Le Conseil national de dialogue politique (CNDP) a tenu sa session de travail hier 12 juin 2020 au palais des Congrès. La majorité (MRN et APR) et les partis politiques non-affiliés étaient informés sur l’état des lieux du Covid-19 au Niger et le processus électoral. Sur 143 partis politiques légalement reconnus, 123 étaient présents à la session d’hier. De 16h30 à 23h, d’importants échanges ont eu lieu sur les questions à l’ordre du jour avec des propositions pour améliorer et surmonter les obstacles tant sur la pandémie à coronavirus que le processus électoral.
A propos du processus électoral, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Me Issaka Souna a, d’emblée, informé les participants que les opérations d’enrôlement pour l’élaboration du fichier électoral biométrique sont terminées sur l’ensemble du territoire. La CENI est à la phase du contentieux à savoir l’affichage et vérification des listes. Ces opérations sont terminées ou presque à Agadez, Tahoua et Dosso. Elles vont se poursuivre dans les autres régions.
La CENI a procédé en divisant le pays en deux zones et chaque zone en régions puis chaque région en aires. La première zone comprend Agadez, Dosso, Tahoua et Tillabéry et la seconde Diffa, Maradi, Niamey et Zinder.
La CENI dispose de 7500 agents, 3000 kits PC, 500 tablettes, 8 VSAT, 14 imprimantes de grandes capacités de tirage, 8 serveurs pour chaque région, 156 bus et mini bus, des voitures 4X4, 154 véhicules réquisitionnés, etc pour abattre le travail qui a été présenté hier aux acteurs politiques. La CENI a dénombré 18644 centres d’enrôlement et de vote (CEV) sur l’ensemble du territoire national. L’enrôlement proprement dit a commencé du 14 octobre 2019 au 7 juin 2019, a précisé le président de la CENI.
Doute autour des élections locales et le vote de la diaspora
Le défi sécuritaire et le covid-19 ont eu des impacts certains sur le déroulement de l’enrôlement. Et si l’on n’y prend, le retard pourrait impacter le chronogramme de la CENI avec pour conséquences le report des élections locales et la non-participation des nigériens de la diaspora. Les élections locales sont prévues pour le 1er novembre 2020. Le président de la CENI a exprimé son inquiétude sur le risque de ne pouvoir pas respecter ce délai. S’agissant de l’enrôlement de la diaspora, à cause du covid-19 les frontières des pays restent et demeurent encore fermées. C’est pourquoi, selon Me Issaka Souna, ‘’il est impossible d’organiser l’enrôlement de la 9ème région. C’est un problème juridique car les membres de la diaspora pourraient ne pas voter et leurs représentants à l’Assemblée nationale ne pas être votés’’. Face à cette force majeure, selon Me Issaka Souna, le Premier ministre a saisi la Cour constitutionnelle pour savoir quelle attitude adoptée car ‘’la force majeure fait droit devant le juge’’, a martelé, en juriste, Me Issaka Souna.
Les débats ont justement achoppé sur ces deux questions. Pour certains, il faut absolument tenir les élections locales même s’il faut les jumeler aux élections présidentielles. Tout comme d’autres insistent sur la nécessité de voir comment faire participer la diaspora pour une question d’équité et de respect du code électoral.
74, 09% de Nigériens enrôlés
Le président de la CENI a donné par région le nombre de Nigériens enrôlés. Il a donné en même temps les prévisions du dénombrement de l’Institut national de la statistique (INS) et le nombre de personnes effectivement enrôlées. Sur une prévision totale de 9 751 662 de Nigériens qui devraient être enrôlés, la CENI a enrôlé au total 7 224 506 soit 74,09%.
Au cours des débats, beaucoup d’intervenants ont estimé que la CENI peut mieux faire même si pour les experts en matière électorale ce chiffre de 74% est un record pour un fichier biométrique au plan mondial.
Le président de la CENI a précisé par ailleurs que tous les partis politiques y compris ceux de l’opposition sont présents et ont activement participés aux travaux au sein des commissions administratives (CA) de la CENI.
Que retenir de cette session du CNDP ?
Une autre question qui s’est invitée au débat, c’est la participation de l’Opposition aux élections. A ce sujet, Me Issaka Souna a dit avec euphémisme qu’ailleurs les partis politiques qui ne participent pas aux élections pourraient être suspendus pour une certaine période. Une façon de dire que l’opposition a intérêt a participé aux élections. Me Souna a renseigné la session sur son initiative personnelle à l’endroit de tous les partis politiques pour qu’ils participent au processus électoral avec une CENI indépendante et aussi et surtout avec un instrument rationnel qu’est le fichier biométrique. Malgré le black-out ou disons le refus de l’opposition d’adhérer à son au processus, le président de la CENI réitère à l’opposition que sa place est disponible au sein de son institution.
Le Premier ministre, président du CNDP a été aussi très clair à propos de la politique de la chaise vide de l’opposition : « On ne peut pas réveiller quelqu’un qui ne dort pas », a déclaré Brigi Rafini. Et d’ajouter ‘’Notre main reste tendue jusqu’à la fin mais nous sommes tenus d’organiser les élections libres dans les délais, un processus ouvert à tous les partis. Nous avons tout fait dans le cadre de la recherche du dialogue. C’est le droit de l’opposition de ne pas participer. Nous souhaitons qu’ils viennent prendre leur place à la CENI et au CNDP’’. D’autres intervenants ont rappelé les efforts de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) sabordés par l’opposition qui a résolument fait le choix de la politique de la chaise vide. En substance, sur la tenue des élections, le président du CNDP a rassuré l’opinion publique pour rien au monde le gouvernement ne saurait déroger aux délais constitutionnels. En dehors des élections locales et le doute sur le vote de la diaspora, le président de la CENI a estimé le processus électoral pourrait être mené à bon port.
A propos du financement, le président de la CENI a rassuré que les choses se passent normalement en ce sens que l’Etat et les partenaires techniques et financiers s’assument. Il a donné avec détails les estimations des différentes opérations et ce que l’Etat du Niger et ses partenaires ont déjà fait comme efforts.
Tout en félicitant la CENI pour le travail abattu, les participants ont recommandé que le fichier soit amélioré dans la mesure du possible et de revoir comment il est possible d’enrôler les Nigériens de la diaspora.
EMS