Après le putsch du 18 août au Mali, la posture de la CEDEAO était très radicale. Les chefs d’Etats de la Communauté entendaient même rétablir Ie Président Ibrahim Boubacar Keita dans ses fonctions. Sauf qu’au moment où se tenait ce Sommet extraordinaire, la France a fait parvenir aux chancelleries des pays francophones de la CEDEAO cette correspondance à travers laquelle elle indique sans ambiguïté sa position et la conduite à tenir sur la situation qui prévaut au Mali. Cette note prouve à suffisance comment la France a torpillé la position de la CEDEAO sur le Mali. Lisez plutôt le texte ci-dessous expédié aux chefs d’Etats de son pré carré par voie diplomatique au moment où se tenait le Sommet extraordinaire de la CEDEAO du 20 août sur le Mali.
« Je vous communique par ce message la position de la France concernant la crise malienne et son souhait d’une convergence de vues à ce propos lors du Sommet extraordinaire de la CEDEAO ce 20 août :
– La France a condamné de la manière la plus ferme, dès le 18 août, la mutinerie qui a conduit à l’arrestation du président Ibrahim Boubacar Keïta et des plus hautes autorités maliennes, et soutenu résolument la position de la CEDEAO (cf. notre premier communiqué du 18 août).
– La France continue de soutenir les efforts de la CEDEAO et de la région, qui sont fondamentaux en vue de la sortie de crise.
– Après les événements de la nuit du 18 au 19 août, et l’annonce de la démission du président Keïta et de son gouvernement ainsi que la dissolution de l’Assemblée nationale, il semble inéluctable qu’une transition soit mise en place. Cette analyse est partagée par de nombreux partenaires internationaux, ainsi que l’a illustré la réunion du Conseil de sécurité qui s’est tenue hier. Cette transition, qui devra être conduite par des civils, a vocation à être supervisée par la région et à déboucher rapidement sur des élections en vue du rétablissement d’institutions démocratiques. C’est le sens de notre second communiqué daté du 19 août (ci-joint). Ce communiqué renouvelle entre outre notre soutien aux efforts de la CEDEAO, notre appel à la libération immédiate des personnalités retenues prisonnières, et notre attachement à la souveraineté et la démocratie malienne.
– Il nous semblerait irréaliste désormais, au regard de l’état d’esprit de la population et des forces politiques et sociales maliennes, d’insister sur le retour en fonction du président IBK. Cela ne pourrait qu’aboutir à une situation de blocage durable, nourrir l’instabilité au Mali, et obérer la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger et les efforts maliens, régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme. Une situation de blocage d’instabilité prolongée au Mali ne pourrait que faire le jeu des terroristes.
– Nous invitons donc la CEDEAO, lors de son Sommet d’aujourd’hui, à envisager la mise en place d’une transition selon les paramètres ci-dessus, et à prendre en compte, dans les mesures qu’elle pourrait décider en réaction à l’atteinte à l’ordre constitutionnel au Mali, la nécessité de permettre la continuité des opérations internationales en soutien à la sécurité du peuple malien et la lutte contre le terrorisme.
Je vous saurais gré de bien vouloir en faire part au cours du Sommet extraordinaire auquel vous participez en ce moment tout en étant sincèrement désolé de cette communication tardive. »
La Rédaction