationalité d’origine de Bazoum. Il demande également au Président de la République de convoquer le Conseil de la République parce qu’il estime qu’il y a péril en la demeure.
À en croire le général Salou Djibo, ‘’force est de constater que si nous ne prenons garde, on tend vers des lendemains incertains’’. Salou Djibo accuse le président Issoufou d’avoir la ‘’volonté manifeste d’imposer aux Nigériens un candidat voire un président de la République ». En cela, le général estime qu’il y a menace à la stabilité du pays.
C’est pourquoi, à bien lire entre les lignes, Salou Djibo fait de la clarification de la nationalité de Bazoum par la Cour constitutionnelle un préalable à la poursuite du processus électoral.
Et on l’aura compris, tant que la Cour n’invalide pas la candidature de Bazoum, le droit n’est pas dit. C’est du moins la compréhension qu’on pourrait avoir de sa posture et de celle de tous ces comploteurs qui oublient que nous sommes à moins de deux semaines des élections présidentielles.
Une sortie inopportune et tardive
Plus d’un observateur se demande pourquoi Salou a attendu le lendemain des élections locales pour sa sortie du trou. Pourquoi il n’a pas eu le courage de se prononcer sur ce débat entretenu depuis un an par l’opposition politique ?
Pourquoi, en tant qu’ancien chef d’État, le général Salou Djibo voudrait dicter à la Cour constitutionnelle sa lecture à lui du droit ?
Hier seulement, apprend-on, un groupe d’autres candidats a déposé une requête visant l’invalidation de la candidature de Bazoum. Le moins qu’on puisse dire est que le candidat du PNDS est victime d’un harcèlement inédit de la part de ses adversaires.
Dans ce sens, la sortie de Salou Djibo n’apporte pas de valeur ajoutée à l’opposition, puisque celle-ci a déjà pris la question en charge, par une série de plaintes à n’en pas finir.
La seule valeur ajoutée attendue de lui, c’est comme Tchanga, son statut de putschiste qui s’opposerait à ceux qui sont considérés à tort et à raison comme ses amis au pouvoir. Il a réussi ce coup, de façon impulsive. Le général est sorti de sa zone de confort pour basculer dans l’incertitude et le chaos.
La valeur ajoutée du message de Salou Djibo, c’est aussi apporter de l’eau au moulin des tenants des antivaleurs, ces antis républicains qui ne comprennent pas qu’ils entachent la démocratie nigérienne en glissant dans un débat honteux.
Et Salou Djibo est conscient de cela en livrant son message. ‘’Qu’on me comprenne bien, mon propos ne vise ni un groupe, ni un individu. Le Niger est un pays de brassage ethnique’’, a-t-il martelé de façon démagogique.
Comment convaincre les Nigériens que vous êtes sincère en apportant de l’eau à un débat sur fond tribaliste, raciste et en porte-à-faux avec l’unité nationale ? Non Salou Djibo, les Nigériens ne sont pas dupes ! Le complot ourdi à l’encontre du PNDS et son candidat est bien compris. Dans une République, il y a des débats tabous et le vôtre l’est vraiment dans son fond comme dans sa forme.
Et c’est en lisant la déclaration de l’Alliance pour la République (APR) de Seini Oumarou qu’on comprend l’ampleur du complot savamment concocté et planifié. Dans sa déclaration, Seini Oumarou, comme Salou Gobi, est allé très vite en besogne en parlant de transition démocratique.
Seini Oumarou a bel et bien envoyé un représentant à la déclaration du général Salou Djibo et par conséquent il sait en amont ce qui se trame.
À la vérité, les tendances des élections locales confortent les uns et les autres, sur le tard, vers une coalition ‘’tout sauf Bazoum’’. Ce qui constitue une peine perdue à moins de deux semaines de la tenue des élections présidentielles.
Ce que feignent d’ignorer les candidats à l’élection présidentielle, la Cour constitutionnelle ne saurait se dédire. Elle va se prononcer mais tant que vos requêtes ne comportent pas de nouveaux éléments, elles seront rejetées par la Cour. Qui plus qu’un juriste lucide comme Dr Adamou Issoufou pour le dire : « Pour peu qu’on respecte l’institution juridictionnelle et à moins qu’il y’ait des faits nouveaux, l’on ne peut raisonnablement lui demander de juger deux fois les mêmes faits ou de se dédire. Dans ce dossier et à moins de présenter des faits nouveaux susceptibles de modifier son appréciation des faits, toute nouvelle saisine des requérants subira le même sort que les précédentes car la Cour constitutionnelle ne saurait se dédire à la suite de l’arrêt qu’elle a déjà rendu. Cet arrêt a clairement dit qu’aucune intention frauduleuse ne peut lui être reprochée. Elle a même surabondamment ajouté que les anomalies incriminées incombant à l’administration ne peuvent lui être imputables. »
En un mot comme en mille, les pourfendeurs de Bazoum jouent au dilatoire. Un autre juriste avait conseillé à l’opposition et aux pécheurs en eaux troubles de faire une coalition pour battre Bazoum dans les urnes. La prétention de voir la candidature de Bazoum invalidée ne saurait prospérer. Elle est improbable voire impossible à l’étape actuelle du déroulement du processus électoral.
Un compatriote, Saleck Rousseini, pour ne pas le nommer, a fait ce commentaire sur facebook : « Je pense que l’opposition va continuer à saisir la Cour Constitutionnelle tant que Bazoum Mohamed est en vie et même après sa mort. Mais, à quel prix ? Que Salou Djibo ait déposé une demande à la CC ou qu’il saisisse le Conseil de la République, il n’y a pas de problème tant que c’est conforme à la loi fondamentale et textes y afférents. Je pense que Salou Djibo est en train de s’embourber sans le savoir dans le piège de ses camarades de circonstance. Les stratégies regressistes ne font que commencer. Mais, la réalité est tout autre. »
Autant dire que, comme le Général Moumouni Boureima alias Tchanga, le général 4 étoiles Salou Djibo…a raté une belle occasion de se taire.
Tiemago Bizo