Le samedi 19 septembre 2020, deux Congrès parallèles ont eu lieu au nom du parti Lumana FA à Dosso. Le Congrès des partisans de Hama Amadou s’est tenu dans la salle de réunion du gouvernorat et celui de Noma Oumarou, président par intérim sortant à l’hôtel Toubal. A l’issue des deux Congrès Hama Amadou a été investi candidat du parti Lumana FA et de l’autre côté Noma Oumarou est passé Président du parti avec plein pouvoir au bureau politique de désigné le candidat à la présidentielle au nom du même Lumana FA. Retour ce bis repetita qui enfonce le Lumana dans la confusion totale au moment où il est censé être en ordre de bataille électorale.
Du bis repetita…
En 2019, le même parti avait organisé deux Congrès parallèles annulés par le ministère de l’intérieur pour non-conformité aux textes dudit parti. Un véritable imbroglio judiciaire qui a fini par avoir raison de Hama Amadou lorsqu’à la demande de Noma Oumarou, le juge constata la déchéance de Hama Amadou à la suite de sa condamnation dans l’affaire des bébés importés.
Hama Amadou étant déclaré inapte à diriger un parti politique et sommé de ne plus engager ce parti, c’est naturellement Noma Oumarou en tant que président par intérim devient de fait président du parti jusqu’au prochain Congrès.
La bataille judiciaire a été rude entre les camarades devenus désormais adversaires. Noma Oumarou était en passe d’organiser le 3ème Congrès à Dosso lorsqu’un juge de référé lui intima l’ordre de suspendre jusqu’à l’issue du jugement de fond.
Le président par intérim a fini par gagné ce procès au tribunal de grande instance hors classe de Niamey faisant de lui seul maître à bord. Entretemps, Noma Oumarou avait suspendu une centaine de militants pour non-respect des textes du parti ou indiscipline caractérisée.
Le 24 aout dernier, les frondeurs avaient ourdi un complot tendant à éjecté Noma Oumarou en se dotant d’un président par intérim acquis à leur cause. Très alerte, Noma Oumarou a immédiatement convoqué la conférence nationale et le 3ème Congrès pour le 19 septembre à Dosso. Il leur avait rappelé à travers une lettre qu’il reste et demeure le président par intérim jusqu’au prochain Congrès du parti.
A cet intervalle, Hama Amadou engage Lumana FA dans la nouvelle coalition 2021 avec la signature du Sécrétaire général, Maman Sani Malam sans aviser Noma Oumarou alias le détenteur de la légalité.
A la guerre comme à la guerre, Noma Oumarou a dit que la signature du SG Maman Sani est nulle et n’engage pas Lumana FA dans la Cap 20-21. Not only that, Noma Oumarou a suspendu le Secrétaire général du parti ce qui explique la convocation de la conférence nationale vendredi dernier par le SGA Abdoulrahamane Seydou.
Coup de théâtre, le vendredi 18 septembre justement la veille du Congrès de Dosso, la Cour d’appel confirme le référé autorisant le Bureau politique de Lumana a convoqué les assises du parti.
Immédiatement, dans un jeu de course contre la montre, Abdoulramane Seydou convoqua la conférence nationale qui a nommé un nouveau président par intérim en la personne de Aminou Mamani Matameye de la Section de Zinder. Le samedi 19 septembre l’aile des frondeurs d’hier requinquée fait cap sur Dosso pour la tenue du 3ème Congrès de Dosso curieusement convoqué par Noma Oumarou.
Ce dernier maintient également son Congrès en mettant en avant le fait d’être également dans son bon droit d’organiser son Congrès autorisé par la justice après un jugement de fond de cette affaire qui l’a opposé à ses adversaires à la différence d’un référé, soutiennent les partisans de Noma Oumarou. Un véritable imbroglio judiciaire qui s’annonce de plus belle au moment où le temps est compté pour les partis politiques dans la préparation des élections générales.
Le défi de la candidature à la candidature relevé par Hama Amadou
Le serment fait par Hama Amadou et le parti Lumana FA est comme qui dirait, plus ou moins relevé. Hama Amadou avait fait le pari d’être candidat à l’élection présidentielle de 2021 en précisant que tout celui va l’empêcher sera lui-même empêché. Le parti Lumana a corroboré cette posture en faisant le serment de faire de Hama Amadou son candidat, contre vents et marées, à l’élection présidentielle de 2020-2021.
C’est sans surprise que le 3ème Congrès de l’aile Soumana Sanda et consorts a investi Hama Amadou candidat du parti à la présidentielle avec le bonus de ‘’personnalité morale’’ du parti.
