Décidément l’extrémisme violent ne cesse de sévir sur les paisibles populations riveraines aux foyers d’insécurité au Niger. Terroristes ou bandits de grands chemins ? Ce qui se passe dans le département de Filingué dépasse l’entendement. Les populations se demandent pourquoi tant de laxisme de la part des autorités face à cette escalade de la violence où des individus sans foi ni loi rançonnent impunément les gens s’ils ne les tuent pas pour leurs biens ? Ce qui s’est passé cette semaine dans le village de Rounfou à Filingué est un témoignage éloquent.
Tahirou kadadé est l’Imam du village de Rounfou. Blessé par balle, il séjourne à l’Hôpital national de Niamey (HNN). Son village a eu la visite des terroristes qui étaient venus juste pour tuer, sans autre forme de procès, le chef du village et l’Imam. Dans leur folie meurtrière, ce jour-là, à Rounfou, ils ne veulent rien entendre. Ils sont venus tuer ces deux leaders du village.
Après avoir assassiné le chef du village, ils ont demandé d’être conduits de force au domicile de l’Imam. C’est ainsi que ce dernier a reçu une balle au dos et l’ont laissé pour mort avant de quitter tranquillement les lieux après avoir passé les habitants à tabac.
« J’ai eu ma vie sauve par la grâce de Dieu car mes bourreaux ont pensé que j’ai rendu l’âme », nous a confié Imam Tahirou Kadadé de son lit d’hôpital. Sa femme et son fils à son chevet sont unanimes : ces gens étaient venus juste pour les tuer.
« C’est 18 personnes venues sur 9 motos. Ils ont refusé notre offre d’argent ou d’autres biens en nature », nous renseigne son épouse visiblement très marquée par ce qui arrivé à son mari. Aux dernières nouvelles, les habitants accompagnés de ceux des villages environnants ont vidé le village pour Tougounous village et Filingué pour se sécuriser, nous ont confié ces interlocuteurs éprouvés. Grâce aux soins qu’il a bénéficié à l’HNN, sa vie est hors danger.
Des villages littéralement rançonnés en toute impunité…
« J’étais au village ce week-end. 17 villages ont été rançonnés entre 500 000 à un million de nos francs par village dans la commune de Chikal. Je dois préciser que tout le département d’Abala a également payé cette dîme aux bandits armés », nous a confié ce natif du département de Filingué.
« Leur mode opératoire consiste à venir tenir une réunion avec le chef du village et la population. Le rendez-vous est pris sur le jour de la remise de la dîme », nous a-a t-il confié. Et d’ajouter, ce qui est révoltant c’est que cette mauvaise pratique dure sans que l’Etat n’arrive à trouver une solution.
C’est ainsi qu’après Téra, Abala c’est désormais le département de Filingué qui subit ces pratiques d’un autre âge. N’est-ce pas un moyen efficace pour ces bandits armés de se procurer armes et tout ce qui peut conforter leur puissance dans la Région ?
A la question de savoir quelle est l’identité des ravisseurs, les ressortissants de Abala et Filingué contactés sont unanimes : ce sont des individus d’une communauté bien déterminée pour la plus part connus qui sèment la chienlit dans cette contrée. Ils peuvent avoir des complicités de leurs parents du Mali ou du Nigeria, mais nos sources sont catégoriques quant à l’idée des semeurs de troubles dans cette région Nord-Ouest du pays.
Des cadres de la région, très remontés, se demandent comment dans un Etat moderne peut-on admettre de telles pratiques malgré nos moyens de communication très modernes ? Ils n’arrivent pas à comprendre comment convaincre les populations de l’existence de l’Etat alors que ces abus perdurent des mois durant.
La femme de l’Imam Tahirou Kadadé nous a dit justement que leur village a connu cette situation où après une descente ces hommes demandent le nombre d’animaux du village pour prélever la zakat. Et d’ailleurs, c’est une semaine après avoir emporté 46 vaches du village qu’ils sont revenus assassiner le chef du village et l’Imam, nous a-t-elle confié.
Au moment où les populations font face à la campagne agricole, il y a lieu de s’intéresser sérieusement à cette question. Selon certaines sources, la Zone a été investie par les FDS pour ramener la quiétude. Toutefois, la manœuvre continue de plus belle dans tous les villages de la partie Est du Département de Filingué après avoir écumé tous les villages du Département de Abala. Nous osons espérer que le récent séjour du ministre de la défense dans cette zone servira à une prise de conscience pour mettre définitivement un terme à cette situation et permettre la reprise des travaux champêtres en toute quiétude.
Elh. M. Souleymane