La polémique qui agite l’opinion nationale ces dernières semaines a trait à un audit en cours au niveau du Ministère de la Défense Nationale. Cet audit conduit par l’inspection générale de l’armée et de la gendarmerie à la demande expresse du Président de la République s’inscrit dans la volonté du chef de l’Etat, chef suprême des armées à repenser notre dispositif sécuritaire afin de le rendre plus efficace. Cet audit est donc la suite logique des initiatives prises par le Président de la République très interpellé par les très lourdes défaites que nos forces ont subies en quelques semaines seulement à Inatès et à Chinagoder. A Cet égard, on se souvient du réaménagement qu’il a apporté au sommet de la chaîne du commandement militaire.
Relativement à l’audit, le Président Issoufou qui sait ce que l’Etat investit dans l’équipement et la formation des forces semblait ne pas comprendre qu’est ce qui pourrait expliquer les lourdes pertes que nous subissons. En proie certainement au doute sur l’utilisation efficiente de ces ressources, il a décidé de mieux savoir pour mieux comprendre ; après tout, la nécessité de revoir les choses engendre la nécessité d’abord de comprendre le problème lui-même. On comprend alors que l’audit voulu et décidé par le Président n’est pas un acte isolé et que ce faisant il a vocation à aller jusqu’au bout. Le but étant d’identifier les causes de nos faiblesses de défense pour garantir la sécurité de tous, partout et pour toujours. Il ne peut alors ne pas déboucher sur des éventuelles sanctions si d’aventure, il serait définitivement établi que certains qui avaient en charge la gestion de ces ressources ont évidemment commis des fautes dans leur utilisation.
Le problème, s’il en est vraiment un, est que nous sommes en démocratie ; une démocratie républicaine qui consacre l’Etat de droit. Or ce dernier a bien ses exigences et justement l’Etat de droit veut que tout se passe conformément à la loi. La loi quant à elle reste la loi, bonne ou mauvaise, elle est la loi. Dans sa mise en œuvre, elle ne s’accommode d’aucune forme d’émotion. Et c’est la loi qui a prévu qu’un audit reste au départ du domaine de l’administratif. C’est encore la loi qui a prévu que ces premières conclusions soient soumises au principe du contradictoire avant qu’elles deviennent définitives. Et c’est la loi en plus qui a prévu que le gouvernement qui n’est pas la justice ( séparation des pouvoirs oblige) peut prendre des mesures conservatoires pour infliger des sanctions administratives aux fonctionnaires suspectés d’indélicatesse et sommer les fournisseurs supposés commettre le délit de surfacturation de rembourser les montants mis en cause en attendant la décision du juge . A Ce niveau, le législateur semble croire qu’il est préférable de remettre l’Etat dans ses droits que d’envoyer en prison les indélicats, Mais une fois encore, il revient seulement au juge, le moment venu, de décider conformément à la loi.
Alors, pourquoi tant d’agitations dans le pays ? Pourquoi, on continue à faire comme si cet audit a été décidé ailleurs et non par le Président de la République ? Il dire au passage à ceux qui aiment ressasser que cet audit est l’émanation de la seule volonté du ministre de la défense actuel, que le Président de la République reste tout de même le Président de la République et qu’un citoyen, soit-il Katambé, ne pouvait lui imposer d’agir contre sa volonté. A supposer que Katambé aurait posé cette exigence pour accepter d’être nommé à la Défense, le Président avait tout loisir de ne pas accéder à cette condition, quitte à renoncer à nommer Katambé à la défense ; et personne n’aurait rien su ! Dans la foulée, le parti présidentiel qu’on présentait comme obstacle à la manifestation de la vérité a rendu publique sa position par rapport à l’affaire. Le PNDS, dans une déclaration rendue publique le 3 mars courant a clairement apporté son soutien à la démarche du Président de la République de conduire cet audit. Mieux le PNDS a exhorté le Président Issoufou à aller jusqu’au bout de la démarche et d’étendre sa volonté d’assainir à l’ensemble des pans de notre administration. Dès lors, les choses doivent être claires qu’il n’y a ni chez le Président de la République ni chez ses partisans aucune intention d’entraver la poursuite normale de cet audit. Il faut juste comprendre que les choses doivent suivre leur cours normal et à chaque chose son temps. A L’évidence et à l’étape actuelle des choses, on ne peut juste pas faire mieux que ce qui est en train d’être fait par le gouvernement.