Arrivé vers 15h à l’aéroport de Niamey venant de Cotonou, Hama Amadou s’est transporté avec ses alliés de la Cap 20-21 à Dosso pour célébrer l’évènement. C’était un véritable moment de liesse avec ses partisans très mobilisés à Dosso.
En prenant la parole, c’est sans surprise qu’il s’est adonné à ce qu’il sait faire le plus à savoir un discours sur fond d’antivaleurs. S’exprimant en langues nationales, les Nigériens n’ont pas besoin d’un dessin pour comprendre l’appel anti républicain d’un homme qui n’a pas appris les leçons de l’Histoire.
On peut comprendre que Hama Amadou joue son baroud d’honneur, ce combat que l’on sait perdu d’avance mais que l’on mène pour défendre une cause à laquelle on croit fermement. Il est comme qui dirait dans son bon droit politiquement parlant.
Mais de là à vouloir mettre le Niger ‘’upside down’’, chercher à créer la chienlit par tous les moyens pour une cause perdue, il y a des limites à ne pas franchir. Ce n’est pas une posture républicaine de violer la loi et faire croire aux citoyens que vous êtes au-dessus de celle-ci. Même les partisans de Hama Amadou ont publiquement dit prendre acte de la déchéance de celui qu’ils l’ont investi comme candidat à la présidentielle.
C’est dire que si ses ouailles sont prêtes au ‘’suicide collectif’’ dans la tentative de faire de Hama Amadou président de la République, il n’est pas évident que même les autres leaders de Cap 20-21 sont enclins à franchir le Rubicon. Bien au contraire, ces leaders sont conscients du fait que Hama Amadou est un véritable outsider pour la prochaine présidentielle.
Du coup, leur sympathie ne vise rien autre chose que de courtiser la base électorale de l’enfant de Youri. Le fait que les Mahamane Ousmane et les populistes Tchiana et Ibrahim Yacoubou s’activent dans la préparation des échéances électorales tout en étant sympathiques à l’égard de Hama Amadou relève du pur calcul politicien. Et on le comprendra bientôt.
Lumana FA dans une nuit noire…
Il est désormais établi que le vrai responsable de la crise de Lumana est bel et bien Hama Amadou. Le SG Maman Sani l’a dit à travers un audio WhatsaApp dans lequel il disait que Hama ne devrait pas prendre position en faveur d’un camp entre les deux ailes adverses.
Son mauvais leadership à consister à souffler le chaud et le froid. Et aujourd’hui ce parti est au bord du naufrage avec la désertion des grands ténors du parti qui ne se retrouvent pas dans la confusion actuelle.
De proche en proche, Lumana FA, la 2ème force politique se réduit comme peau de chagrin à un gâchis politique du fait de la boulimie de son désormais ex président. En effet, dans ce match entre légalité et légitimité à Lumana, deux camps réclament la direction de ce parti. Le camp de Noma Oumarou et celui de Soumana Sanda. Tous les deux camps ont convoqué un congrès que le Ministère de tutelle a rejeté. Chose curieuse, auparavant, ces deux camps persistent à maintenir chacun de son côté, le choix de Hama Amadou comme leur candidat aux prochaines élections présidentielles.
Il est, pourtant, assez difficile voire impossible dans les conditions actuelles pour Hama Amadou de voir sa candidature entérinée par la Cour Constitutionnelle au vue de sa condamnation à un an de prison ferme, condamnation qu’il a écopée suite à l’affaire des bébés importés du Nigéria. Cette posture initiale des deux camps du Moden Fa Lumana Africa peut disqualifier ce parti, s’il ne prend garde, aux prochains scrutins.
Mais avec la nouvelle donne tout dépend du Congrès qui sera validé. Si le Congrès des partisans de Hama est reconnu par le ministère de l’intérieur alors the next level pour la candidature de Hama Amadou, c’est l’épreuve à la Cour constitutionnelle. Un véritable marché de dupes pour ces parieurs qui refusent de regarder la réalité en face.
Au cas où c’est le Congrès de Noma Oumarou qui est retenu alors Lumana devient définitivement sous la responsabilité de celui-ci comme la CDS avec Abdou Labo en temps.
Autant dire que le Lumana s’enfonce dans une nuit noire où tout est possible. La responsabilité incombe à Hama Amadou qui s’est comporté sur toute la ligne comme un gourou d’une secte qu’un chef d’une association démocratique en l’occurrence un parti politique. Et le propre des sectes, c’est le suicide collectif !
Tiemago Bizo