Qu’on se comprenne bien, nul ne s’oppose à ce que les citoyens expriment leur exigence de justice. Mais le débat doit être mené sur le terrain de la démocratie c’est-à-dire en ne perdant jamais de vue l’exigence de rester dans le cadre de la loi. Le débat en cours, lorsqu’il reste dans le cadre de la loi reste un débat positif et nécessaire à la volonté légitime de redynamiser notre cadre d’expression démocratique. C’est dire que les différentes déclarations qui jaillissent de part et d’autres sont d’une normalité démocratique incontestable.
Sauf que de l’expression d’une exigence légitime de justice à la volonté de faire des conclusions provisoires de cet audit une opportunité rarissime pour en découdre avec un régime qu’on avait passé huit années sans répit à vouloir déstabiliser, il n’y a qu’une très fine ligne que les adeptes du chaos n’ont pas hésité à franchir. En effet, comme sortis d’un profond cauchemar, ils se réveillent avec une rare excitation se disant avoir enfin trouvé la manche qu’ils ont mis huit ans à chercher sans succès. La question est sensible se disent-ils et elle est à cet égard bonne pour entretenir la flamme populiste nécessaire à la manœuvre. Cette fois-ci, c’est bien la bonne ; le cocktail est explosif ; les ingrédients d’une dévastatrice déflagration sont réunis. Très tôt, les champions de la diversion appellent à des manifestations de la rue et aussitôt les différents bataillons se mettent en mouvement multipliant déclarations et communiqués, tous envahissant les médias et organisant des réunions tous azimuts. L’idée serait, comme l’avait écrit un de leurs, de « faire de la journée du 15 mars une journée historique à partir de laquelle plus rien ne sera comme avant ». C’est très clair !
C’est très clair en effet qu’ils n’ont rien à foutre de la mort de nos soldats tombés sous les balles des terroristes ; d’ailleurs, ils s’en réjouiront comme toujours s’il peut en avoir plus. De même qu’ils n’ont rien à foutre de la volonté ou non du Président de la République à assainir. Sûrement parce qu’ils sont conscients qu’ils ne sont ni aussi propres ni intègres ni sérieux et d’ailleurs moins. Ce qu’ils veulent c’est la chute de ce régime qui a commis le crime abominable de par ses multiples et gigantesques réalisations, de montrer aux nigériens que pendant des décennies les gens les ont dirigés sans rien leur construire. Et parce que le Président de la République et son gouvernement ont réussi à transformer radicalement le Niger, alors le Président doit payer le crime d’avoir montré aux nigériens que ce pays aurait pu être depuis longtemps dans la voie de son développement si seulement et seulement si ceux qui l’avaient dirigé avant avaient pu faire ne serait-ce qu’un petit minimum de ce qui il a pu réaliser en huit ans. En se mettant au service de son pays comme il l’avait toujours promis et voulu, le Président Issoufou commettait à leurs yeux une faute lourde, celle d’avoir montré et démontré aux nigériens que ce pays est un formidable pays pour peu qu’on le gouverne autrement.
Et comme toujours, la date est fixée de façon fétichiste sans doute en se rappelant des événements de 15 mars 1976 ; parlant de ces événements, il faut croire définitivement que leurs féticheurs sont aussi nuls qu’eux car en effet sur le plan symbolique les événements du 15 mars 1976 ne pourront qu’être prémonitoires de ce que sera leur échec le 15 mars 2020. Il faut bien qu’ils se disent pour de bon, l’aspiration du peuple nigérien à la démocratie est irréversible. Et avec le Président Issoufou, le peuple a totalement intérêt à choisir souverainement ses dirigeants. Et c’est pourquoi, à seulement dix mois des élections générales, les nigériens ne s’embarqueront dans aucune aventure hasardeuse.
Alhassane Mohamed
Activiste Web Contributeur